Attirance mutuelle 2

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Je m’appelle Sasha, et j’ai vingt-six ans. Je suis avec Maudy depuis deux ans. Je l’ai entendue se plaindre de moi. Je n’ai ni permis ni voiture, et elle s’arrange toujours pour m’amener à mes entraînements de volley-ball. Elle semblait très disponible pour moi parce qu’elle était amoureuse de moi. Je pense que je l’aime, mais pas autant qu’au début. Je ne sais plus trop ce qui m’avait attiré vers elle. Elle ressemble à la copine de mon frère, elle ressemble aussi à ma mère. Elle est blonde aux yeux bleus et bien en chair. Je ne suis pas forcément fan de son corps. Nous nous sommes rencontrés dans un bar. Elle semblait très à l’aise avec son corps, très légère psychologiquement, pleine d’humour. Je crois que c’est ce qui m’a attiré vers elle. Elle s’est montrée très entreprenante. J’ai cédé à ses avances. De bonne famille, elle est du même niveau social que moi. Elle travaille déjà, dans une agence immobilière. Elle en est la responsable. Ça aussi, j’ai aimé. Lorsqu’elle m’a embrassé, j’ai accepté d’entrer dans la danse. Nous avons passé un merveilleux moment, main dans la main, dans le parc. Une fête foraine était installée. Nous nous sommes amusés à tirer à la carabine sur les ballons de couleur ventilés pour rendre difficile l’impact. Nous riions, nous nous bousculions, nous nous touchions. Je n’en avais pas vraiment l’habitude. C’était perturbant ! Ses mains douces caressaient fréquemment mes joues, j’ai aimé. 

Mais deux ans et ma dépendance à elle ont eu raison de son élan. Plus les jours passaient et plus elle me reprochait de ne pas me débrouiller tout seul. Elle a fini par me rabaisser devant les potes en exprimant son mépris : « Et en plus, je me le coltine ! Je suis le taxi de monsieur ! » Je ne suis jamais intervenu, mais ça m’a touché profondément. Je l’avais acceptée telle qu’elle était, j’avais même envisagé de fonder une famille avec elle, après mes études. Ma mère l’a adoptée, elles rigolent ensemble, sont devenues des amies. Impossible d’imaginer une séparation. Ma mère m’en voudrait ! Et Maudy me le ferait payer. J’ai découvert en elle une femme rancunière, râleuse et éternelle insatisfaite. Elle parle énormément, me coupant la parole le plus souvent. J’ai fini par me taire et la laisser faire. Nous n’habitons pas encore ensemble. Elle prévoit cette éventualité dans les deux prochains mois. Je ne suis pas vraiment emballé. Je ne l’ai pas dit. En conflit interne, je ne la désire plus du tout. 

Dans ces dispositions, je n’ai pas pu faire autrement que de chercher une issue. J’ai vu Céleste, vingt ans, métisse, étudiante. Elle représente tout ce que je dois éviter pour ma mère. Je me souviens qu’elle nous avait dit à mon frère et moi : « Surtout, ne tombez pas amoureux d’une fille noire ! » Inconsciemment, Céleste est l’occasion de me rebeller face à ma mère. Je n’ai pas encore fait ma crise d’adolescence, je ne suis pas insolent, maman ne m’a jamais autorisé à dire ce que je pensais, ce que je ressentais. J’en ai assez. En Maudy, j’ai perpétué ce comportement de mutisme, de soumission. Je ne suis bien qu’avec mes copains, qu’en pratiquant mon sport de prédilection. Là, je me libère et je sais que je suis respecté, que je peux montrer mes meilleurs atours. Céleste, j’ai tout de suite aimé la côtoyer, même si je suis avec Maudy, même si elle sort avec Yaël, un pote. 

Je n’ai pas réussi à lui résister. Plus je tourne ce que ma mère me disait dans ma tête, plus je suis attiré insoutenablement vers Céleste. Je me suis arrangé pour la voir aussi souvent que possible. 

Irrésistible, elle était irrésistible ! Ah Céleste !

Cet extrait est inspiré de mon ouvrage : Les filles touchent l’eau et les garçons voient une étoile filante.

Bénédicte Deleplanque

Coach, en cours de certification JOURNAL CREATIF©, Photographe Accompagnement créatif libre et joyeux

5 ans

Belle connaissance de l être humain et de ses méandres intérieurs .. vécu ou pas, cette histoire doit parler à beaucoup ! Elle me touche car elle parle de notre part d ombre qui attire d autres ombres ... et tant que la lumière n y est pas nous nous laissons conduire par l illusion du jour ...

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