50 nuances de vert dans l’horizon RH
Alors que les défis écologiques interrogent la pérennité de nos modèles économiques, les transitions nécessaires ne concerneraient qu’une petite minorité des emplois ?
C’est ce que pourrait laisser penser l’Observatoire National des Emplois et Métiers de l’Economie Verte (ONEMEV), qui identifie 0,5% d’emplois « verts » et 15% d’emplois « verdissants ». Les 85 % restants seraient donc exonérés de tout effort ? Non. Face aux menaces écologiques, ils devront eux aussi prendre leur part de vert.
Voici le nuancier du volet RH de la transition écologique.
Priorité à la formation pour les métiers « verts »
Les métiers verts, nous dit l’ONEMEV, contribuent à « mesurer, prévenir, maîtriser et corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement ». On les trouve surtout dans la production et distribution d’énergie et d’eau (42 %), le traitement des déchets (36 %) et d’autres métiers liés à la protection de la nature (garde forestier …).[1]
Le niveau de qualification de ces métiers est plutôt faible et globalement les compétences nécessaires existent déjà. On peut cependant prévoir une augmentation du niveau d’exigence, du fait de la sensibilité écologique croissante et de l’arrivée de technologies d’optimisation des ressources dont les acteurs vont devoir s’emparer.
La problématique RH principale des métiers verts concerne donc la formation : pour faire encore mieux ce qu’on fait déjà et pour enrichir les savoir faire existants.
GPEC et reconversion pour les métiers « verdissants »
Les métiers verdissants sont ceux que la transition écologique interroge le plus, du fait de leurs impacts sur l’environnement. Il s’agit là de modifier des pratiques pour réduire leurs externalités négatives. On y trouve les secteurs les plus énergivores (le bâtiment, le transport…) et les plus émetteurs de CO2 (encore le transport, l’industrie…).
C’est sur ce segment que vont s’exercer en priorité les 30 milliards d’investissement pour la transition écologique du Plan de relance de septembre 2020. Ces milliards vont financer le développement d’activités existantes qui permettent de réduire les émissions de CO2 (la rénovation thermique des bâtiments …) mais aussi la création de nouvelles filières (autour de l’hydrogène…).
Les entreprises de ce segment ont compris qu’elles devaient évoluer. Certains secteurs vont en tirer profit (le nombre de bâtiments à rénover est immense), d’autres vont naviguer entre un modèle plus souhaitable et une productivité moins assurée (l’agriculture bio), d’autres enfin vont apparaître peu soutenables (le tourisme international fondé sur le transport aérien, par exemple).
Ici la fonction RH va anticiper les évolutions des métiers, identifier, qualifier et quantifier les compétences - attendues ou moins attendues. Bref, de la GPEC, prolongée par de la formation et un volant important de reconversions pour les secteurs fragilisés.
Changement culturel pour les autres métiers
Même si les efforts vont se concentrer sur les 0,5 % et 15 % des emplois verts et verdissants, les entreprises correspondant aux 85 % ne doivent pas croire que leur impact écologique est négligeable et qu’elles peuvent s’en tenir aux éco-gestes. D’une part, il est de leur intérêt d’anticiper certaines contraintes à forte probabilité, sur le plan réglementaire ou fiscal (sur la taxe carbone) ou sur le plan des risques juridiques, avec la multiplication des plaintes sur les sujets environnementaux. D’autre part, comme le reste de la société, ces entreprises font face à une sensibilité écologique toujours plus marquée chez leurs clients, leurs collaborateurs, leurs investisseurs.
Dans cette perspective, les entreprises de service par exemple peuvent améliorer l’efficacité énergétique de leurs bâtiments, développer la mobilité électrique de leurs collaborateurs et prôner la sobriété numérique. Dans le secteur financier, on peut en outre vérifier la verdeur des placements.
Ces démarches sont nécessaires, mais pas suffisantes vu l’ampleur des défis écologiques et les masses que représentent 85 % de l’emploi.
Dépasser ce stade nécessite d’opérer un changement culturel.
Pour répondre à l’impératif de descente énergétique et matérielle, les habitudes de gaspillage et de dépense vont devoir être remplacées par des comportements de sobriété et d’auto-limitation.
La barre est haute. La sobriété ne fait guère briller les yeux. Mais cette mission a un caractère historique, dicté par l’époque. Et dans les entreprises, du fait de la dimension culturelle de ce changement, de la nécessité de faire évoluer les comportements et les mentalités, les RH sont sans doute les mieux préparées pour guider cette transformation, en lien opérationnel avec les autres acteurs.
Donc, à côté des métiers « verts » et des métiers « verdissants », quelle est la part de vert des 85 % ? Peut-être la vertu.
[1] https://ree.developpement-durable.gouv.fr/themes/economie-verte/emplois/les-emplois/article/les-emplois-dans-les-metiers-de-l-economie-verte
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3 ansExcellent ! Et si on combine l’expertise des RH avec des méthodes centrées utilisateur final, on a une véritable démarche d’innovation et d’engagement.
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3 ansMerci pour cet éclairage Michel !