Alerte aux populations, des solutions ?
L'application du ministère de l'Intérieur SAIP s'avère peu efficace, selon un rapport sénatorial.
Le principe reste louable : avertir la population en temps réel, grâce à un message sur les smartphones, en cas de nouvelle attaque terroriste. Conçue après les attentats du 13 novembre 2015, et lancée lors de l'Euro 2016, l'application mobile «Alerte Attentat» n'a pas répondu à cette attente. Tel est le constat dressé par un rapport du sénateur Jean-Pierre Vogel.
Le risque en France Les risques de catastrophes naturelles ou humaines ont augmenté en France, faisant suite à différents facteurs, notamment l’urbanisation, le développement, les perturbations climatiques, etc…, suivis du risque attentat.
Lors d’un événement dangereux, les personnes se trouvant dans la zone, à proximité ou devant si rendre doivent disposer d’une alerte les informant sur le risque en cours, incluant les mesures à adopter pour leur sécurité mais aussi pour ne pas gêner l’intervention des secours ou de la police.
On appelle risque le produit d'un aléa (événement susceptible de porter atteinte aux personnes, aux biens et/ou à l'environnement) et d'un enjeu (personnes, biens ou environnement) susceptible de subir des dommages et des préjudices.
L’alerte par sirène Depuis des siècles, l’alerte des populations est transmise par un signal sonore qui vient interrompre l’activité sociale. Longtemps, le tocsin (sonnerie de cloches à coups redoublés) a rempli cette fonction.
En France, depuis la seconde guerre mondiale, les sirènes ont progressivement remplacé les clochers. A partir de 1948, le réseau national d’alerte (RNA), réseau de sirènes majoritairement implantées le long des frontières terrestres du territoire, remplit la fonction d’alerte des populations. Hérité de la défense passive, c’est à dire de la protection des populations en cas de guerre, il est tout d’abord conçu comme un outil de réponse à la menace aérienne.
Tous les premiers mercredi du mois à midi, les sirènes font l’objet d’un exercice. Ce signal d’exercice ne dure qu’une minute et quarante et une secondes seulement.
Dans les secteurs situés en aval immédiat d’un ouvrage hydraulique, un signal d’alerte spécifique de type « corne de brume » avertit la population de la rupture de l’ouvrage ou d’un lâcher d’eau important.
Il comporte un cycle d’une durée minimum de 2 minutes, composée d’émissions sonores de deux secondes séparées par un intervalle de trois secondes.
1 minute et 41 secondes, à l’ origine, le signal était d’1 minute. Cette minute correspondait à la limite technique des sirènes électromagnétiques qui risquaient de disjoncter si elles tournaient trop longtemps. Le délai d’1 minute avait donc été calculé avec les fabricants de sirènes de l’époque pour garantir leur efficacité et leur opérabilité. Les 41 secondes correspondent au délai technique de montée et descente de la sirène.
Comment alerter ? De nombreuses interrogations se font actuellement sur les moyens pour alerter les populations face à un risque imminent ou en cours.
Les sirènes Lors d’un déclenchement d’alerte, le mode d’alerte par sirène étant mal connu, l’alerte générera des perturbations pour la chaîne des secours :
- panique,
- curiosité,
- non prise en compte de l’alerte,
- encombrement des lignes de secours (appel pour connaître la raison),
- saturation du réseau téléphonique et des relais (1),
- saturation des réseaux routiers, suite au déplacement en véhicule (fuite ou chercher les enfants à l’école,…),
- propagation de mauvaises informations sur les réseaux sociaux, ou le voisinage ayant entendu l’alerte,
L’incompréhension des mesures à prendre :
- mesure à prendre (confinement, évacuation,..),
- les lieux de rassemblement d’accueil si évacuation,
- les directions à prendre pour évacuer, - les mesures à adopter pour le confinement (attentat, risque industriel, TMD…),
Les exemples de la mauvaise interprétation d’une sirène d’alarme sont nombreux, le souhait de confinement d’évacuation peut être mal interprété.
Malgré ces effets négatifs, nous ne devons pas abandonner ce mode d’alerte (voir ci-dessous, La sirène à ne pas exclure).
L’information d’un danger par un système d'alerte oblige à disposer d’un réseau de veille permettant d’analyser l’incident, le confirmer et déclencher l’alerte et les mesures à prendre.
SAIP Système d'alerte et d'information des populations. Ceci demande le téléchargement d’une application, actuellement très peu utilisé. Ce mode d’alerte qui fonctionne par géolocalisation doit venir en complément de vecteurs d’information que nous connaissons (ci-dessous).
Une alerte événement ? Des mesures peuvent être mises en place rapidement comme cela se fait déjà par l’alerte enlèvement (mise en place en 2006). Nous pouvons imaginer une participation de l’ensemble des moyens mis en place par l’alerte enlèvement (médias, pouvoir public, réseaux sociaux, associations, lieux publics,..) en diffusant une alerte événement incluant des consignes,…
Pour aller plus loin Faire collaborer des entreprises, groupes, associations,… qui disposent d’applications et qui peuvent diffuser à l’ensemble de leurs abonnés un push. Le but étant de leur donner la possibilité de diffuser une information vérifiée du Ministère de l’intérieur, en incluant un lien de consignes.
L’information en temps réel Permettre à l’ensemble des personnes de se signaler sur le site mis en place par un simple clic permettant d’enregistrer :
- la position, -le numéro de téléphone et/ou le mail pour recevoir les consignes en temps réel, en fonction du déroulement de l’événement.
On appelle « notification Push » un message d’alerte envoyé à l’utilisateur d’un smartphone et qui est lié à l’installation d’une application mobile. Concrètement, lorsque vous envoyez un message Push toutes les personnes qui ont téléchargé votre application le reçoivent sous la forme d’une notification. Elle prend généralement la forme d’une alerte plein écran ou d’un petit message en haut de l’écran d’accueil du téléphone et peut également être accompagnée d’un son d’alerte.
Du spectateur impuissant à l’acteur La population est de plus en plus équipée d’appareils nomades connectés à internet et prend de plus en plus conscience des risques quels qu’ils soient. Preuve par les formations de secourisme dispensées suite aux attentats, ce qui a permis de former et d’informer le grand public.
Mais nous pouvons faire mieux en informant et en demandant aux personnes de s’impliquer dans le système d’alerte et d’informations.
Permettre à chacun de passer de spectateur à acteur, en relayant les informations via le réseau internet, informations qui émaneraient d’une cellule de crise (alerte évènement).
La responsabilité des populations face aux risques quels qu’ils soient doit être un projet pour l’Etat, de même la divulgation de mauvaise information doit être immédiatement stoppée et punie sévèrement, y compris pour les médias.
Un travail en amont Cela inclut de disposer de messages d’alerte pré – formatés, avec différents scénario pour gagner du temps dans l’alerte.
La sirène à ne pas exclure Exclure les sirènes à l’heure du numérique serait une erreur.
Le risque d’une panne totale du réseau internet sur une zone impactée par une catastrophe, attentat, etc, n’est pas à exclure. Ni le risque d’un piratage ou acte de sabotage coupant l’ensemble des moyens de communication internet, téléphoniques, récepteur radio, télé, etc,..
L’Etat doit préserver ces moyens d’alerte, communiquer des consignes aux collectivités, réseaux privés, etc, disposant d’une sirène.
La préparation L’État doit prendre des mesures adaptées pour informer la population sur les différents modes d’alerte, numérique comme celui des sirènes et ceci dès le plus jeune âge.
La population doit être formée à la reconnaissance de l’alerte par sirène. La préparation doit prendre en compte les risques les plus courants en fonction des secteurs, zones géographiques. Les recommandations - mesure à adopter doivent être claires, faciles à reconnaître, en différenciant la demande des secours, en demandant une évacuation immédiate ou un confinement, et celles requérant l'évacuation immédiate.
La méthode d’apprentissage pourrait se faire par une publicité, rappelez-vous celle pour « les antibiotiques qui n’est pas automatique ».
Si malgré l’évolution de l’Humanité les erreurs du passé se reproduisent, il ne convient plus de parler de fatalité. » Thierry Velu
Auteur : Thierry VELU Président-fondateur du GSCF Association humanitaire de sapeurs-pompiers Pour le GSCF.
1) Saturation du réseau téléphonique et des relais
Les antennes-relais acheminant les communications mobiles ne peuvent traiter qu'un certain nombre d'appels. Lorsque vous passez un coup de fil avec votre portable, celui-ci émet des ondes radio qui se propagent dans l'air jusqu'à l'antenne-relais la plus proche. Elle convertit ce signal radio en un signal électrique. Celui-ci est véhiculé par le réseau de votre opérateur de téléphonie mobile jusqu'à l'antenne-relais la plus proche de votre interlocuteur. Le phénomène inverse se produit alors : l'antenne convertit le signal électrique en un signal radio qui est acheminé jusqu'au téléphone de votre correspondant. Chaque antenne a une portée qui varie en fonction de sa puissance, ainsi qu'un nombre maximal (plus d'une centaine) de "canaux" disponibles pour faire transiter des appels. Ces "canaux" sont répartis à l'intérieur de la bande de fréquence radio que les utilisateurs se partagent autour d'une antenne. On appelle une "cellule" la zone autour de l'antenne dans laquelle il est possible d'émettre ou de recevoir un appel. C'est d'ailleurs pour cela que l'on désigne les mobiles sous l'appellation de téléphones "cellulaires". S'il y a trop d'utilisateurs, l'antenne peut se retrouver dans l'incapacité de traiter toutes les demandes qui lui parviennent : il n'y a pas assez de "canaux" pour cela. Lorsque les opérateurs mettent en place leurs réseaux de téléphonie mobile, ils s'efforcent de le dimensionner en fonction de la quantité de mobiles susceptibles de s'y connecter. Dans les zones rurales moins peuplées, les émetteurs sont plus puissants afin de couvrir un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres autour des antennes. En zone urbaine, en revanche, les cellules sont plus petites mais plus nombreuses, afin de pouvoir traiter un grand nombre d'appels. Et dans les zones à très forte affluence telles que les gares ou les aéroports, les opérateurs accroissent encore le nombre d'antennes. Ainsi, à l'aéroport de Roissy ou celui d'Orly, on compte une trentaine d'antennes relais réparties entre quatre opérateurs. ( Saturation du réseau téléphonique et des relais article de Sciences et avenir).