Alertes sur le manque de capacité des réseaux électriques

L’AIE a publié sa première étude mondiale sur les réseaux électriques et constate qu’au total, les pays du monde entier doivent ajouter ou remplacer 80 millions de km de réseaux d'ici 2040, soit l'équivalent de tous les réseaux actuels, pour atteindre les objectifs nationaux en matière de climat et soutenir la sécurité énergétique. Le rapport identifie une file d'attente importante et croissante de projets d'énergies renouvelables qui attendent le feu vert pour être raccordés au réseau, et précise que 1 500 GW des 3000 GW de ces projets sont à des stades avancés de développement. Cela représente cinq fois la capacité solaire photovoltaïque et éolienne qui a été ajoutée dans le monde l'année dernière. En cause pour ces retards, le manque important d’investissement dans les réseaux et des cadres réglementaires inadaptés aux enjeux. Pour atteindre les objectifs climatiques, les investissements devraient doubler d’ici 2030 et ainsi atteindre 600 milliards de dollars/an. En Europe et aux États-Unis, les principales barrières relevées par l’AIE sont liées à l’acceptation de nouveaux projets par les populations et la nécessité de planifier et de rationaliser les processus administratifs.

Les pays du monde entier doivent ajouter ou remplacer 80 millions de km de réseaux d'ici 2040, soit l'équivalent de tous les réseaux actuels.

Aux Pays-Bas, les opérateurs de réseau ont mis en garde face à la quasi saturation du réseau électrique dans l’ensemble des provinces du pays. Le gouvernement a donc appelé les gestionnaires de réseau à conclure des accords avec les entreprises afin de réduire leur consommation d’électricité aux heures de pointe (16h-20h), en échange d’une redevance. D’autres solutions sont également proposées par le gouvernement dont la recherche de terrains pour l’extension du réseau, en les désignant comme « d’intérêt social important », et le raccourcissement potentiel des procédures d’autorisation  (voir article de SPGlobal du 20/10). Aux États-Unis, l’administration américaine a annoncé le 18/10 le plus grand investissement dans les réseaux électriques du pays, à hauteur de 3,5 milliards de dollars, alors qu’un rapport des Académies nationales des sciences, d’ingénierie et de médecine du 17/10 alerte, entre autres, sur les risques majeurs en cas d’échec à l’expansion des réseaux électriques. Un certain nombre de recommandations sont énoncées, dont la rapide mise en œuvre des nouvelles dispositions de la loi sur l’investissement dans les infrastructures et l’emploi (IIJA) et de l’IRA, ou encore la proposition d’options tarifaires par les autorités de régulation des services publics pour encourager la flexibilité de la demande tout en veillant à ce que l'électricité soit abordable (voir article de Utility Dive du 19/10).

Les pays proposent déjà des solutions pour résoudre la problématique du manque d'infrastructures énergétiques : aides financières, nouvelles législations mais également appels à la sobriété et à la flexibilité.

A ce manque d’infrastructures nécessaires à la transition énergétique s’ajoute une problématique de plus en plus présente : le réchauffement climatique. Dans un article de l’EDHEC Business School, des chercheurs montrent ainsi que les investisseurs dans les infrastructures (routes, aéroports, énergies, etc.) pourraient perdre plus de 50% de la valeur de leur portefeuille du fait des risques climatiques avant 2050 dans le cas d’un scénario tendanciel. Ce sont également dans les pays de l’OCDE que les pertes seraient les plus élevées, puisque « davantage de valeur sera détruite dans les endroits où existent des actifs plus onéreux » . Les infrastructures de transport sont de très loin les plus exposées aux changements climatiques d’après les chercheurs, suivies ensuite par les infrastructures énergétiques et en eau.

Les investisseurs dans les infrastructures pourraient perdre plus de 50% de la valeur de leur portefeuille du fait des risques climatiques avant 2050 dans le cas d’un scénario tendanciel.