Assassinat de Samuel Paty… Condamnations de treize à seize ans de réclusion criminelle pour les quatre principaux accusés Vendredi 20 Décembre 2024
Photographie du professeur Samuel Paty, brandie lors d’une marche commémorative en son honneur, le 20/12/2024 à Conflans-Sainte-Honorine © LEWIS JOLY

Assassinat de Samuel Paty… Condamnations de treize à seize ans de réclusion criminelle pour les quatre principaux accusés Vendredi 20 Décembre 2024

lemonde.fr | Article publié le Vendredi 20 Décembre 2024 à 21h17mn ; modifié le Samedi 21 Décembre 2024 à 00h29mn

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/12/20/assassinat-de-samuel-paty-les-deux-amis-du-tueur-naim-boudaoud-et-azim-epsirkhanov-condamnes-a-seize-ans-de-reclusion-criminelle_6459915_3224.html

« Le Monde » avec l’AFP,

Les deux amis de l’assassin, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été condamnés à seize ans de réclusion criminelle. Les deux auteurs de la campagne de haine en ligne contre le professeur, Brahim Chnina, le père de la collégienne, et Abdelhakim Sefrioui, le prédicateur islamiste, ont, eux, été condamnés respectivement à treize ans et quinze ans de réclusion criminelle. Les quatre autres accusés se sont vu infliger des peines allant de un an à cinq ans d’emprisonnement.

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés, Vendredi 20 Décembre 2024, à seize ans de réclusion criminelle par la cour d’assises spéciale de Paris.

Brahim Chnina, le père de la collégienne âgé de 52 ans, et Abdelhakim Sefrioui, le prédicateur islamiste âgé de 65 ans, les deux auteurs de la campagne de haine en ligne contre le professeur Samuel Paty, ont pour leur part été reconnus coupable d’association de malfaiteurs terroriste (AMT) et condamnés respectivement à treize et quinze ans de réclusion criminelle.

Les quatre autres accusés ont également tous été condamnés à des peines de prison allant de un an à cinq ans d’emprisonnement. Pour deux d’entre eux ― Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar, la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel ― une femme appartenant à la « djihadosphère » qui était en contact avec l’assassin de l’enseignant sur les réseaux sociaux ― de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme.

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« Prisonnier politique »

« Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné.

« J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box M. Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir.

Vincent Brengarth, un des avocats de M. Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur islamiste, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du condamné.

Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté.

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Le Parquet National AntiTerroriste (PNAT) avait requis des peines comprises entre 18 mois de prison avec sursis et 16 ans de réclusion criminelle contre les huit accusés, âgés de 22 à 65 ans. Ils comparaissaient pour leur implication, à des degrés divers, dans l’assassinat de Samuel Paty par Abdoullakh Anzorov, un jeune islamiste radical réfugié tchétchène, en 2020. Les parties civiles avaient été outrées par des réquisitions qu’elles jugeaient « trop clémentes ».


La période de sûreté non retenue pour les deux amis complices

La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud, 22 ans, Azim Epsirkhanov, 23 ans, et Abdoullakh Anzorov sont allés à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime.

Au cours de l’audience, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov ont répété qu’Abdoullakh Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 Octobre 2020, Naïm Boudaoud, le seul sachant conduire, a accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’a déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty.

Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Abdoullakh Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné son président, Franck Zientara, « il n’est pas démontré que [les deux jeunes gens] étaient avisés de l’intention d’Abdoullakh Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». La cour n’a pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre.

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Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostiles au professeur dès le 7 Octobre 2020.

Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur d’une association pro-Hamas, et aujourd’hui dissoute, il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Abdoullakh Anzorov avait vu la vidéo de M. Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que [MM. Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui] avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a dit M. Zientara.

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« Le Monde » avec l’AFP

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