Au plus près des étoiles

Au plus près des étoiles #maviedentrepreneur - épisode 5

Mon village Orliénas a retrouvé sa quiétude et les forces vives ont repris le travail.

Cette année, la petite équipe municipale a présenté ses voeux 2024 avec un invité surprise venu au contact des français : le nouveau Premier ministre.

Grande surprise de voir Gabriel ATTAL venir ici dans notre village paisible et méconnu, situé à 20 km de la capitale des Gaules, dans l'ombre du Grand Lyon.

Il a été reçu par les habitants présents de ma petite commune selon leurs convictions politiques : avec respect pour les uns, enthousiasme pour les autres.

Mais la Une du Progrès de ce 21 janvier 2024 est quelque peu trompeuse : les habitants d'Orliénas seraient venus "Au plus près du Premier ministre".

Il est vrai que Gabriel ATTAL a connu un bain de foule digne d'une pop star.

Mais c'est pourtant bien le Premier ministre qui est venu jusqu'à nous.

Pas l'inverse.

Cette "nouvelle star" était donc venue au plus près des étoiles, nous autres habitants de la commune. Nous composions une bien belle constellation avec nos âges différents, nos métiers, nos statuts sociaux et convictions diverses.

Nous autres, les vrais gens, sommes parfois des "forces vives", parfois nous sommes sur la voie de l'extinction. Nous sommes des étoiles qui brillent plus ou moins selon les difficultés de la vie.

Dans le discours du Premier ministre apparaissait déjà quelques priorités : l'Apprentissage avec l'Ecole bien sûr, la Santé et le Travail.

Les salariés doivent être davantage soutenus, disait-il. Nous voilà bien en phase.

Le discours a été applaudi par les étoiles. Car contrairement à la légende, on ne se brûle pas quand on vient au contact des étoiles. On se renforce même plutôt en absorbant leur énergie.

Il y a des conditions pour que la situation dure : il faut être un astre sincère et en mouvement, sans cesse en action. Nous verrons et jugerons donc sur pièce.

Mais quel rapport avec ma vie d'entrepreneur ?

Aller au contact des étoiles

Le Premier Ministre n'est pas venu seul : staff, Député, Préfète de la Région, Sous-Préfète du Rhône, maires de la Communauté de Commune, nombreux journalistes et des policiers/gendarmes de partout !

Dans de tel moment, de nombreuses personnalités locales accompagnent donc le cortège. A la fin du discours, alors que le Premier ministre était bien entouré et difficilement accessible, ces autres personnalités locales se rendaient fort disponibles pour des échanges informels. Il suffisait d'aller à leur contact et exprimer sincèrement nos difficultés pour être entendu.

On s'aperçoit alors que ce sont des gens comme tout le monde.

Ce jour-là, ces étoiles-là n'étaient pas à des années lumières. Ces étoiles-là n'étaient pas du tout filantes car elles disposaient d'un peu de temps dans leur calendrier habituellement chargé.

Attendre et mourir ?

Quant au Premier ministre si bien entouré, il m'a été bien impossible de lui dire ne serait-ce que deux mots. Cela aurait été : "réactivité ?" et "action ?".

Mais l'expérience de ces situations m'a conduit à l'anticiper. Je lui avais donc préparer une petite lettre la veille au soir ; lettre bien imparfaite que j'ai pu remettre à son Directeur de Cabinet.

Voici un extrait de cette lettre :

Cette lettre faisait référence au courrier du Président Macron reçue il y a 13 mois et restée depuis sans nouvelles.

J'avais en effet sollicité fin 2022 le Président pour associer l'Etat, le plus grand employeur de France, au projet SMILE Y, cette grande communauté solidaire du travail (cf #maviedentrepreneur épisode 3)

Voici la réponse pleine d'espoir reçue le 12 décembre 2022 du Cabinet de l'Elysée :

J'ai longtemps hésité à rendre cette lettre publique car je ne voudrais pas qu'elle serve politiquement. Dans un sens comme dans l'autre.

Car mon expérience montre que cette inertie n'est pas l'affaire de partis politiques, mais plutôt d'une situation générale.

Cela peut servir à d'autres entrepreneurs moins expérimentés pour relativiser les marques d'intérêt de personnalités économiques ou politiques. Ces personnalités n'ont pas le temps d'instruire en profondeur ; leurs collaborateurs pas davantage. Les urgences prennent vite le pas sur votre projet, aussi pertinent soit-il.

Alors il nous faudrait mieux cibler nos interlocuteur, et relancer, relancer, comme un prospect qu'on ne lâche plus commercialement lorsqu'il montre un réel intérêt.

Je me rappelle ma réaction il y a plus d'un an en recevant ce courrier du Président. Au-delà du plaisir de recevoir cette marque d'intérêt, je me projetais immédiatement, car le Président m'orientait vers la ministre déléguée auprès du ministre de l'Economie chargée des petites et moyennes entreprises. Or, je connaissais la sensibilité de cette personne aux projets sociaux et solidaire (ex-secrétaire d'Etat chargée de l’Économie sociale et solidaire !).

Nul doute qu'elle m'inviterait rapidement à la rencontrer dans son ministère.

C'était sans compter sur la suite des événements qui ont naturellement placé mon projet sous la pile du ministère: réforme des retraites, inflation et pouvoir d'achat en baisse, réforme du chômage, etc.

J'ai attendu 13 mois. J'aurai dû prendre cette lettre et tenter de rencontrer immédiatement les représentants de l'Etat localement. Sans attendre la venue d'un Premier ministre dans mon village qui tient tout de même du miracle...

L'attentisme nous dessert. Comme entrepreneur, j'aurai pu attendre et mourir.

Penser petit et local

L'entrepreneur que je suis a une part de Folie des Grandeurs. Dans cet écosystème entrepreneurial, on peut manquer parfois de modestie et de réalisme et on aime "se la raconter" un peu quand même.

Pour attirer l'attention, on veut briller comme des étoiles au lieu de les chercher, bien qu'elles soient là, tout proche et à portée.

Alors je n'ai pas croisé le Premier ministre, ni même son regard. Mais j'ai des contacts locaux sans doute plus opérationnels à contacter ce matin.

J'ai donc encore des étoiles pleins les yeux avec cet espoir enfin d'associer l'Etat et les collectivités locales à ce projet SMILE Y. Cela reste un objectif incertain, mais nous saurons aussi avancer seuls.

Pour conclure, je rappelle une fois encore cette phrase de Sénèque qui m'anime et prends tout son sens :

"Luck is what happens when preparation meets opportunity"

("la chance se produit quand la préparation rencontre l'opportunité")

Alors, quand je vois le Premier ministre venir jusqu'ici à Orliénas ce week-end, je me dis que la chance tourne.