Actions: toujours du vent, mais tourne-t-il ?
A première vue, les déterminants des indices actions sont bien identifiés pour 2017 : inflation (donc niveau de prix du pétrole), avec son corollaire l’évolution des taux et enfin parité €/$. Ce n’est un secret pour personne, le marché a acheté massivement sur les deux derniers mois de 2016 une thématique de reflation, impulsée aux Etats-Unis par un cycle porteur et catalysée par les orientations pro-croissance (notamment fiscales) de D Trump. Cette performance s’est construite autour des « Trump trades » : long actions américaines, long USD et vendeurs de govies. Ce mouvement, brutal, aura rendu le marché, de part et d’autre de l’Atlantique, vendeur de duration. Conséquence logique, une inversion de la hiérarchie de style avec surperformance des thématiques value (riches en financières) vs growth (MSCI Value Europe : 1 an glissant + 13,6% vs 6,8% pour la croissance). Implicitement ce qui est acheté est une accélération de la croissance macroéconomique et sa traduction en termes de BPA.
Cette belle histoire connait pourtant ses premiers hoquets. Depuis le début de l’année les performances de la famille growth, en dépit d’une pentification de la courbe des taux qui s’accentue, se redressent (MSCI Europe Growth +1,3% vs +0,9% value). Si cela s’inscrit dans notre scénario pour l’Europe, où la progression de l’inflation reflète plus celle du pétrole qu’un redressement marqué des perspectives de croissance, il est plus surprenant de constater qu’il en est de même outre-Atlantique (MSCI Growth $ +4,4% vs Value $ +1,0%).
Comment interpréter ce changement alors que les indicateurs macroéconomiques restent bien orientés (cf. trackers d’activité Natixis : US au plus haut depuis début 2015, zone euro au plus haut depuis avril 2011) ? Plusieurs pistes de réflexion peuvent être proposées :
1/ attente de la confirmation d’une traduction microéconomique de l’amélioration enregistrée au niveau macro. Les premières données disponibles sont, à cet égard, plutôt encourageantes avec aux Etats-Unis une croissance de 4,4% des résultats (170/498 publications) et ce avec des effets de base encore négatifs pour le secteur pétrolier. En Europe, les données sont encore très parcellaires (46/382) mais également encourageantes (résultats +5,5%) ;
2/ attentes (pour le moment ?) « déçues » sur la mise en œuvre des composantes pro-croissance de Trump. Alors que le marché scrute les intentions fiscales, les premiers actes effectifs de l’administration sont marqués au sceau de l’isolationnisme (mur avec le Mexique, interdiction d’entrer pour les ressortissants de plusieurs pays musulmans)
3/ attente d’une clarification de la scène politique française. La nette victoire de F. Fillon lors des primaires semblait ouvrir la voie à une future réforme, teintée par la politique de l’offre, de l’économie française. Las ! Des démêlés judiciaires, la désignation d’un candidat socialiste au programme très étatiste, la percée d’E. Macron dans les sondages et le maintien du FN à un niveau élevé ont « chamboulé » cette belle histoire et réactivé le spectre du risque politique français (spread OAT/ Bund au plus haut depuis début 2014).
Or quels ont été les secteurs qui ont nettement surperformé (Eurostoxx) lors du dernier épisode de stress européen (mai 2011- mai 2012) ? Alimentation- Boissons , Santé, Biens de consommation non cycliques…