31 mars : journée pour quitter son travail merdique ?
Hier soir j'ai reçu une newsletter d'un "chief happiness Officer" qui a (auto ?) déclaré le 31 mars : "Journée internationale pour quitter ton boulot merdique".
Je ne sais pas encore comment je vais pouvoir écrire sur ce sujet tant cela éveille de choses en moi.
Une première chose c'est que je suis dans cette réflexion depuis plusieurs mois, voire quelques années. J'ai déjà quitté, quand j'étais plus jeune, un boulot merdique et sans me poser plus de questions. Sans avoir de famille à charge comme aujourd'hui, la décision a été facile.
C'est au moment d'une crise profonde dans mon travail que j'ai rencontré Gilles Corcos, l'un des pionniers de l'intelligence émotionnelle en France. J'étais réellement décidé à quitter mon job avant que ma santé ne soit impactée. Gilles n'est pas du genre à tenter de me convaincre de quoi que ce soit mais il m'a fait comprendre qu'il y a une différence entre réagir à l'émotion, en l'occurence fuir pour éviter les émotions très désagréables liées à mon activité, et accueillir les émotions pour les comprendre et les utiliser.
C'est alors que j'ai pu prendre du recul, commencer à travailler sur l'ego et me sentir prêt à continuer à "affronter" les émotions liées à mon travail... tout en persévérant dans certaines actions pour pouvoir, à terme, quitter ce travail quand je l'aurais choisi et dans les conditions favorables que j'aurais su construire...
Quand je regarde le chemin parcouru, il y a de la souffrance mais aussi beaucoup de gratitude : jamais je n'aurais tant progressé sur certains sujets sans ces difficultés... et il s'est passé beaucoup de choses positives que je n'aurais pas imaginé.
Après, je ne suis pas sûr que l'on ait tous les mêmes capacités de résilience ni les mêmes possibilités concrètes de rebondir. Dans un cas, rester va être une occasion de progresser, notamment dans la connaissance de soi, encore faut-il être accompagné, et bien accompagné ! Je suis en colère aujourd'hui quand je vois le nombre de gens en souffrance se faire récupérer par des gens sans scrupule, des manipulateurs qui veulent gonfler leurs rangs sans considération pour les impacts provoqués chez ces personnes !
Dans d'autres cas, rester va peut-être aggraver la santé de la personne, son estime en elle, ses relations familiales et sociales...
Je ne sais pas, dès lors, s'il y a un bon conseil à donner à tous ceux qui ne sont pas heureux au travail. Jean-François Zobrist m'écrivait amicalement récemment "Ne lâche pas la proie pour l'ombre". Ok, c'est pragmatique, c'est mieux de ne pas sauter dans l'inconnu, quitter un job merdique, pour se retrouver dans une situation encore plus difficile.
Mais il ne faut pas non plus confondre la totale inconscience avec la peur naturelle qui accompagnera tout changement, même celui qui, dans le fond, a été bien préparé. J'ai un ancien collègue, qui était technicien dans une usine, qui a décidé de vivre sa passion, la Montagne. Il s'est formé à la prise d'image et dirige aujourd'hui une société qui réalise des films de sports extrêmes. Nul doute que son départ a du lui créer des émotions et qu'il y avait une grande part d'ombre : mais il l'a fait car il y était prêt !
Alors, le 31 mars prochain, je ne vais pas quitter mon job sur un coup de tête mais je vais continuer à écouter ce que mes émotions ont à me dire à ce sujet ! :-)
Chef d’ateliers menuiseries aluminium
8 ansBonjour, Je suis d'accord avec le discours de Sandrine, car moi-même j'ai été confronté à des choix qui m'ont demandé de m'adapter,mais aussi de prendre des risques. Connaitre nos envies pour faire un choix, ou le bon choix. Finalement comme l'écrit Sandrine, c'est une démarche propre à chacun. Aujourd'hui je ne regrette rien pour ma part.
Fondatrice de Nomad | Studio d’innovation par le design | J'aide les entreprises et entrepreneurs à concevoir des business et des expériences à impact positif 🌍🤝🌱
8 ansJe me permets de rebondir sur ton article ! "Quitter son travail merdique" signifie que l'on souhaite changer de voie pour éviter de faire un travail qui ne nous correspond plus et qui crée un mal-être chez nous. Face à cette situation, on peut distinguer 2 types de personnes : celles qui vont accepter de rester pour mieux comprendre et peut-être "exploiter" leurs émotions, et celles qui vont préférer partir parce que le mal-être sera beaucoup trop profond et/ou remettra en cause ses valeurs. La connaissance de soi c'est aussi -et même d'abord- connaitre ses valeurs. Y-a-t-il cohérence ou non du travail avec nos valeurs profondes ? Une personnalité politique l'a dit très récemment au moment de son départ : "Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi. Par fidélité à nous. (...)" Tout changement de situation ou de contexte (subi ou choisi d'ailleurs) génère une angoisse tout à fait naturelle et légitime. Et plus l'anxiété est forte, plus notre capacité à nous adapter se trouve entravée. Peur d’échouer, de faire les mauvais choix, de s’aventurer dans l’inconnu... Mais finalement, est-ce qu'on ne craint pas surtout de regretter un jour de ne pas s’être lancé ? Alors, oui il faut être préparé et avoir un minimum de pragmatisme (et pas trop quand même). Mais est-ce que cela veut vraiment dire que sauter dans l'inconnu entrainera forcément une situation encore plus difficile ? Dans le changement, il y a toujours une part d'inconnu. On prend toujours des risques. D'ailleurs je préfère plutôt dire qu'on tente sa chance (en passant, une des plus grosses différences entre le jargon français et anglo-saxon). La clé pour moi, c'est décider de s'adapter. Et s'adapter c'est continuer à exercer sa liberté sur un choix qu'on a préalablement fait. Mais tout cela relève d'une démarche propre à chacun...