3 erreurs que j'ai faites en créant Turnadon
Hello à toutes et à tous,
Pour commencer par me présenter, et pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Yassine, un des deux fondateurs d'une startup qui propose aux marques d'être visibles en vidéo dans des lieux stratégiques et très fréquentés des grandes villes.
Pour vous donner du contexte, c'est en 2016 que l'idée de Turnadon me vient, les premiers formats en vidéo font leur apparition sur le web (pas de réels Instagram et encore moins de TikTok à l'époque) et des études sur l'impact de l'affichage digital dans les pays anglo saxons sont déjà très présentes.
La vidéo attire l'attention (4X plus qu'une affiche), se mémorise très bien et divertit.
À cela s'ajoute une particularité française qui en fait une excellente opportunité : les commerçants indépendants des grandes villes sont très bien situés et font partie intégrante de notre quotidien, boulangerie, pâtisserie, brasserie, institut de beauté.
D'une pierre deux coups : utiliser des réseaux de commerces audités préalablement (gage de qualité) qui souhaite s'équiper d'affichage dynamique pour utiliser également ses supports pour nos partenaires diffuseurs.
On se débarrasse ainsi de lourds appels d'offres pour aller vers un déploiement plus souple et moins contraignant aussi : hors de question de transformer une ville en TimeSquare, mais plutôt suivre la demande avec un concept un peu plus solidaire.
Je suis à l'époque en poste en tant que consultant IT, diplômé d'une école d'ingénieur dans des entreprises comme SFR, BNP Paribas ou encore Air Liquide, et je prends plusieurs mois pour comprendre l'industrie, interroger des responsables / directeurs Marketing et commencer à prendre la température auprès de fournisseurs et de commerçants.
Aujourd'hui, et après de nombreuses itérations, de bons et de plus mauvais moves, on commence à sortir notre épingle du jeu avec une offre plus claire et on espère terminer l'année rentable.
Afin de partager la connaissance et l'information, dans cet article retour d'expérience, j'aborderai 3 erreurs que j'ai faites les premières années et comment les éviter.
Abordons une première erreur à éviter :
1. se lancer sur un nouveau secteur d'activité ET changer de métier en même temps
Lorsqu'on lance une boîte, on a envie de challenge, de péripéties, d'actions et de liberté. On souhaite aller sur quelque chose de nouveau à conquérir, mais cette démarche peut parfois s’apparenter à naviguer en eaux inconnues.
Nul ne peut anticiper avec précision l'avenir, on commence tous d'une page blanche, mais certaines peuvent être plus ardu que d'autres, explication🙂
Dans ma quête pour digitaliser l'affichage et le rendre plus mainstream, sous-estimer la complexité de changer simultanément de métier et d'industrie s'est avéré être un défi qui aurait pu se révéler fatal. Ce double changement, bien que stimulant, doit être pris avec considération par chacun d'entre nous.
Je dirais même qu'il y a plusieurs façons de catégoriser les changements que vous pouvez faire dans votre carrière et il faut les identifier rapidement.
4 cas de figures 👇
1. Facile, je dirais abordable : changer d'industrie tout en conservant son métier
Les avantages sont nombreux, mais il y a une continuité du métier qui assure une fondation solide de compétences et d'expériences. Cela offre une certaine sécurité et confiance dans la transition. Il faut néanmoins découvrir et s'adapter à un nouveau secteur d'activité, une industrie avec ses codes et ses spécialités sectorielles. Cela peut être un peu déroutant, mais on garde le même job.
Exemple : prenons l'exemple d'un développeur informatique qui quitte le secteur bancaire pour aller vers le secteur du prêt-à-porter. Ses compétences resteront là mais il devra s'adapter à une nouvelle industrie avec ses acteurs, ses leaders, sa façon de penser.
2. Un peu moins facile : changer de métier dans la même industrie
Lorsqu’on change d'industrie tout en conservant son métier, le processus peut être assimilé à apprendre les règles d'un nouveau jeu en utilisant des compétences déjà maîtrisées. En revanche, rester dans son industrie et changer de métier implique de réécrire son histoire professionnelle tout en restant dans un décor familier.
La familiarité avec l'industrie peut faciliter la transition, permettant une meilleure compréhension du contexte et des enjeux, mais on apprend un nouveau métier et le risque que ça ne nous plaise pas est ici plus important. On retrouve beaucoup de cas où des personnes en entreprise ont changé de métier en restant dans le même secteur d'activité ou parfois dans la même boite. (merci le CAC 40 ahah)
Exemple : un professionnel du marketing B2B dans une entreprise tech qui décide de se reconvertir en Data Scientist. Bien qu'il connaisse l'industrie, il doit développer de nouvelles compétences en matière d'analyse de données et sans doute de programmation... ça peut piquer.
3. Hard : changer de métier et d'industrie en même temps
À partir d'ici je vous le déconseille, en tout cas, vous le saurez en âme et conscience que vous naviguez en eaux troubles où un épais brouillard vous empêchera d'avoir toutes les informations pour prendre les bonnes décisions :
Changer de métier et d'industrie en même temps
Vous acquérez un éventail plus large de compétences et de connaissances, le challenge sera au RDV et vous apporterez des idées neuves et des approches différentes à la nouvelle industrie, cependant :
La courbe d'apprentissage sera raide pendant plusieurs années. Apprendre à la fois un nouveau métier et s'adapter à une nouvelle industrie peut être écrasant. Le manque de réseau initial se fera ressentir : bâtir un réseau dans un domaine totalement inconnu demande du temps et des efforts, et l'envie de vos interlocuteurs.
Exemple : un directeur Marketing dans le secteur du tourisme qui décide de développer une app dans l'industrie de l'Éducation, aussi préparé qu'il soit, la route sera difficile.
Bien qu'il apporte des compétences en communication, marketing et en gestion de projet, il doit apprendre de zéro les compétences techniques liées au développement de logiciels et s'adapter à une industrie au rythme et aux attentes très différents.
4. Allez, on pousse un peu plus : very Hard 😄 => changer de métier et d'Industrie dans un Secteur Établi
Changer de métier et d'Industrie dans un Secteur Établi
Dans ce cas particulier par rapport au précédent, il y a plusieurs choses à prendre en compte : l'appel du challenge et la possibilité d'avoir un impact sur une vieille industrie. Exemple : qui n'a jamais rêvé d'améliorer ou d'être témoin d'un changement majeur au niveau des transports en commun des grandes lignes TGV (ouvertures à la concurrence, tarifs, retards, abonnements...)
Cette transition, semblable à une feuille blanche, exerce une attraction singulière. Elle représente la liberté de créer, d'innover sans les contraintes des normes préétablies.
Cependant, elle aura un coût et de nombreux inconvénients.
Si les industries sont déjà établies sans ces nouveaux changements / idées, c'est qu'elles n'en ont pas le besoin, ou du moins sont dans un état d'équilibre.
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C'est le fameux "j'avais une idée, mais une fois lancé dans ce secteur je comprends mieux maintenant pourquoi ils feront sans mon idée" qu'on peut entendre dans de nombreux podcast d'entrepreneurs.
3 points à prendre en compte :
Étude de marché, interview, retours de prospects / clients, le problème, c'est que toutes les spécificités d'un marché, tu ne le connaîtras pas autant que lorsque tu t'y lances et tu pourras tomber sur un os.
2. Abordons maintenant une autre erreur : la gestion peu habile de la trésorerie
Ça me paraissait très évident comme sujet à l'époque. Je me disais qu'en bon gestionnaire, il faut toujours avoir de l'argent de côté et un bon matelas pour vivre sereinement afin de payer ses fournisseurs, sa TVA, ses impôts etc... Mais c'est un peu plus compliqué que ça.
"Allo Yassine, on est à combien de Cash Burn en ce moment ? il faut qu'on accélère."
C'est paradoxal, car lorsqu'on est une startup, pour avancer vite, il faut dépenser et dépenser, indicateur communément appelé le Cash Burn. Car trop mettre de côté, c'est au mieux gaspiller du temps et au pire ne pas être assez rapide dans la course aux parts de marché.
Pour préserver une célérité importante, les startups ont donc tendance à investir et à garder le minimum en trésorerie.
Jusqu'ici rien de délirant... Mais à l'époque, je n'ai à pas vu venir un iceberg.
En prenant un peu d'ampleur sur le marché, de plus gros départements Marketing se sont intéressés aux campagnes publicitaires qu'elles pouvaient réaliser avec nous.
C'était une bonne nouvelle pour nous, sauf que petit à petit, il y a eu 3 changements majeurs dans la gestion de la tréso :
Ainsi, tu peux faire deux excellents trimestres en closant 3 fois le montant de tes charges fixes, tu ne verras l'argent qu'en fin d'année et donc, tu peux avoir une date de mort bien avant..
Et ça doit être pris en compte dans tous tes calculs et ceux d'accroissement de ton activité ainsi que les recrutements. La boite va grossir, mais les délais vont s'allonger à toutes les étapes. C’est donc à toi de faire et défaire tes calculs.
Les scénarios de trésorerie ne sont donc pas gravés dans le marbre ; ils fluctuent constamment en fonction du prix de tes produits et de ta clientèle cible.
"Cramer pour avancer vite.”, comme on dit souvent dans l'univers des startups, n'est pas un mantra à prendre à la légère. Cela implique un équilibre délicat entre l'investissement agressif dans la croissance et la préservation des fonds nécessaires pour assurer la durabilité à long terme.
Mon erreur : à chaque changement d'offres commerciales, de distribution ou de cible marché, je n'ai pas recalculé tous les scénarios et délais de paiement possible, ce qui nous a amené à des situations inconfortables.
D'ailleurs, cela m'a fait penser à cette fameuse vallée de la mort que je vous laisse (re)découvrir à travers ce schéma.
3. Dernière erreur pour cet article : Faire 10% ou 20% mieux que la concurrence ne suffit pas : soit tu es game changer soit c'est mort
Enfin, abordons un troisième point fondamental : penser qu'une amélioration de 20% par rapport à la concurrence (en général) est suffisante dans un marché stable.
L'expérience m'a enseigné qu'il ne s'agit pas simplement de faire un peu mieux que les autres ; il faut créer une véritable rupture, être "game changer"
Durant les sessions de business model, business plan et échanges avec des clients potentiels, une amélioration de 20% peut sembler attrayante, mais en réalité, elle ne suffit pas pour inciter les clients à changer leurs modes de consommation. Il faut comprendre que tu te bats également contre des habitudes, qui sont forgées depuis longtemps sur un marché et comme toute habitude, elle est souvent un réflexe inconscient.
Un jour, un entrepreneur m'avait dit : soit tu vises à faire 100 fois mieux, soit laisse tomber. Regarde Mcdonald's, tu penses vraiment qu'un hamburger 10 ou 20% meilleur va changer quoi que ce soit ? Les gens continueront d'aller au Mc Do.
D'ailleurs, un petit clin d'œil à tous ceux qui bossent dans les grandes structures à la conduite du changement
J'espère que cet article aura été bénéfique et utile pour la suite dans ton parcours.
N'oubliez pas, l'entrepreneuriat n'est pas un sprint, c'est un marathon parsemé d'obstacles et de surprises. Il est crucial de rester agile, d'apprendre de ses erreurs et surtout de ne jamais perdre de vue l'importance de l'innovation.
Je ne pense pas que ces erreurs soient des échecs, mais plutôt des étapes à franchir.
2024 s'annonce être une année riche en rebondissements dans le domaine publicitaire avec la croissance de la publicité programmatique sur écran dans les villes, les plateformes qui s'y mettent comme TikTok ou encore des nouvelles normes publicitaires.
Si tu es toujours là à lire et si l'article t'a plus, n'hésite pas à le partager ça me donnera de la force et me motivera pour la suite des articles qui arrivent bientôt.
Sinon, je suis curieux de savoir ce que tu en as pensé et d'avoir aussi des erreurs fréquentes en entrepreneuriat en commentaire.
À bientôt,
Directeur Onlyft
1 ansBeau parcours Yassine !
Excellent article, merci Yassine Mahdar ! Ça sent le vécu. Et bravo pour la rentabilité probable, pas donné à tout le monde !
Business manager & Account Manager at Elliott compagny
1 ansMerci pour ton partage plein de valeur Yassine Mahdar !