Au delà de 30 000€, prenez tout M. Macron!

Les années 80 sont finies. En 2017, beaucoup d’entrepreneurs n’envisagent pas leur démarche comme le plus court chemin pour engranger un maximum de profits, mais plutôt comme un mode de vie émancipateur et une voie pavée de richesses immatérielles. Mon témoignage.

Il y a quelques jours, je me baladais sur l’avenue médiatique qui conduisait au premier tour de l’élection présidentielle, et suis tombé sur la chronique d’un homme, économiste, expliquant à qui voudrait le lire que le programme de Jean-Luc Mélenchon était inepte. Car à vouloir tout prendre au-dessus de 30000€ par mois, les entrepreneurs seraient tentés d’aller faire leurs affaires ailleurs; ou pire, ils seraient découragés avant même de s’y être engagés.

Je ne me prononce pas ici sur le programme du leader de la France Insoumise. Mais j’avoue avoir été un peu dérouté par ce propos. Etant moi-même entrepreneur — mais peut-être suis-je petit joueur? — j’aurais tendance à considérer ces 30 000€ mensuels comme une belle réussite, et envisagerais personnellement assez sereinement de reverser le reliquat de mes gains à la solidarité nationale.

Mais ce qui m’a le plus gêné dans cette tribune, c’est bien cette posture par trop caricaturale qui ne considère l’entreprise que comme la voie la plus courte pour engranger un maximum de profits. Or, je peux témoigner qu’à aucun moment, dans mon aventure entrepreneuriale, je n’ai eu d’ambition patrimoniale ou d’enrichissement personnel.

D’ailleurs, en vérité, je n’ai jamais été plus restreint dans mon budget que depuis le début de la démarche. La prise de risque est réelle, les défis sont importants. La visibilité financière dépend du carnet de commande. Si je m’arrête, tout s’arrête. Je travaille à la pièce, et disons le, je cours chaque jour après le bifteck.

Pourtant, je ne regrette rien tant les bénéfices immatériels sont nombreux. Le premier d’entre eux, et sans doute le plus précieux, c’est la liberté. Je fixe désormais librement mes priorités et organise mes journées comme je l’entends. Je suis devenu maître de mon temps. Maître de ma vie.

Dès lors, la question de l’articulation des vies pro et familiale est résolue. Certes, mon téléphone est rarement éteint, l’ordinateur souvent allumé et il m’arrive d’envoyer un mail professionnel le dimanche à 15h, mais je ne demande à personne l’autorisation d’aller chercher mes gamins à la sortie de leurs activités sportives le mercredi après-midi.

D’ailleurs, je ne demande plus l’autorisation pour rien à personne. Une posture d’adulte responsable, qui tranche avec l’infantilisation dans lequel me maintenait le salariat. Mon devoir est désormais de passer une bonne partie de mon temps à travailler dur dans l’élaboration de ma réponse aux clients. Mais au delà, l’injonction m’est faite de suivre mon instinct, de développer mes talents et de saisir toutes les opportunités pour être le meilleur possible.

Chemin faisant, je prends du plaisir, et c’est ma vie qui s’en trouve illuminée. Cette nécessité d’intelligence et de vigilance permanente me nourrit au quotidien. J’en ai fini de la routine, je suis à ma place, je me sens utile et je trouve chaque jour, dans les personnes que je rencontre, dans les activités que je mène et les choix que je fais, le carburant pour avancer.

L’aventure est belle aussi, car elle est collective. Avec mes quatre associés nous partageons une vision entrepreneuriale, et ventilons nos compétences — nos super pouvoirs — au service d’un projet commun. Nous avons choisi le statut coopératif pour développer nos activités, et notre ambition n’est pas de nous enrichir, mais plutôt de nous donner les moyens de vivre de notre travail, dans le cadre que nous nous sommes inventés.

Jean-Luc Mélenchon a perdu les élections présidentielles. Alors je m'adresse à celui qui les a gagnées. S’il s’agit vraiment d’améliorer la prise en charge de nos aînés, la santé des citoyens et l’éducation de nos enfants alors, au delà de 30 000€, s’il vous plaît, prenez-moi tout Monsieur Macron. 

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Yves Martinez

Chef d'entreprise, Centre International de Communication Artistique Contemporaine

7 ans

Un article qui permet de ne pas désespérer de ses semblables...

Très chouette article qui donne envie d'entreprendre, merci Sebastien !

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