Autonomie des enfants: de 10km à moins de 300m [#biais vs #réalité]

Hier, pour la première fois, j'ai laissé ma fille aller chercher du pain. Elle a 7 ans. Or je me souviens avoir eu plus d'autonomie bien plus tôt... alors que j'habitais une cité de Saint-Denis !

Est-ce que ma propre expérience de jeunesse et l'accroissement de la médiatisation de faits sordides qui m'ont poussé à surprotéger mes enfants ? Est-ce un #biais lié à cette combinaison de mon expérience empirique et de l'influence des médias qui me pousse à sur-protéger mon enfant ?

J'ai essayé de creuser le sujet de l'autonomie des enfants, les chiffres sont frappants !

Mais ce qui m'a véritablement alarmé, ce sont les conséquences néfastes sur la santé et le développement des générations plus jeunes (cf. dernier paragraphe)

Evolution de l'autonomie des enfants : les chiffres

Une étude anglaise sur l'évolution au sein d'une même famille : de 10 km à moins de 300 m en moins d'un siècle

En 1919, l'arrière grand-père parcourait seul presque 10 km pour aller pêcher. En 1950, à 8 ans, le grand-père marchait seul, environ 1 km pour aller jouer au bois. En 1979, sa fille, au même âge, allait jusqu'à la piscine à 800 m du domicile. En 2007, son fils a le droit de jouer seul dans un rayon de moins de 300 m.

Quelques éléments d'une étude sur l'autonomie des enfants hollandais :

Entre 1983 et 2008, le nombre d'enfants jouant dans l'espace public a diminué de 50%.

En 2019, une étude aux Pays-Bas révèle que 15% des enfants ne jouent jamais à l'extérieur, soulignant une tendance croissante à la sédentarité infantile.

Baisse d'autonomie spatiale : les conséquences néfastes méconnues

• Réduction de l'autonomie : Les enfants ont de moins en moins l'occasion de se déplacer seuls en raison de préoccupations liées à la sécurité, ce qui limite leur indépendance.
• Déficit d'exercice physique : La diminution de la mobilité enfantine entraîne une réduction de l'activité physique, contribuant à des problèmes de santé tels que la sédentarité et l'obésité infantile.
• Altération du développement social : Moins d'opportunités de jeu en plein air et de rencontres avec d'autres enfants dans l'espace public peuvent entraver le développement social des enfants.
• Peur de l'échec : La surprotection peut empêcher les enfants de faire face aux défis et de développer leur résilience en cas d'échec.
• Risque d'anxiété et de dépression : L'absence d'occasions de prendre des risques et de gérer des situations difficiles peut augmenter les probabilités de troubles de l'anxiété et de la dépression.
• Altération des compétences physiques : Les capacités physiques des enfants, comme l'endurance, diminuent en raison de la réduction de l'activité physique en plein air.
• Perte de créativité : Les espaces de jeu ultra-sécurisés limitent l'exploration et la créativité des enfants, les privant de la possibilité de résoudre des problèmes de manière imaginative.
• Besoin d'équilibrer sécurité et autonomie : Trouver un équilibre entre la sécurité nécessaire et l'autonomie des enfants est essentiel pour favoriser leur développement global.

💡 Une étude complète et internationale sur 40 ans, conduite par la Nuffield Foundation sur les conséquences au niveau de la santé mentale et physique - à retrouver ici.

#Biais : l'insécurité

J'ai fait liste de mes peurs à ce sujet :

• Les accidents de la route impliquant des enfants à pied est particulièrement faible. Il n'a fait que baisser depuis 30 ans.
• Les enlèvements. Les statistiques sont aussi claires que tristes. La plupart des kidnapping et abus d'enfants sont le fait d'un membre de la famille en priorité, puis par une personne connue de l'enfant (ami de la famille, etc.)
• La délinquance. J'ai habité les vingt premières années de ma vie à Saint-Denis - ville n°1 pour la criminalité pendant des années - et je n'ai ni balafres ni blessures handicapantes. Quelques frayeurs, quelques moments d'adrénaline certes, mais cela m'a forgé, appris à me sortir de situations difficiles... et également à savoir évaluer le danger réel potentiel d'une situation ou d'un lieu.

J'habite désormais un coin beaucoup plus apaisé, aucune excuse pour ne pas laisser à ma fille plus d'autonomie.

Qu'est-ce qu'on fait demain ?

Je vous invite à réfléchir à votre propre jeunesse et à l'autonomie que vous offrez à vos enfants aujourd'hui.

Sommes-nous en train de priver nos enfants de l'autonomie nécessaire à leur développement ?

• Quelle est la bonne mesure entre la sécurité et l'autonomie selon vous ?
• Faites-nous part de vos expériences et de vos réflexions.

Quelles seront mes prochaines actions envisagées ?

• Systématiser l'achat du pain et des mini-courses : ma fille en re-demande et cela me déleste concrètement d'une tâche.
• Lui laisser plus de libertés lors des sorties en nature. L'environnement est moins urbain, c'est un excellent premier pas.
• La laisser jouer avec ses ami.e.s sur la place la plus proche, hors de vue de chez nous (300 m environ). Elle a une montre, ce sera une double responsabilisation sur l'autonomie dans l'espace et le temps.

Une piste pour nous ? Une autre étude hollandaise où l'on demande aux enfants de 9 à12 ans de dessiner l'endroit idéal pour jouer

[ Edit / Note : en creusant, je me suis fortement retrouvé dans le témoignage et les réflexions de parent de Nadia Daam ]