4 ans de présidence d'une coopérative : un bref bilan

Le 27 mars dernier, j'ai quitté la présidence de la coopérative Enercoop Hauts-de-France, après 4 ans de mandat. C'est la fin d'une belle période, le début d'une autre que j'espère aussi belle. Mais que s'est-il passé pendant ces 4 ans (et 15 jours, soyons précis...) ?

Les débuts

Comment arrive-t-on à la présidence d'une coopérative ? Pour moi, c'était un concours de circonstances. Enercoop Hauts-de-France a été créée en 2011, j'ai filé des coups de main dès le début, puis je suis entré au Conseil d'administration en 2015. Quand le président a annoncé qu'il quittait la région, personne ne voulait ou n'était en mesure de le remplacer. Alors, après avoir pas mal tergiversé, j'y suis allé. Le goût de l'aventure ? En tout cas, un fort sentiment d'appartenance.

Que retenir ?

Ces 4 années auront été un sacré grand 8, et cet article ne suffira pas à en retranscrire toute la richesse.

Je retiens beaucoup de séances de CA, avec parfois des désaccords mais jamais une engueulade, et je pense avoir participé à conserver une certaine sérénité dans nos échanges, voire à faire de ce CA un lieu où il fait bon être. Je retiens des assemblées générales qui ont toujours été de grands moments de partage et de convivialité, où nous avons rendu des comptes à nos sociétaires, les yeux dans les yeux, en mettant tout sur la table.

Je retiens ma forte implication dans le réseau de nos 11 coopératives, avec toutes ses instances de gouvernance, du comité éthique au CA de la coopérative nationale, en passant par le Codir réseau, l'Inter-CA, l'Intercoop, j'en passe et des meilleures. Des belles rencontres, des heures de patiente construction, des méthodes de travail et de prise de décision originales, et les vrais enjeux d'un réseau d'entreprises en croissance.

Comment ne pas retenir aussi ces 7 mois en 2019 où j'ai assuré l'intérim à la direction générale de la coopérative ! L'occasion de mettre les mains sous le capot, et de me mettre encore plus au service de cette équipe plus qu'attachante.

Je retiens enfin l'aventure humaine, les Enercoopines et les Enercoopains, tous ces repas et toutes ces conversations enflammées. Et toutes ces bières, bien sûr. Je n'en ai pas tenu un décompte précis... tant mieux, en fait.

Pourquoi laisser la place ?

• Parce qu'il ne faut pas s'accrocher au pouvoir.
• Parce que la dynamique actuelle du CA le permet. L'implication n'a jamais été à ce niveau, et chaque séance est un vrai plaisir. Dans ces circonstances, ma démission passe quasiment inaperçue, et c'est très bien ainsi.
• Parce que je suis persuadé que mon remplaçant fera un meilleur job que moi.
• Parce que cette transition a été préparée depuis 6 mois, et qu'elle va se poursuivre.
• Parce qu'il ne faut pas avoir peur du changement. La vie, c'est le changement.
• Pour me libérer du temps - more on that later.
• Parce que mon alter ego, mon DG, le porteur du projet, celui que je considère comme un frère, est parti vers de nouvelles aventures (il a eu une offre à la mesure de son talent, une offre qui ne se refuse pas !). Quelque part, la présidence, c'était avec lui. Oui, c'était vraiment une aventure humaine.

Quelques leçons

• Un Conseil d'administration, c'est une dynamique de groupe ; ces dynamiques sont subtiles, et dépendent de peu de choses.
• Mener, c'est être au service du groupe, et non que le groupe soit à votre service. Pour un Conseil d'administration, l'essentiel me semble être de faire en sorte que chaque membre du Conseil soit en mesure de prendre des décisions éclairées, et que les bons sujets soient traités de la bonne façon.
• Dans une coopérative, la gouvernance est plus lourde. C'est ainsi. Ce n'est pas une forme d'entreprise faite pour l'efficacité.
• Le marché de l'énergie, qu'est-ce que c'est compliqué...
• Je suis plus que jamais persuadé que la réalité est toujours contrastée. Pas tout blanc tout noir.
• Ce n'est pas parce qu'on est un projet avec des valeurs fortes que cela fait tout. Un beau projet, ça se nourrit, ça s'entretient, ça se réinvente constamment.
• Dans une entreprise, ce qui se passe à l'extérieur est souvent plus important que ce qui se passe à l'intérieur.

Élection sans candidat

Mon remplaçant a été nommé grâce à une méthode appelée l'élection sans candidat. Popularisée par l'Université du Nous, elle permet de donner une forte légitimité à l'élu·e. Être le facilitateur de cette élection fut une belle façon de transmettre et de clôturer mon mandat.

Et maintenant ?

Maintenant... d'abord je garde un pied chez Enercoop. Moins impliqué, certes, mais toujours là : administrateur de 2 coopératives, la régionale et la nationale, où j'ai l'intention de faire ma part, modestement mais activement, avec le recul des vieux sages (bien que je ne me considère ni comme l'un ni comme l'autre !).

Je vais ensuite pouvoir me consacrer à un chouette projet, pour aider les créateurs et les créatrices d'entreprise à mieux réussir leurs projets. Ce terrain de jeu s'annonce fertile.

Voilà, c'était 4 ans et 15 jours de ma vie professionnelle, une mission à temps partiel d'une remarquable intensité. Je n'en regrette pas un seul moment. Regretter ne sert à rien : ce qui importe, ce n'est pas ce qui est derrière. C'est ce qu'on est en train de faire, là, maintenant.