#3 •  Le paysan : ce héros.
Photo : Jude Infantini (Unsplash)

#3 • Le paysan : ce héros.

Cette semaine dans l’actualité COVID, c’est : le paysan ce héros. Énormément de sujets autour de l’alimentation et l’agriculture… avec un fait marquant : la réouverture de McDo et 3 heures d’attente pour acquérir ce graal qu’est le big Mac ! On nous aurait menti ? Les français en auraient-ils marre de bien manger ? Pour les plus pressés : le résumé en vidéo. 

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BIOom 

Nous avions compris que les Français modifiaient leurs habitudes alimentaires : ils ont augmenté leur budget alimentation de 29% en consommant différemment. Dans les magasins spécialisés bio, le panier moyen est passé de 40 à 59 euros. Ils sont friands de produits locaux et de qualité qu’ils achètent massivement. 

MARCHÉS AGILES

Les agriculteurs profitent de cet engouement pour compenser leurs pertes de revenus liées notamment à la fermeture des restaurants et des marchés. Ils mettent en place les moyens de se rapprocher de leurs consommateurs en développant des plateformes de ventes en ligne comme Prince de Bretagne, abrité sur Amazon qui prend le virage du bio. Ou “Pourdebon”, plateforme qui fédère les petits producteurs alimentaires, dont certains ont connu une progression de + 1 000% à l’annonce du confinement et a réalisé en un mois, son volume d’affaires de 2019.

Les producteurs soucieux d’écouler leur fruits et légumes investissent également des lieux inédits : on peut acheter ses légumes chez son coiffeur à Angers et la Gare Sncf de St Flour devient un petit “Rungis” le vendredi. Nos agriculteurs, soutenus par leurs fédérations et leurs coopératives, font preuve d’une grande créativité assortie d’une réactivité, un peu imposée à vrai dire par leur métier… ce qu’ils ne vendent pas aujourd’hui sera pourri demain. 

En parallèle la distribution traditionnelle est aussi bouleversée : +90% des ventes par livraison (ça, ça paraît très normal…) +74% sur le drive alors qu’hypers et supers voient leurs CA stagner

ALORS QUE PENSER ?

Les français qui avaient vu leurs dépenses en alimentation passer de 35% en 1960 à 23% en 2020 sont en train de prendre conscience de l’importance d’une alimentation saine, riche et locale ? Le paysan est devenu leur nouveau héros après l’agribashing de début 2020 ? Nous sommes tous prêts à devenir locavores ?

Peut-être, pour certains d’entre nous … mais pas tous : car certains ont simplement besoin de manger.

X.5 AUX RESTOS DU CŒUR

Aux restos du cœur, on estime que les flux sont multipliés par 5 avec de nouveaux types de bénéficiaires : des étudiants qui n’ont plus le resto U, les familles qui n’ont plus la cantine, les micro-entrepreneurs, les victimes de "l'uber économie” et les travailleurs de l’économie souterraine. 

En Seine Saint Denis, le préfet vient d’envoyer un rapport sur la situation d’urgence de son département : avec 20 000 personnes en grande difficulté, il craint une émeute de la faim.

Et à l’autre bout du monde, l’ONU alerte sur les situations de famine attendues qui toucheraient 135 millions de personnes dont 50 millions simplement en afrique de l’Est

NOURRIR PLUS & MIEUX

Alors, comment faire pour nourrir plus et mieux ? Sans changer drastiquement nos façons de nous nourrir, peut-être pouvons nous garder un peu de nos nouvelles habitudes : faire un peu plus de cuisine (cuisiner des produits bruts coûte moins cher qu’acheter des plats préparés), consommer local des produits de saisons, gaspiller moins de nourriture. 

BREF.

Notre alimentation est clef pour notre santé et celle de la Planète. Les producteurs sont prêts à entendre la demande des consommateurs qui, même sur les produits “entrée de gamme” veulent des produits sains et de qualité. Les membres de la Convention Citoyenne pour le Climat se prononcent pour une agriculture durable et de proximité et souhaitent que l’Etat prenne des mesures fortes dans ce sens avec un objectif de 50% d’agroécologie d’ici 2040. Des agronomes tel le professeur Dufumier pensent qu’on peut nourrir le monde avec l’agroécologie. Rien ne justifie qu’une partie de la population sacrifie sa santé sur l’autel du pouvoir d’achat. Même si tous ne peuvent pas consommer de la même manière, une réduction des inégalités alimentaires est à l’ordre du jour. N’oublions pas cet Objectif du Développement Durable : “réduire la faim dans le monde”... et à nos portes...

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