4 - Comment se manifeste l'engagement des porteurs de solutions au travail ?
Simple citoyen ou salarié engagé, élu local, chef d'entreprise, militant associatif, responsable RH, RSE, Marketing... si vous partagez comme nous la conviction que le temps presse et qu'il est urgent d'agir, cette série d'articles vous est destinée.
Nous espérons qu'ils vous donneront l'envie et les moyens d'accélérer votre transition, celle de votre foyer ou l'organisation dans laquelle vous travaillez en vous donnant les clés pour embarquer avec vous votre famille, vos amis, vos collègues...
Cet article est le quatrième d'une série de 5 articles
1- Découvrez les porteurs de solutions
2- Le partage de ses solutions écologiques en présentiel : un catalyseur pour changer les comportements
3- Comment se manifeste l'engagement des porteurs de solutions chez eux ?
4-Comment se manifeste l'engagement des porteurs de solutions au travail ?
5-Plan d'actions : identifiez et aidez vos porteurs de solutions
L'entreprise : le tiers-lieu de la transition !
Au travail, l’Ambassadeur dispose déjà d’une base de personnes potentiellement intéressées par l’écologie : les essaimeurs avec qui créer une dynamique collective. Pour l’Ambassadeur, il est souvent plus aisé de réunir en présentiel une dizaine de personnes au travail plutôt qu’à domicile. Au travail, l’heure du déjeuner est un moment où les personnes sont libres d’utiliser leur temps comme elles l’entendent. C’est un moment propice pour partager. Les porteurs de solutions présents ont l’occasion d’illustrer des solutions zéro déchet à table.
Des collaborateurs en quête de sens
La quête de sens se manifeste à 2 niveaux : au niveau personnel via des actions qui dépendent d’eux et au niveau collectif.
Les porteurs de solutions souhaitent diffuser leurs bonnes pratiques dans leur sphère professionnelle. C’est aussi l’occasion pour eux de découvrir de nouvelles pratiques. Le sociologue Gaëtan Brisepierre appelle ces Ambassadeurs et ces essaimeurs, les transféreurs.
Ces transféreurs peuvent s’impliquer dans la construction de la vision RSE de leur entreprise et apporter un regard neuf. Ils sont moteurs pour faire émerger des actions collectives au service de la transition écologique.
Leur proposer un cadre rassurant et valorisant permet de les révéler pleinement en tant que porteurs de solutions. La diffusion de leurs pratiques bénéficie à l’ensemble de l’entreprise.
“ Je suis Animateur Digital au sein d’Orange et surtout Coach Ecolo qui est un collectif de volontaires qui sou haitent communiquer et faire des actions autour des gestes verts. [...] je me suis pris au jeu d’en parler autant au travail qu’à la maison, avec les amis... Etant également formateur j’aime le fait de partager avec les autres des bonnes pratiques et encore plus quand il s’agit d’une noble cause Ayant la vision sur l’engagement de ma société pour limiter son impact environnemental j’aimerai agir également à titre individuel sur ce sujet et fédérer mon entourage (famille, amis, collègues...). ”
Le travail un lieu propice à l’essaimage de pratiques écoresponsables
Les actions individuelles initiées
Au travail, les porteurs de solutions mettent en place des pratiques qui s’inscrivent surtout dans une démarche zéro déchet :
- substituer le réutilisable au jetable ;
- réduire le gaspillage alimentaire ;
- diminuer la consommation de papier ;
- réduire la consommation d’électricité (lumière, chauffage et numérique).
Quand l’atelier a lieu en entreprise, ils sont encore plus nombreux à adopter de nouvelles pratiques au travail : 55 %
Ces pratiques individuelles, une fois initiées par quelques-uns au travail, se diffusent dans l’entreprise via le mimétisme social.
Une boucle de rétroaction positive
De nombreuses pratiques écoresponsables sont applicables à fois dans la sphère domestique et professionnelle : utiliser une gourde, substituer le réutilisable au jetable, faire du vélo, réduire son gaspillage alimentaire, réduire sa consommation d’électricité, (lumière et numérique), limiter ses impressions, faire du troc… Leur adoption est du ressort de chacun.
Le cadre professionnel agit alors comme une boucle de rétroaction positive pour la mise en place de nouvelles pratiques écoresponsables, on les dé- couvre et on les adopte pour commencer au travail avant de les mettre en pratique ensuite chez soi.
Les actions collectives initiées
Les porteurs de solutions se réunissent et partagent leurs solutions avant tout sur la base de leurs valeurs communes et de leurs affinités pour l’environnement.
Le groupe constitué est de fait décloisonné des départements et services de l’entreprise. Au sein d’un groupe de porteurs de solutions, il n’y a pas de relations hiérarchiques, ni de relations élève/sachant. Chaque porteur de solutions est à la fois un essaimeur et un apprenant.
De nombreuses actions collectives initiées à la suite des ateliers sont faciles à déployer : mise en place d’une boite à livre, d’une boite à dons, d’une ludothèque au travail, inauguration d’un réseau social dédié au développement durable, affectation d’un lieu pour faire des ateliers (Repair Café, atelier cosmétiques ou produits d’entretien maison…).
Ces actions nécessitent dans certains cas l’aval de la direction préalablement à leur mise en place. D’autres exigent des ressources dédiées. Pour aboutir, elles doivent être endossées par un responsable : mise en place d’un réseau de coachs ou de référents écolo, organisation journée dédiée à l’environnement au travail, visite découverte inter-entreprise...
Des actions requièrent aussi l’intervention de la direction car elles passent par une coordination et un dialogue avec les prestataires : remplacer les machines à café à capsule, réduire le gaspillage alimentaire à la cantine, proposer un menu végétarien... Cela impose la révision de clauses de contrats cadres.
Écouter ce que les porteurs de solutions ont à dire sur l’environnement contribue aussi à améliorer et à optimiser son organisation et ses services.
Les salariés sont souvent les mieux placés pour identifier les sources de gâchis qui nuisent à la profitabilité de l’entreprise et à l’environnement (biens d’équipements inutiles, consommation excessive d’eau, d’énergie, de matières premières... ) et y remédier.
Les remontées venant du terrain font naître des pistes d’actions sur-mesure. Les idées novatrices des porteurs de solutions sont utiles pour étoffer les plans d’actions des entreprises engagées. En cernant mieux les attentes et les préoccupations environnementales de ses collaborateurs, elle est mieux à même d’imaginer sa raison d’être ou bien à sa mission.
Des porteurs de solutions d’une grande entreprise nous ont indiqué que leurs échanges avaient servi à alimenter le groupe de réflexion stratégique sur la crise climatique piloté par le COMEX.
Les nouvelles pratiques et attentes au travail
Les porteurs de solutions ont adopté avant les autres des pratiques écoresponsables au travail. A leur échelle, ils souhaitent essaimer leurs pratiques en mobilisant leurs collègues à travers des actions fédératrices et positives. Sur les sujets qui nécessitent l’accord de la direction, ils sont force de proposition.
1- Une meilleure gestion des déchets
2- Des économies d'eau et d’énergie
3 - Des repas responsables
4 - Des pratiques numériques frugales
5 -Une mobilité responsable
Freins et leviers
- L’absence d’écoute ou d’intérêt de la part de la direction est un problème régulièrement cité. Elle n’a pas forcément un canal de communication établi sur les sujets environnementaux. Les entreprises via leur département RH, RSE ou la direction générale ont intérêt à créer un dialogue directement avec les porteurs de solutions. Ils sont sur le terrain et ont souvent une bonne vision de ce qui fonctionne ou non.
- Via le Comité Social et Économique (CSE), les entreprises dis- posent déjà d’un outil pour recueillir les avis des collaborateurs sur l’environnement et formuler des propositions à la direction. La création d’un comité dédié à l’environnement au sein du CSE fluidifie le dialogue social et en améliorant la qualité de vie au travail.
- Un autre levier, consiste à proposer des ateliers pour les collaborateurs en coordination avec la direction portant sur les actions environnementales de l’entreprise.
- L’autre frein principalement invoqué est le frein financier. Au delà de l’investissement initial, les économies sont durables. Par exemple, pour un acteur du e-commerce, investir dans une machine d’emballage pour fabriquer sur-mesure ses cartons d’expédition en 3 dimensions, est triplement vertueux. Il réduit le volume de marchandises transportées, de cartons achetés tout en augmentant la satisfaction client : les colis rentrent plus facilement dans la boite à lettre des clients; cela réduit d’autant les retraits au bureau de poste et les retours inutiles.
Les dépenses RSE au delà de réduire l'impact de l'entreprise, augmentent le bien être des collaborateurs (dans le cas précité, en réduisant la pénibilité liée à la préparation des commandes ) et participent à l’attractivité de l’entreprise et de sa marque employeur.
Dans le prochain et dernier article, nous verrons comment, en tant qu'entreprise ou administration, identifier et aider vos porteurs de solutions. N'hésitez pas à commenter cet article et à le partager autour de vous.
Pour aller plus loin
Le témoignage de Laure organisatrice de l'Atelier Ecofrugal Zéro Déchet Chez BlaBlaCar
Le témoignage des collaborateurs de BPIfrance et de son directeur RSE
Le témoignage des collaboratrices de TF1 et des directrices RSE et Communication Interne.
Fondateur - Ecofrugal
3 ansCet article a été rendu possible grâce à celles et ceux qui ont déployé, animé ou participé à des ateliers en entreprise, merci à vous tous ! Victoire André, Sandrine Croville, Eric Dominguez, Emmanuelle Jardat Temkine, Muriel PRIAM, Catherine PUISEUX-KAKPO, Philippe Kunter, Clémentine Bossé, Clémentine Mellier, Laure Wagner, Sophie Nguyen Buu Cuong, Marie-Hélène Polloni, Fanny Cheze, Arnaud Humbert-droz, Marion Elisé... et leurs collègues.