3 questions à : Frédéric Roullier, Directeur retraite Groupe Humanis
Les comptes de l'Agirc et de l'Arrco présentés en avril dernier montrent un résultat déficitaire. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de la situation actuelle ?
Les comptes de régimes de retraite ont été présentés plus tôt cette année – en avril au lieu de juin habituellement – dans une volonté d'accélération. L'objectif : agir plus tôt pour avoir la possibilité de réagir le plus rapidement possible. C'est ce qui est fait en ce moment même, avec la mise en place de négociations entre les différents partenaires sociaux – le patronat et les syndicats – sur les mesures à prendre pour rééquilibrer notre système de retraite.
Comment l'Agirc et l'Arrco peuvent-elles combler leur déficit ?
Tout d'abord, il est important de préciser que nos systèmes de retraite complémentaire ne sont pas à proprement parler en situation de déficit. On parle plutôt de déséquilibre technique. L'Agirc et l'Arrco fonctionnent selon une logique de répartition et d'équilibre : les prestations de retraite sont payées grâce aux cotisations reçues lors du trimestre. Lorsque la situation économique et démographique du pays permet que les cotisations soient supérieures aux prestations, alors les systèmes de retraite peuvent constituer des réserves. Aujourd'hui, l'Agirc et l'Arrco puisent dans ces réserves car la situation de la France s'est inversée de telle façon que les besoins en prestations retraite sont plus importants que les cotisations versées. À ce rythme et avec les paramètres actuels, les prévisions sont les suivantes : les réserves de l'Agirc devraient être épuisées en 2017-2018 tandis que les réserves de l'Arrco devraient l'être autour de 2025. L'enjeu des négociations en cours est de faire évoluer les différents paramètres pour revenir le plus vite possible à une situation d'équilibre.
Quelles sont les solutions pour sortir de cette situation de crise ?
Les partenaires sociaux ont toujours trouvé des solutions pour pérenniser notre système de retraite. L'Agirc et l'Arrco ne peuvent pas faire faillite et n'ont jamais pratiqué l'emprunt. Le système de retraite continuera à fonctionner, mais cela va demander un certain nombre d'efforts. Les leviers principaux possibles sont de trois natures : agir sur les ressources, sur l'âge effectif de départ à la retraite ou sur les prestations servies. La prochaine réunion de négociation aura lieu le 16 octobre prochain et les partenaires sociaux espèrent trouver un accord rapidement afin de mettre en place des solutions de rééquilibrage du système de retraite.