Après le Brexit, PARIS Nouvelle Place Financière

Après le Brexit, PARIS Nouvelle Place Financière

Pour que Paris devienne la nouvelle place financière d’Europe et pourquoi pas du monde, il est nécessaire de lancer une campagne immédiate de promotion du trading, de la banque d’investissement et de la gestion d’actifs fondés sur l’excellence française en termes de produits dérivés. Réconcilier les Français avec la finance de marché est indispensable pour relever ce défi qui s’offre à Paris, la région Parisienne et l’Ile de France.

Les stratégies de communication des banques de financement et d’investissement majeures devraient être calibrées autour des atouts concurrentiels français reconnus dans le monde: l’ingénierie financière, voire les montages et la structuration permettant un raccourcissement du circuit émetteurs, investisseurs et minimisant la consommation de fonds propres.

Les responsables politiques, les médias, les enseignants et les femmes ou hommes d’influence devraient commencer par objectiver leurs propos concernant la finance et les banques en positivant ce qu’elles font. Ils gagneraient à ne pas obscurcir le palmarès de ces acteurs de marché et éviter d’assombrir ou de minorer leur rôle dans l’économie et la croissance.

La Société Générale Corporate & Investment Bank (SGCIB) était déjà pionnière sur la place de Paris en 2006/2007 dans son programme « Step Up 2010 ». Ce programme initié par l’ex-patron de SGCIB, en avance sur son temps, bénéficiant d’une vision stratégique ingénieuse et innovante prévoyait déjà un modèle d’activité favorisant le renforcement de la capacité d’origination en phase avec une expansion de la capacité de distribution. En cette période, la banque d’investissement de la Société Générale était dans un tel mouvement d’ascension et dans un tel esprit de conquête qu’elle pétrifia les autres banques d’investissement françaises.

La banque de financement et d’investissement de la SG n’a donc pas attendu la crise pour élaborer une stratégie orientée client, elle se dotait des moyens adéquats. Elle anticipait déjà une évolution qui allait dans le sens des règles Volcker de la réglementation Dodd Frank Act : justifier un trading pour compte propre puissant pour mieux coter aux clients finaux. Tout cet élan fut freiné voire différé en raison de  la crise des subprime, de la salve des nouvelles réglementations  et de l’urgence à refonder les processus de contrôle et de la sécurité des opérations de marché. Le barycentre de la stratégie de la banque mécène du Rugby s’est déplacé faisant preuve d’une certaine agilité. Elle reprit le flambeau depuis un quinquennat pour mettre en place à nouveau un modèle d’activité performant sous-tendu par un modèle opérationnel plus sécurisé en cohérence avec les principes directeurs de sa stratégie et conforme au nouveau paysage réglementaire.

Il est important que la campagne de communication des banques d’investissement devienne à la fois offensive et ouverte, brandissant fièrement ses métiers. Elle doit commencer par mettre en valeur sa population de traders qui reste méconnue et souvent pilonnée d’anathèmes par une pensée anachronique fabricant des adversaires artificiels. « Ignorance est mère de tous les maux » disait Rabelais.

Le trader n’est pas un stéréotype, levons les rideaux, écartons les tabous ! Son univers peut sembler hermétique, mercantile et hautement spéculatif. Formuler que la spéculation pourrait avoir un effet vertueux et essentiel sur la modernité et la dynamique économiques risque de traumatiser les bien- pensants. La finance et les traders sont souvent hués en France, ostracisés, violemment critiqués, jugés, et diabolisés. L’éclosion d’une vérité à l'issue d'un chemin de croix pédagogique rendra à néant ce populisme démagogique.

L’aspect vertueux du trader est censuré, relégué aux bas fonds. Sa mission, originellement essentielle pour l’économie, est ternie, flétrie par des fraudeurs qui n’ont jamais appartenu à sa lignée et à sa singularité. En réalité, il s’agit de reconvertis provenant d’univers dont l’existence est accessoire à l’activité de trading. La carrière de ces charlatans de la finance de marché a été toute autre que celle des traders dont les premiers pas dans le monde du travail ont pénétré cette sorte d’aréopage, d’aquarium connu sous le nom de salle de marché. Nous dirons même que leur avenir naquit dans ce lieu  particulier et nourricier.

Traiter sur les marchés financiers et prendre des positions n’est donc certainement pas une activité virtuelle comme le laissent entendre les démagogues. Cette affirmation risque d’être perçue comme un oxymore, étant symétrique au verbiage stérile et fallacieux des beaux salons parisiens qui bannit  le  monde de la finance et son ancrage dans le virtuel. L’ignorance atteint des sommets et les responsables politiques n’arrivent pas à apprécier à leur juste valeur ce fleuron de la finance mondiale, notamment des produits dérivés dont le berceau prit corps et forme à Paris, oui capitale de la France. Sa spécialisation est dans la conception, évaluation et traitement des produits financiers sur mesure tels les orfèvres, les créateurs de haute couture, les ingénieurs de l’aérospatiale et du nucléaire, les grands chefs de la gastronomie française et ces artisans qui ont fait la fierté de la nation. La Société Générale, par exemple, occupe depuis deux décades la place incontestée de championne du monde des dérivés sur actions et parfois des produits structurés combinant plusieurs facteurs de risques et de sous-jacents. BNPParibas la suit de très près œuvrant à maintenir les banques françaises dans le peloton de tête de la première division de la finance de marché, la division de l’excellence. La SG et BNPP disputent la première place par segment d’activité de marché aux banques hyper puissantes que sont Goldman Sachs, Morgan Stanley et bien d’autres. Rejeter cette capacité française, la dénigrer, l’abandonner, pire la céder à d’autres places financières et à d’autres bastions de la finance serait une carence de lecture, de maturité politique, de culture économique fondamentale et une irresponsabilité tout court.

La force de trading dans la banque d’investissement est indispensable pour garantir des circuits de financement riches et alternatifs à l’économie réelle et principalement à l’investissement. Cette force de trading se fonde sur l’appât du gain, la récompense de prises de risque en continu et sur un certain élitisme nécessaire à certains types d’activité. Sa motivation reposant essentiellement sur une forte rémunération fixe et variable, se justifie par son positionnement incontournable sur toute la chaîne de valeur de la banque de financement et d’investissement. Ces vrais enjeux que nos politiques ne saisissent pas ou bien font semblant d’ignorer méritent d’être élucidés.

         En réalité, lorsque les industries cherchent des ressources à moyen & long terme, elles se tournent vers les banques de financement pour arranger et « originer » les émissions d’actions et d’obligations au meilleur coût du capital. Ce coût ne peut être minimisé que s’il est assuré par des teneurs de position et de risques appelés des « traders », dans l’attente d’une distribution à des investisseurs.

Moins une banque est capable de tenir des positions, moins elle est capable de bien coter. Elle renchérit dans ce cas le coût de la dette des entreprises industrielles ainsi que le coût de ses projets de recherche, de l’innovation, de production et de développement durable.

Les grandes entreprises industrielles, les assureurs et les PME ont un besoin accru d’ une population de trading de qualité logée dans les banques d’investissement pour réaliser leur couverture de risques de taux, de change et de matières premières/énergie. Ainsi, pour minimiser les coûts d’immunisation contre ces risques, d’être conformes aux nouvelles normes comptables IFRS, elles ont intérêt à avoir en face comme contrepartie des traders motivés, talentueux et très compétents. Dans le cas contraire, nous assisterons à une augmentation des prix et des tarifs des produits finis. Cette remontée des prix sera immédiate ou à terme nuisant fortement au pouvoir d’achat ou risquant de gonfler les stocks des invendus, donc les frais financiers des entreprises de l’économie réelle.

Les impacts d’un affaiblissement de la force de trading s’exerceront mécaniquement sur l’offre de la gestion de fonds générant une paupérisation de sa gamme voire une régression sans précédent. Les asset managers classiques et structurés couvrent leur risque de marché, quelque soit le sous-jacent grâce à la dynamique du trading qui se charge de la cotation des instruments allant des plus simples et linéaires aux structures les plus convexes et complexes. Dans le cas où les fournisseurs de prix se raréfient ou deviennent sous compétitifs, les frais de gestion seront plus élevés compte tenu de coûts de transaction plus onéreux. Par conséquent, un effet d’éviction des investisseurs et une dé- collecte massive s’en suivraient.

Le changement des règles du jeu profitant aux traders, mais surtout à toute l’économie aura des incidences désastreuses sur l’emploi et le coût du capital des secteurs les plus prometteurs.

La crise des « subprime » a pris sa source dans la distribution des prêts immobiliers – les originateurs, les structureurs et les arrangeurs ont aggloméré ces créances douteuses dans des pools et les ont distribué aux traders, hedge funds et autres investisseurs.

Il convient de rappeler que l’explosion des « spreads » (écarts) de crédit (la composante clef de la cotation des instruments financiers de crédit) a impacté tous les portefeuilles de trading et d’investissement.

Tout cela a stigmatisé, par pure ignorance, la population des traders en raison de frustrations multiples accumulées chez tous les agents économiques. Ce phénomène est dans la ligne droite des croyances métaphysiques et anthropomorphiques, s’apparentant à la diabolisation des agents de change du 19ème siècle, si utiles à la révolution industrielle. Ce populisme nourrissait les déviances démocratiques honteuses et des amalgames insoutenables.

 Face à ce lynchage synchrone et incohérent, les traders se sont vus timorés, démotivés sur une certaine période, quelques uns ayant perdu leur réflexe d’homme de marché, désorientés, ils n’avaient plus de direction pour le marché (traders pour compte propre et autres traders) – des traders arrivaient à leur desk (table de trading) en face d’eux il n’y avait plus de contrepartie, plus de marché et plus de cotations.

 Les impacts sur le secteur financier et sur l’économie réelle ont été désastreux et un certain nombre de secteurs le ressentent toujours. Des pans entiers de notre économie risquent d’être ravagés par la crucifixion des talents français ayant conquis le monde par leur savoir-faire, ingénierie et courage sur les produits dérivés complexes. Bien entendu, des doctrinaires lèveront leurs voix obsolètes en dénonçant la manipulation ou l’inadéquation de la prime de risques de ces produits. A cela, il faut répondre clairement que la conception de ces structures de produits répondait à des attentes, des horizons d’investissement et des besoins des émetteurs ou emprunteurs de fonds et des investisseurs.

 Si les responsables et acteurs financiers, politiques souhaitent que Paris et la région Parisienne soient la nouvelle place financière forte d’Europe et donc du monde, leurs ambassadeurs protéiformes devraient mettre en valeur ces vertus d’une manière décomplexée. Les Présidents des banques ainsi que leurs cabinets devraient être didactiques en expliquant avec panache les bienfaits de la finance et du trading, leurs impacts positifs et insubmersibles sur l’économie réelle.

(Suite prochainement sur la thématique des Hedge Funds et leurs impacts positifs au cours d'un débat dans un salon littéraire Parisien - Didactisme et Scénographie des Paradoxes)

Thomas Hamon

Graphiste Édition jeunesse // Freelance // 🌱 🌍

8 ans

ça va te faire rester ? :D

Marion Bauer

Group Accounting Director - Owkin

8 ans
Hervé Kruger

Expert-comptable et Commissaire aux comptes, Fiscaliste, Enseignant et formateur

8 ans

Il faudrait à tout le moins éviter de faire peser sur les institutions financières établies en France des charges fiscales spécifiques qui n'existent pas dans d'autres pays : Supprimer ou au moins réduire la taxe sur les salaires, faute de quoi les établissements qui partiraient de Londres iraient forcément s'installer sous d'autres cieux, outre-Rhin ou ailleurs...

Stephen Hürner

“La liberté, seule valeur impérissable de l'histoire.” A. Camus

8 ans

La France passe avec douleur à une économie du tourisme et ce n'est pas la farce de la loi El Khomri, les images de Paris empoubellée, celle des casseurs de l'hôpital Necker ... etc. qui me feront changer d'idée. Je ne vois pas qui va redresser la barre. Juppé ? Sarkozy ? Des has been. Dans ce paysage méfions-nous des anglais, c'est une grande nation qui risque fort de ne pas avoir dit son dernier mot. Et qui investirait en France, pays remarquable mais où derrière chaque virgule se trouve de la sécurité sociale !

elisabeth grassart

Professeur de gestion chez Education Nationale - P@irformance

8 ans

un pays où un maximum de salariés sont en grève ne peut pas devenir place financière ; il faut être réactif à la seconde près ; le France est trop plan plan

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