🌿 Au boulot | Hard tech | Filmer le vivant | Ça converge | Utopies 2030 | Liens à battre | C'est gratuit...
Image tirée du prochain film de Sylvère Petit, « La Baleine » (lire ci-dessous) ©Sylvère Petit

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1. Au boulot

Alors ces vacances ? De retour au ministère de la Culture, Rachida Dati a retrouvé ses dossiers fav’ : fusion de l’audiovisuel public, réforme du Pass culture… et son « Plan culture et ruralité ». Issu d’une large consultation au printemps, il était annoncé début juillet et décliné en 4 axes : 1/ valorisation des musées ruraux, troupes amateures… ; 2/ soutiens aux radios, librairies, festivals, etc. à impact local ; 3/ mobilité des œuvres et artistes ; 4/ chefferies de projet ultra-locales. Bonne reprise.

Hard tech’. Entre temps, le Centre national de la musique (CNM) a sorti deux travaux d’ampleur. A) les résultats de son diagnostic pour « réduire l’empreinte carbone » (REC) de la musique enregistrée made in France, de sa production à son écoute. Conclusion : un impact égal à + d’un million d’AR Paris-New York en 2022 (et x3 attendu d’ici à 2030), dont 51% dû aux terminaux (téléphones, ordis, etc.), 22% à la distrib’ digitale (plateformes et serveurs), et 23% d’électricité pour l’écoute (nous). Pas simple.

BPM. Et B) ses quatre « scénarios prospectifs pour orienter la transition (SPOT) » de la filière musicale pour zéro carbone de l’économie française à horizon 2050. Leurs noms parlent d’eux-mêmes : 1/ « À bicyclette » (Yves Montant) = frugalité et guitares sèches ; 2/ « Come Together » (The Beatles) = coopération, sobriété, efficacité ; 3/ « Computer Love » (Kraftwerk) = vive les technologies « vertes » ; et 4/ « Harder Better Faster Stronger » (Daft Punk) = perdus pour perdus. Une question de rythme.

Et aussi, après Gojira, Fakear ou Shaka Ponk, Indochine sera la tête d’affiche du prochain Ocean Fest d’Hugo Clément et Worakls, à Nice le 16/11, aux côtés de Worakls Orchestra, Vernis Rouge, Umbree et Magmay. Les bénéfices iront aux assos Sea Shepherd France, NaturDrive, Paddle Cleaners et OneVoice.

2. « Faire alliance avec d’autres espèces pour mieux donner à voir le vivant » – Sylvère Petit

Une enfance passée à observer les animaux, et voilà que Sylvère Petit les invite au cinéma. Mais loin des standards du cinéma animalier, tant ses films donnent à voir d’authentiques rencontres entre humains et autres vivants, proposant une nouvelle approche « inter-espèces » du septième art.

À l’occasion du festival de cinéma Atmosphères dédié à l’écologie, qui se tiendra du 9 au 13 octobre 2024 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Baptiste Thomasset a voulu en savoir plus sur ce réalisateur mi-poète mi-éthologue, et sa manière inédite de faire du cinéma. Rencontre avec ce cinéaste passionné du vivant.

Dans tes films, tu invites les spectateur·ices à regarder le monde à hauteur d’abeille, de taureau, de corneille ou de chien. Qu’est-ce qui t’a amené à t’intéresser, caméra au poing, aux relations entre humains et autres vivants ?

Sylvère Petit : Ce qui me dérangeait dans les films du vendredi soir, c’est que ça restait du cinéma d’humains, entre nous, entre primates sociaux. On adore se regarder au cinéma et on se prive de la complexité du monde. J’essaye avec mes films de faire des alliances avec d’autres espèces pour proposer de nouvelles histoires.

Pour filmer la jument Stipa dans Vivant parmi les vivants, j’ai passé plusieurs semaines sur le Causse Méjean à observer, à rentrer dans un monde de vieille jument – et ce même après sa mort – pour essayer de lire des comportements, une personnalité, une organisation sociale. Et tenter de traduire une émotion équine plutôt qu’un discours scientifique avec la caméra.


« Pour filmer Stipa, je suis entré plusieurs semaines dans un monde de vieille jument. » ©Sylvère Petit

Ce n’est pas évident, mais ça ouvre à des formes très créatives, ça décentre notre regard. Et surtout, ça évite de ramener continuellement le centre de gravité vers notre nombril.

Dans ses livres, la philosophe Vinciane Despret nous invite à « faire preuve d’imagination pour nouer d’autres relations au vivant ». C’est ce que tu essayes de faire avec ton cinéma ?

Quand j’ai découvert la pensée de Vinciane Despret, avec son livre Quand le loup habitera avec l’agneau, j’ai eu la sensation libératrice de rencontrer une amie. J’étais heureux de savoir qu’il y avait quelque part une penseuse qui invitait les autres vivants en philosophie. J’ai eu le même enthousiasme avec Baptiste Morizot qui complétait le geste en quittant lui-même les amphithéâtres pour s’inviter sur le terrain parmi les autres vivants. Je les attendais depuis longtemps !

Vinciane et Baptiste nous expliquent que l’enjeu autour du vivant, ce n’est pas une affaire d’écolos qui aiment les fleurs et les animaux. C’est une question de représentation au monde et d’habitabilité de la Terre. Il est impératif de transformer nos relations au monde vivant, et à partir de là, d’inventer des formes d’organisation politique qui intègre l’ensemble des formes de vie.


La jument Stipa, héroïne du documentaire « Vivant parmi les vivants » (2023) ©Sylvère Petit

En tant que réalisateur, ces enquêtes philosophiques autour du vivant m’accompagnent beaucoup. Mon travail, c’est de fabriquer des histoires avec des images, et cela influe sur les inconscients, les héritages culturels et les imaginaires collectifs. Il y a là une lourde responsabilité indirecte. C’est pour ça que j’essaye de faire des films inter-espèces, d’imaginer des récits dans lesquels on vit tous ensemble. Je veux inviter les vautours, le plancton, les abeilles ou les chevaux de Przewalski dans nos imaginaires.

Cette transformation des imaginaires ne se retrouve pas dans le cinéma animalier classique ? 

Le cinéma animalier est très codé et hérite pleinement de notre tradition dualiste homme/animaux, nature/société. Schématiquement, il est divisé en plusieurs courants portant chacun des imaginaires simplistes du vivant. Il y a d’abord le film scientifique qui véhicule une vision naturaliste : la nature est quelque chose d’extérieur à nous que l’on étudie. Je dis souvent que c’est un cinéma qui nous apporte de la connaissance mais qui nous fait rarement faire connaissance. (…)

Lire la suite de l’entretien sur Pioche!. Programmation, séances et réservations pour le festival de cinéma Atmosphères, du 9 au 13/10 à Courbevoie (92), sur le site de l’événement.

3. Grosse rentrée

Lire pour le vivant. Il existe en Savoie un festival d’auteur·es qui « outillent et préparent les générations actuelles et futures à la nécessaire transition sociétale ». Mieux, cela fait 23 ans que ça dure. Livres en Marche, c’est ce week-end près de Chambéry, et à nouveau les invité·es (et sujets) sont de haute volée : Pablo Servigne, Charlène Descollonges, Pierre Haski, Olivier Poivre d’Arvor, Heidi Sevestre, Aurélien Barrau…

Fiesta perfecta. Plus au Sud, le festival Utopia revient à la Friche la Belle de Mai marseillaise pour affirmer ce que peut être une bonne (grosse) fête engagée autant sur les questions écologiques et sociétales qu’à l’avant-garde des musiques électroniques de danse. Samedi, Pioche! a le plaisir d’y organiser sa « fête parfaite® », soit une table ronde, suivie d’un DJ set de Fakear sur sound-system Pikip Solar Speakers. Be there.

Ça converge. Parisien·nes ce week-end ? Consolez-vous au Consulat Voltaire où les assos Action Justice Climat et Les Amis de la Terre organisent samedi l’événement Vierage (pas de faute ici). Sous-titré « rencontre pour une écologie populaire », six conférences développent dès 14h les questions d’écologie et de luttes locales pour « agir tout en luttant contre l’exclusion sociale, le racisme et le néocolonialisme ». Ensuite, la fête.

Et toujours à Paris, l’ultime date de l’éco-festival itinérant Kiosquorama – qui redonne vie aux kiosques en Europe – c’est ce samedi au Clos des Blancs Manteaux (Paris 4e) avec les concerts gratuits de Création Doux Mots Dits, Louise Combier et Jann Beaudry, et le village éco-citoyen d'initiatives locales pour sensibiliser une conso plus durable en ville. Poussettes bienvenues.

4. C’est passé chez Pioche!

Utopies 2030. Encore aujourd’hui, ce qu’il s’est passé à Montpellier durant ce mois de septembre nous laisse l’œil humide et le cœur chaud. Chez Pioche!, avec la petite équipe derrière le 2030 Festival, nous faisions le vœu de proposer un événement choral où de multiples acteurs engagés de la cité – associations, lieux culturels ou associatifs, artistes et universitaires – donneraient le meilleur d’eux-mêmes au même moment. Avant de tous se retrouver pour un grand concert final.


Ce fut un sacré travail de coordination (bsartek Pierre à nouveau), mais le résultat est là : mission accomplie avec, du 5 au 22 septembre, 38 événements – conférences, ateliers, projections, théâtre, balades philosophiques au jardin, lectures, cleanup, concerts… – co-portés par les habitant·es en vue de transformer collectivement la Métropole. Le tout sous le haut patronage du premier des Montpelliérains Edgar Morin, parrain magistral de cette édition.

2030 en 2025. L’heure du bilan est encore devant nous mais une chose est sûre, la suite s’écrira à grands coups de coopération, d’actions citoyennes et d’artistes en ville. On en parlera bien sûr ici. Vivement !

Entre temps, Pioche! co-programmait les conférences de la scène IDéal du festival Cabaret Vert (Charleville-Mézières du 15 au 18/08), et y invitait, pour parler de rap ou d’éco-féminisme, d’alimentation, d’information ou de démocratie les artistes Molécule et Pumpkin, les activistes Thomas Brail et Léna Lazare, mais encore David Irle, Matéo Bales, Samah Karaki ou Achraf Manar. C’était bien.

5. Boom selecta

Le livre. Pour le chercheur Raphaël Besson, qui signe Pour une culture des transitions, la question n’est plus de savoir si la culture doit être un levier de la transition écologique, mais comment. Celle-ci doit s’appuyer sur les formes de faire issues de la transition – coopération, facilitation, hybridation – pour nourrir des approches culturelles « vivantes », alors véritables leviers d’une « politique culturelle des transitions territoriales ». Fiche de lecture sur l’Observatoire des tiers-lieux.

La conf’. Retour d’été oblige, on se branche sur les chaînes YouTube des événements à la programmation de rencontres et conférences stimulantes. C’est bien sûr le cas de la toujours exigeante Manufacture des idées (21-25/08), ainsi que des 20 ans des éditions de l’Attribut (26-18/06), pour explorer les ancrages entre culture et écologies. Pour les plus aguerri·es, cette série du « l’architecture en transition » par la Maison Architecture Occitanie. Have fun.

Le média. On salue ici les ami·es de Fracas – et leur rédaction d’ex-Socialter, (re)lire notre interview ici – dont le premier numéro papier vient d’arriver dans notre boites aux lettres. Au menu, de l’écologie radicale comme on aime sous toutes ses formes – enquêtes, analyses, portraits, interviews, BD – avec en bonus une carte des pensées de l’écologie à punaiser au mur, du meilleur effet pour accueillir vos invité·es. Bravo.

La vidéo. Quand l’asso – que l’on aime beaucoup – Music Declares Emergency, sollicite sa communauté de musiciens engagés pour réaliser un clip et sensibiliser largement à la cause climatique par la chanson, sur le papier on aime. Dans les faits, pas sûr que le morceau connaisse la même postérité que le célèbre « We Are The World » mais l’effort est louable et, en vrai, on a siffloté « I Wanna Be Cool » sous la douche.

6. Liens à battre

Vous avez un projet ou une annonce à faire paraître sur Pioche! ? Écrivez-nous à contact@piochemag.fr.

  • Lecteur·ices fidèles de Pioche!, vous connaissez notre attachement au festival La P’Art Belle, qui a lieu l’été à Sarzeau (lire ici, ici et ). L’aventure est malheureusement en péril et le festival sollicite tout soutien pour se maintenir à flot. C’est ici pour apporter son aide.
  • Edwy Plenel, Arié Alimi, Lumir Lapray, Kévin Vacher, Raphaël Llorca, Erwan Lecoeur... Près de 30 personnalités interviennent dans cette série de masterclasses 100% gratuites « pour mieux comprendre et défendre la démocratie ».
  • Quel rôle peuvent jouer les collectivités territoriales et leurs politiques culturelles face à l’urgence écologique ? Ce cycle de webinaires proposé par Culture•Co et la Fabrique des Transitions aborde la question en longueur.
  • « Architecture bio-sourcée et art populaire », tel est le thème en couverture du 15e numéro du Low-Tech Journal, publié par le mouvement du même nom. À découvrir.
  • Besoin d’aide pour mesurer la mobilité se vos publics ? Une fiche pratique vient a été élaborée cet été par une vingtaine de structures lors d’un atelier mené par Elemen’Terre. Document à retrouver ici.

7. Confipotes

🤓 Merci d’avoir parcouru jusqu’ici cette nouvelle édition de Pioche!. Qu’en pensez-vous ? Écrivez-nous (sans filtre) à contact@piochemag.fr.

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Benoît LANUSSE

Agir de manière constructive pour + de trains

2 mois

Bon retour aux affaires, Jean-Paul, et bons nouveaux équilibres 🎶 🎸 🍻 🍼

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