6/10 Le plaisir durable et accessible

J’ai un côté assez "cucul", j’avoue, j’adore les histoires d’amour impossibles qui finissent bien. J’aime quand les gens que tout oppose en apparence trouvent la force de briser les déterminismes pour se réunir et s’aimer. Des films « récents » comme Coup de foudre à Notting Hill, Pretty Woman ou encore Slumdog millionaire peuvent me faire oublier l’espace d’une seconde le flegme et la dignité qui me caractérisent. Mais j’assume le fait d’être touché par ce ressort éternel, celui de l’adversité vaincue par l’alliance entre la passion et la conviction.

Il réussit même à m’animer ce ressort. C’est ce dont je me rends compte avec le recul. Dans mon esprit, en effet, il est assez scandaleux qu’en 2021 on soit encore condamné à choisir, au moment de passer à table et lorsqu’on dispose d’un budget modeste, entre plaisir et vertu, entre le bon et l’éthique. Et lorsque je me lance dans l’aventure entrepreneuriale, c’est avec la ferme intention de réunir les contraires : le plaisir, le durable et l’accessible. D’en faire un ménage à trois viable, convaincu que la pizza est le plat idéal pour réaliser cette union tant attendue. Pourtant, en termes d’adversité, le cocktail de départ est corsé : Si 90% des Français mangent au moins une fois par mois de la pizza (parce que c’est bon, c’est pas cher et c’est nourrissant), ils sont dans le même temps 93% à souhaiter avoir accès à une alimentation plus bio et plus locale et 65% à trouver incompréhensible les écarts de prix entre le bio et les produits conventionnels.

Conséquence, aucune pizzéria ne propose d’offre durable crédible. Pourquoi ? Parce que sans sortir du paradigme Pizza = Italie = ingrédients italiens, il est impossible d’ajouter le durable aux deux piliers sur lesquels reposent leur attractivité : l’accessibilité et le plaisir.

 Au fil des lectures, des recherches, des rencontres et des dégustations, j’ai fini par arriver à cette conclusion, c’est que la pizza est un plat universel, protéiforme et évolutif. Et l’histoire de son succès, c’est avant tout l’histoire de sa capacité à rester délicieuse en s’adaptant aux goûts, aux contraintes et aux contextes des cieux sous lesquels elle est préparée. Aussi, au terme d’une nuit aussi brûlante que décisive, je choisis de m’affranchir de la délicieuse orthodoxie napolitaine et de préparer mes pizzas autrement, à ma façon, pour réconcilier les contraires. Concrètement donc, cela se traduit ainsi :

Une carte de 9 pizzas dont 3 saisonnières élaborées avec des ingrédients 100% bios et essentiellement locaux, achetés en circuit court à des producteurs de la région. Des producteurs de farine, de légumes, de charcuteries et de fromages.

Des prix allant de 9 à 15€, c’est-à-dire dans la moyenne basse des prix pratiqués aujourd’hui par les pizzérias de France et de Navarre.

Et puis l’accessibilité pour nous, au-delà du prix, c’est aussi proposer une carte qui tient compte de la diversité des régimes alimentaires et qui permet aux gens de voir la table comme un endroit qui réunit plutôt que comme un endroit qui sépare.

Une recette vegan 100% bio et locale élaborée avec des légumes de saison et imaginée par la talentueuse F…. (l’autre pilier de ce projet dont je vous parlerai bientôt). La recette du miracle comme on l’appelle, puisqu’elle a ouvert des horizons végétaux inattendus aux plus grands carnassiers de notre environnement.

Trois recettes végétariennes assez dingues, j’avoue.

Une pâte au levain naturel pleine d’arômes et de personnalité, légère, digeste et beaucoup plus accessible à ceux qui sont sensibles* au gluten.

Notre levain, RAIMU, un partenaire subtil et vorace à la fois.

* Sensibles hein, pas intolérants. On continue à travailler sur une solution pour les intolérants.