Analyse de l'ouvrage "Deux capitaines d'industrie se racontent" , de Gervais KOFFI DJONDO et Paul KAMMOGNE FOKAM;
L'ouvrage publié en 2019 est en quelque sorte selon les mots même des auteurs « un recueil d’arme de combat pour exister dans un champ de bataille qu’est le monde économique global, dans cette jungle économique où le savoir est l’arme la plus redoutable, où l’innovation est l’ingrédient indispensable pour la survie, où aucun répit n’est permis, où l’éveil est une obligation de survie ». En plus d’être une arme de combat, il représente aussi un puissant outil de réveil sinon d’éveil de la conscience collective sur l’entreprenariat en Afrique. Sa capacité à pouvoir attirer et retenir notre attention sur les sujets qui nous entourent est tel qu’en 2 jours, nous avons parcouru entièrement les 267 pages qui le constituent. Subdivisé en 13 chapitres, ils révèlent plus d’une clé nécessaire au jeune entrepreneur pour pouvoir s’émanciper économiquement.
Une idée, un objectif guide ces capitaines dans chacune de leurs entreprises : l’Afrique, aujourd’hui champ de ruine et de misère, peut être transformée en un ilot de prospérité, en un espace où il fait bon vivre, par l’action de ses créateurs de richesses tant matérielles qu’immatérielles. »
Le passage de cette misère au développement ne saurait être surmonté si on ne sait exactement de quoi il s’agit. La PAUVRETE se veut être un état de dénuement intellectuel, matériel et/ou moral qui empêche l’individu de s’assumer convenablement et de s’intégrer dans la vie sociale, économique, culturelle ou politique de la nation.
Cette transition ne sera visible que grâce à l’homme lui-même, seul responsable de sa vie, seul à décider de ce qu’il sera ou de ce qu’il ne sera pas : c’est l’approche bottom-up. Il devra mettre en place des groupements et/ou communautés pour parvenir à cet objectif car C’est en faisant des choses ensemble, des choses qui marchent, que nous finirons par imposer et faire mentir ceux qui prétendent que les africains ne peuvent faire ceci ou cela.
En effet la condition sine qua non pour réaliser un développement en Afrique reste l’unité de tous quel que soit l’origine, l’ethnie, la langue, le pays face à un camp adverse bien plus préparé, uni et travaillant conjointement pour maintenir leur domination économique sur ce marché de plus de 1 milliard d’individus. Cette coopération, cette union doit avoir un socle commun : la culture, garante de la réussite et de la pérennité de tout projet de développement. Cette culture fournira les armes pour braver les épreuves, et Dieu seul sait elles sont nombreuses, car à chaque fois que l’on réussit, c’est la vie des milliers de nos frères et sœurs qui change. Comme le disait le président DJONDO, à quoi ça sert d’avoir une position privilégiée si cela ne sert guère nos semblables ? Le succès se veut à la base une adéquation entre les réalisations de l’homme et l’équilibre de la communauté à laquelle il appartient. Ces champions, ces étoiles doivent briller, resplendir dans le ciel du maximum d’individus et créer de la lumière dans leur vie.
Cependant, cette lumière ne doit aucunement arriver sous forme de dons mais plutôt à la suite d’un travail acharné ! En effet tel que l’affirme les auteurs, « on ne consomme que l’argent qu’on a produit ». Cette idée qui sous-tend plusieurs parties du document s’avère aussi vrai pour l’aide » réservée depuis longtemps aux pays dits pauvres qu’au sein de nos unités familiales. Conformément à la culture qui est la nôtre, l’investissement économique et social ne doivent aucunement être dissociés ; évoluant ensemble, ils favoriseraient la croissance de l’économie familiale, jalons nécessaires à l’émergence d’une industrie industrialisante pérenne.
Quoi de plus beau que de voire des frères se mettre ensemble pour atteindre un objectif ? alors même s’ils ne sont pas frères, l’existence d’un ennemi ou d’un objectif commun permet à deux inconnus de briguer ensemble les armes lors de la bataille !
Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, les africains partagent tous cette volonté de s’affirmer sur le marché mondial en tant que puissance économique, de mettre fin au néocolonialisme, de valoriser leur identité culturelle et redevenir le berceau sur lequel peuples et nations peuvent se reposer sans le détruire. Pour cela, le goût du risque devrait être le cheval de bataille.
Un adage célèbre de chez nous dit : « qui ne risque rien n’a rien » c’est-à-dire que l’appropriation du risque est primordiale à la construction d’une entreprise surtout si celle-ci doit impacter le destin de milliards d’individus. Les bâtisseurs d’industrie doivent donc prendre les choses en mains, oser, être audacieux, rigoureux, persévérants, droits et justes. Le combat ne sera gagné que s’ils sont meilleurs, plus ingénieux que l’adversaire en face.
La reine Afrique a plus que jamais besoin de ses princes et princesses, véritables capitaines d’industrie, des champions, des entrepreneurs panafricains. Ces derniers sont des institutions issues de la volonté commune de l’entrepreneur et de l’état de créer des conditions optimales d’une croissance économique soutenue. Ils s’armeront :
- D’un objectif bien défini car comme une boussole, il permettra d’orienter chacun de nos déplacements
- Du rejet de toute limite à l’action
- De l’humilité
- D’une positivité à toute épreuve
- Et d’une persévérance sans égal face à l’échec.
Cependant, plusieurs freins internes (justice défavorable à l’entreprise privée, faible soutien des Etats, …) et externes (concurrence des multinationales, des accords de coopération non équitables, ...) ralentiront le processus. Ce choc des différents intérêts politiques et économiques loin d’anéantir la dynamique impulsée, doit permettre à l’entreprise de grandir. En effet dans plusieurs cas, le regroupement de plusieurs entreprises a permis de mobiliser les capitaux nécessaires pour surmonter les crises ou pour atteindre les objectifs de croissance. Il faut noter que l’entreprise ne connait pas la nationalité des capitaux, elle a besoin de liquidités et d’une bonne gestion ! Les africains devraient se désolidariser du fait de se replier sur eux-mêmes et à faire des projets minuscules qui ne peuvent rien changer au destin de leur continent, ni même de leur village.
Le processus sera long, couteux (financièrement, intellectuellement, psychologiquement, …) mais la persévérance et le travail acharné conduira coûte que vaille à ce glorieux destin. En effet toute entreprise si elle est humaine possède des points faibles, il suffirait juste de les identifier pour affaisser le roc qui obstrue la voie vers le succès.
Hyris