Amende (dés)honorable — (dés)humanisation de la fonction publique en Suisse

Amende (dés)honorable — (dés)humanisation de la fonction publique en Suisse

#SensCritique x #MonQuartier: amende (dés)honorable — (dés)humanisation de la fonction publique en Suisse

En tant que plus-si-jeune entrepreneur qui gère l'installation de son arcade et de ses bureaux, me voilà confronté à une délicate question de quartier: le stationnement.

Prestataires, livraisons, pose de la moquette et j'en passe, faut que je sois là ET fleximobile. Mais devant mon arcade, il n'y a que des places bleues, limitées (pour faire simple) à 1h de stationnement.

Alors j'ai laissé sous mon pare-brise un mot manuscrit à l'attention des agents du Service du stationnement de la Fondation des parkings. Cette agence publique mandatée par la @Ville de Geneve contribue significativement au trésor de la République en verbalisant les véhicules mal garés.

«Bonjour. Aménagement arcade 15 Fort-Barreau. Ménage + entrée de meubles & matériel. Merci de votre compréhension! Miguel 077-XXX-XXXX.»

Vendredi 15, jour de l'inauguration de mon bail, je mets mon disque à 14h et vaque à mes occupations entrepreunariales: bibi-lavage des sol de mon arcade, entrée de meubles d'occasion acquis à la brocante du quartier, prépas de la soirée d'inauguration.

De quoi ne pas voir le temps passer.

A 16h10, je franchis la route pour aller à mon véhicule, et bim! Sous l'essuie-glace, une petite carte avec Code QR qui me signifie que j'ai été amendé, «avec temps de réflexion».

Je m'enquiers par téléphone de l'heure à laquelle le sympathique agent a sanctionné mon infraction: 15h28.

Arithmétique de base: dépassement depuis 15h, plus 10min de «tolérance». Il aura fallu 18min pour que tombe la sanction de 40CHF.

Soit. Je prends une photo quand même, parce que la nature morte disque + message + amende est assez parlante.

J'en serais bien resté là, mais trois jours après, rebelote. Au même endroit. Après... 18min de dépassement. Et là, bien remonté, je téléphone au numéro du service pour une conversation polie mais ferme qui s’avèrera édifiante — et dont les implications dépassent de loin mon cas d’espèce.

La cheffe de service, que m’a rapidement passée mon interlocutrice dépassée par ma question concernant mon propre dépassement, me tient le discours suivant:

«Dès lors qu’il constate une infraction, l’agent est obligé de la sanctionner, indépendamment des circonstances — sauf si le conducteur est physiquement présent, dans lequel cas il doit l’inviter à se mettre en conformité. »

Le mot sur le pare-brise? Inutile. Absence de macaron car entreprise en cours de constitution? Irrelevant. Écosystème de quartier, entrepreneur arrivant, tolérance de circonstance car aucun abus intentionnel? Niet. Et dans le cas d’un véhicule marqué comme appartenant à un médecin ou soignant à domicile? Kif-kif.

«Madame, en tant que citoyen, je m’indigne contre le fait qu’une instance publique exige de ses collaborateurs qu’ils se comportent comme des robots. Ce qui nous en distingue est précisément notre faculté à apprécier une situation et à adapter notre comportement en conséquence, indépendamment des consignes reçues.»

Ça s’appelle, entre autres termes possibles, la capacité de discernement. ChatGPT et consorts, programmés sur la base de « if A then B », en sont totalement incapables. Car il n’y a ni intelligence ni humanité dans ce qu’on nomme, à tort, «intelligence artificielle».

La responsable de service insiste. C’est comme ça et pas autrement. D’ailleurs, un agent qui céderait à la tentation de se laisser influencer par les circonstances et ne dresserait pas une contravention serait lui-même passible de sanctions. Il est o-bli-gé d’amender. Elle en profite pour me signaler que je n’écoute pas ses arguments imparables.

Je passe la seconde.

— «Madame, je vous prie de bien vouloir excuser l’intensité de mes propos, qui ne sont pas dirigés contre vous personnellement. Mais quand même, je trouve votre argumentation inacceptable.»

Je sais que ce que je m’apprête à dire ne va pas lui faire plaisir. Et j’y go quand même.

— «Loin de moi l’idée de comparer le travail de vos agents à l’Holocauste, mais la rhétorique que vous défendez est essentiellement la même qu’a invoquée Eichmann lors de son procès à Jérusalem en 1961: je ne faisais qu’aiguiller des trains et obéir aux ordres. Je n’avais donc pas à discerner ce qui se passait.»

J’aurais voulu évoquer, dans la foulée, une certaine Hannah Ardent, mais je capte que je flirte depuis un moment avec les limites de mon interlocutrice qui n’en demandait pas tant.

— « … »

J’embraie et I go for the kill. La chute de mon indignation m’est venue toute seule sur le moment.

— «Pour rester dans le concret, permettez-moi de vous soumettre un cas d’espèce qui m’est personnellement survenu il y a un an, et qui implique un agent public d’une régie nationale: les chemins de fer.»

Là, au moins, aucun point Godwin à l’horizon. Elle doit se sentir rassurée. Je poursuis mon cas précis — je vous la fais courte en mode fonctionnel:

Miguelito un peu au bout de sa life après perturbations ferroviaires made in Italia arrive à Milano depuis Rome avec trois trains de retard, à l’heure où part le dernier Milano-Genève de la journée. Heureusement, ce dernier a lui-même du retard, et est encore à quai. Sprint. Je me dirige tout droit vers le chef de train.

Places sur réservation uniquement, que je n’ai pas. Convoi plein comme un oeuf car perturbations multiples tout l’après-midi.

C’est donc avec une certaine humilité que j’explique au fonctionnaire à galons et casquette que je suis parti 10 heures (!) auparavant de Rome, sale journée, et que j’aimerais bien dormir chez moi ce soir.

Il serait plus qu’en droit de me répondre qu’en vertu de l’article 43C du code ferroviaire de la République italienne, il ne peut pas me laisser monter à bord, et que je n’ai qu’à prendre le premier train du lendemain après une bonne nuit dans une auberge milanaise.

Mais non.

De mémoire (j’ai relaté cet épisode dans ma chronique balkanique de l’an dernier), il me répond:

— «M’enfin, c’est le dernier train, on ne va quand meme pas vous laisser à quai. Certo, montez, asseyez-vous là où vous pouvez, et on s’arrangera après.»

J’ai eu affaire à un être humain, et non un robot, capable d’apprécier ma situation. Le facteur garant de notre humanité.

CQFD. Et in your face, Service du Stationnement de la Fondation des Parkings.

Olivier L. Wasmer

Avocat au Barreau, ancien député

1 h.

La stupidité crasse de certains,voire plusieurs, agents de l'Etat, tous services confondus, n'est plus à démontrer depuis fort longtemps.

Par ailleurs, contrairement à ce que vous affirmez, les véhicules disposant d’une carte médecins ou sérigraphié « SOS médecins » bénéficient d’une tolérance de deux heures supplémentaires à l’échéance de leur droit de stationnement en zone bleue ou en zone blanche (excepté les zones blanches payantes 30mn). Sur les zones d’interdiction de stationnement ne représentant pas de mise en danger pour les usagers, ils peuvent bénéficier d’une tolérance d’une heure.

Nous avons pris connaissance de votre message. Nous nous devons de réagir lorsque vous comparez – car au final, c’est bien ce que vous faîtes – les règles du contrôle du stationnement à la logique ayant présidé à la mise en œuvre de l’Holocauste. Nous sommes toujours attentifs à proposer des solutions aux usagers ayant des besoins particuliers, lorsque cela est possible. En l’occurrence, une solution très simple répondant à votre besoin vous a été proposée, ce que vous omettez – volontairement ? – de préciser. Après votre première amende d’ordre, vous avez appelé notre service, qui vous a expliqué ce que vous pouviez faire pour éviter une nouvelle verbalisation durant l’installation de votre arcade, à savoir que si vous souhaitez ou devez déroger à la limitation de temps de stationnement sur les places bleues, vous pouvez prendre un macaron de stationnement journalier virtuel, via multipark.ch. Ce macaron vous permet de stationner sur l’intégralité des places bleues du canton de Genève, sans condition particulière durant 5 heures en continu pour CHF 10.- ou toute la journée pour CHF 20.- Il aurait suffi que vous activiez ce droit lors de votre deuxième stationnement pour éviter d’être de nouveau verbalisé.

Jodoc E.

#GONFLABLES #INFLATABLES Designer et fabricant de structures gonflables sur mesure / High-tech custom inflatables Manufacturer and designer / technology for Big Events and corporations 🇨🇭 🇫🇷 🇺🇸 🇬🇧

11 h.

Entrepreneur, je vous conseille le deal c'est absolument sans risque et bien plus rémunérateur! Ces idiots de "gens honnêtes" se font tondre et traire! Les #co!s.. nous les dealers on est tranquille.s (et oui restons Wech woke.. ça aide dans le business, surtout à Lausanne) 😅

Bertrand COURTE

Technicien de maintenance

14 h.

Il me semble que l’objectif est de diminuer le trafic des véhicules sans le dire franchement. Prix des parking élevés, verbalisation et difficulté de se garer. Pour ma part la solution que j’ai retenu a été le vélo et la trotinette. Il peut être envisagé : déposer les affaires avec la voiture puis garer la voiture et repartir de la place avec une trotinette.

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