85% des métiers qui seront exercés en 2030 n’existent pas encore
Je suis persuadé que l'intelligence artificielle est complémentaire des compétences humaines. Ces innovations technologiques, qui évoluent en continu, nous projettent dans un nouveau monde que personne n'anticipe réellement. C’est là que réside le danger : si l’on n’anticipe pas la révolution technologique dans laquelle on est déjà, des millions d’emplois seront détruits et des millions de personnes se retrouveront sur le côté de la route.
Le monde du travail aura toujours besoin de l'apport sensorimoteur et cognitif propre à l'être humain. Je suis même persuadé qu’à mesure que l’IA vont remplacer l’homme dans des tâches d’exécutions, les soft skills comme l’empathie, la créativité, l’esprit critique, vont être extrêmement sollicités. Les robots et l’IA, à ce stade, ne pourront jamais intégralement remplacer le travail humain.
Par ailleurs, il est certain que le développement de ces nouvelles technologies va continuer à créer des milliers d'emplois. Mais pour tous les emplois détruits en face, il faut anticiper et surtout radicalement changer notre système éducatif, notre système de formation et notre rapport au travail.
L’IA est une opportunité incroyable pour adapter notre système scolaire et de formation aux défis futurs : nous avons besoin d’une école qui forme davantage au savoir-faire et au savoir-agir. Aujourd’hui, le système éducatif et de formation casse les dynamiques individuelles et la créativité des élèves, alors que c’est ce qu’on attendra davantage des travailleurs de demain. L’idée d’expérimenter les cours d’empathie en 2024, pour lutter contre le harcèlement, est une excellente idée pour faire progresser les élèves et l’école vers l'apprentissage de compétences douces mais indispensables à notre futur modèle de travail.
Les étudiants d’aujourd’hui auront exercé 8 à 10 emplois différents avant leurs 38 ans. Ce qui doit pousser notre système à davantage faire confiance en la formation continue et de prendre en compte ces nombreux changements de carrières, lors des formations initiales.
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L’IA va remplacer les tâches d’exécutants : une partie des missions des aides à domicile vont par exemple être réalisées sans que celles-ci ne s’épuisent à la tâche (robot aspirateur…). En cela les aides à domicile auront plus de temps pour le care, tout aussi important dans l’accompagnement et la prise en charge des personnes âgées ou en situation de handicap.
Après plus de dix ans d’expérience dans la formation et l’accompagnement de jeunes très éloignés de l'emploi, j’ai acquis la certitude que « personne n’est inemployable ».
Chez INCO, nous accompagnons et anticipons ces changements de société en formant des milliers de personnes décrocheuses en France et dans le monde. Ce que dit Sébastien Missoffe est juste : "Il faut collectivement passer de la peur à l'envie". L'IA joue un rôle de "raccrocheur social" de ces publics éloignés des formations et des emplois classiques, donnant du sens à leur vie professionnelle comme personnelle.
Les autres externalités négatives que nous craignons dans le déploiement de ces technologies (l'uchronie de la machine qui prend le contrôle des êtres humains, dépassement de l'enseignement traditionnel...), se régulent au fur et à mesure. J'évoque d'ailleurs l’essor de nouveaux métiers passionnants dans un de mes derniers livres ("Qu'est-ce qu'on va faire de toi ?" - Flammarion ) : les nouvelles technologies ont permis de développer des métiers comme celui de Fanny, la psychologue des robots, Catherine, l'éthicienne d'IA ou encore Jean-Louis le neuromanageur.
L'IA est un outil au service des humains. C'est à nous de les orienter vers les secteurs qui nous semblent prioritaires et en cela ces technologies peuvent nous permettre de trouver un chemin de sortie de crises climatiques et sociales qui traversent le monde aujourd’hui. C’est à nous de saisir l’opportunité de ces innovations révolutionnaires pour mettre en place l’accompagnement des emplois voués à disparaître vers de nouvelles missions et de continuer à raccrocher massivement des milliers de jeunes au travail.
Consultant Informatique et Comptabilité PME
1 ans85 % n'est-il pas exagéré ? D'autre part métier est bien différent d'emploi, et les emplois à pourvoir restent plus ou moins les mêmes chaque année.