AFRITITUDE
Sur quoi devrions-nous nous orienter ? Croyons-nous à nous-même ? Sommes-nous fiers de notre propre identité ? Avons-nous une empreinte culturelle et une appartenance qui sont capables d’attirer les autres à adopter ce qui nous est propre et que nous produisons ? Beaucoup d’entre nous ne sauraient pas répondre à ces interrogations ou donneraient une réponse laconique et un peu satisfaisante.
L’Afrique est influencée par le mode de vie des autres peuples au soir de l’impact du commerce triangulaire, de l’invasion des puissances coloniales. Le déclin des empires comme celui du Ghana, du Mali, du Songhaï ; du Zoulou, du Royaume du Kongo, du Swahilis ont permis aux opportunistes de faire valoir leurs “way of life” en terre africaine. C’est ainsi que bon nombre de pays ont conquis la mentalité des Africains en leur faisant croire que seul “le rêve américain”, “la culture européenne”, “la façon de vivre à l’Asiatique” sont les critères qui font que les autres nous donnent une estimation et une considération totale. L’Afrique, s’est elle-même oubliée jusqu’à faire mourir la valeur de sa culture et de ses modes de vie. Les Africains ont fondu leurs âmes sur ce qui appartient à l’Occident. Dans les coins et recoins du continent, tous se ruent sur le “American way of life“, le “fast-food”, “le jean wearing” qui sont considérés comme facteur d’humanité et de civilisation. Les civilisés sont ceux qui ne consomment que la culture occidentale. De ce fait, l’appartenance culturelle africaine disparaît et devient vanité pour certains.
En agissant ainsi, tout un chacun peut se rendre compte que l’africanité définit par Léopold Sédar SENGHOR comme : “un groupe de valeurs communes aux plus anciens habitants de l’Afrique” est bafoué et pris à la légère. Ceux qui sont ancrés dans les racines africaines sont minimes et sont parfois considérés comme étrangers au continent.
Le concept d’africanité doit être accompagné par l’afrititude pour inciter les Africains d’ici et d’ailleurs à faire valoir leurs propres cultures et à être les premiers consommateurs de leur culture (vestimentaire, alimentaire, culinaire, artistique, ethnique, linguistique…). Cela doit se matérialiser par un engagement et des actes concrets relatifs à :
– La suppression de notre complexe d’infériorité ;
– La croyance en notre valeur culturelle
– Le développement d’une nouvelle mentalité positive orientée sur le “African Way of Life“
– Une nouvelle attitude africaine basée sur la valorisation et la consommation des produits africains ou afrititude
– Le délaissement ou la minimisation de la culture de l’Occident tout en restant mondialisé
– Le renforcement de la qualité de notre production
– L’africanisation de nos comportements,
– La création d’une culture de masse à l’Africaine (art, mode, accoutrement, habitat, langues, éducation…)
– La désignation d’une éthique nationale ou patriotique africaine,
– La labellisation culturelle de nos films et cinémas qui vont être vecteurs de colonisation culturelle et comportementale…
– La promotion de nos langues et dialectes au plan international et plus précisément dans nos manuels scolaires et systèmes éducatifs…
L’Afrique ne doit plus subir l'”americanité“, l'”europeanité“, l'”asianité” mais elle doit imposer son africanité à travers une “afrititude” basée sur une estime culturelle et une reconnaissance à sa diversité. L’Afrique ne doit pas être comme le disait Thomas SANKARA : “l’arrière monde d’un Occident repu” mais le “centre d’attraction culturelle” qui pourra attirer bon nombre de personnes à adopter l’afrititude.
Philigence FAYE
Écrivain et blogueur