Après deux confinements, 43 % des femmes salariées envisagent de passer à temps partiel
43 % des femmes interrogées dans le cadre d'une étude menée par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine y réfléchissent, dans l'espoir de trouver un meilleur équilibre entre carrière et vie de famille.
À la sortie du reconfinement et alors que le télétravail devrait durer, 43 % des femmes envisagent de passer à temps partiel à l'avenir, d'après une étude. C'est le fruit d'une charge mentale et d'un stress accrus, mais aussi le signe que beaucoup, ces derniers mois, ont redéfini leurs priorités.
Toutes ne sont pas décidées, mais beaucoup y réfléchissent : 43 % des salariées françaises, contre 32 % des hommes, envisagent de travailler à temps partiel à l'avenir pour mieux assumer leurs responsabilités familiales. C'est ce que rapporte une étude (1) parue ce mercredi 16 décembre et menée par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine, spécialisé en risques psychosociaux et qualité de vie au travail. Pour les salariés interrogés, le télétravail a encore alourdi la charge mentale, qui pèse tout particulièrement sur les épaules des femmes. Pour s'occuper des enfants et du foyer la journée, plus de 4 salariés sur dix, hommes et femmes confondus, ont dû travailler en dehors des horaires de bureau habituels. Les mères actives dont c'est le cas 71 % sont particulièrement en souffrance : 78 % d'entre elles sont en détresse psychologique, contre 58 % des femmes en général.
Moins d'urgences, plus de flexibilité
«C'est l'incertitude des demandes de dernière minute dans le travail, plus que la charge de travail en elle-même, qui est génératrice de stress pour les parents salariés», soulignent les auteurs de l'étude dans un communiqué. Un coup de fil urgent à l'heure du déjeuner, un tourbillon de mails sans «bonjour» ni «merci» qui arrivent à 16h30, alors que les enfants rentrent de l'école... Autant de petits accrocs qui deviennent une injonction à répondre présente à tout moment, sans pouvoir s'organiser ni se ménager de pause dans la journée, avec les enfants par exemple.
Et si on acceptait de dire qu'on ne va pas bien ?
Six managers sur dix déclarent que certains de leurs collaborateurs sont en détresse psychologique. Mais huit sur dix déclarent aussi qu'il est plus difficile de repérer cette souffrance à distance. Il faut dire qu'un salarié sur deux admet faire s'emblant d'être de bonne humeur pour ne pas inquiéter ses collègues, même quand ça ne va pas. Résultat : ça va encore moins bien. Ceux qui se forcent ainsi à faire bonne figure affichent en effet des taux de détresse nettement supérieurs à la moyenne (67 contre 50 %). «Montrer une émotion différente de celle qu'on vit réellement est très coûteux psychologiquement, avertit Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d'Empreinte Humaine. Ce n'est pas bonne stratégie pour la santé mentale à long terme car elle prive des capacités de soutien et de résilience.» Mieux vaut donc, autant que possible, s'ouvrir à son manager ou à la médecine du travail.
D'où la volonté de plus en plus de répandue d'agencer son temps différemment, avec une place pour la vie personnelle ou de famille, sur le mode du "stop and go". Le confinement, en imposant le télétravail mais aussi un rythme de vie ralenti, a peut-être été l'occasion de goûter à un quotidien différent, où l'on a le temps d'aider ses enfants à faire leurs devoirs avant de se remettre à travailler, et où l'on n'est plus obligé de faire ses lessives à 22 heures. Certaines auront peut-être remis en question leur désir d'une carrière épuisante et qui prend toute la place. «Beaucoup de salariés ont revu leur priorité de vie, notent les auteurs de l'étude. Le fait de penser à prendre un temps partiel ou de demander plus de flexibilité des horaires est un marqueur notable de ces besoins plus forts d'équilibre psychologique.» Prochaine étape ? Inventer le rythme de vie dont chacune à besoin... et trouver comment le concrétiser.
(1) 5ème vague du baromètre Empreinte Humaine sur l'état psychologique des salariés à la sortie du deuxième confinement. Étude menée par OpinionWay du 2 au 9 décembre auprès de 2009 salariés.