Avant le copier-coller

Avant le copier-coller

Entre 1983 et 1987, j'avais entre 12 et 16 ans et j'ai pu mettre la main sur deux belles machines de gamers : un Oric 1 et plus tard, un Atari 520 ST. L'ORIC 1 était vendu sans écran, sans lecteur de cassettes, sans carte réseau, mais avec un gros bouquin pour apprendre le langage Basic. J'avais passé mes grandes vacances dessus et j'étais vite devenu capable d'écrire quelques programmes et de corriger quelques bugs.

Au bout de quelques semaines, toutefois, je commençais à s'ennuyer. J'avais appris un nouveau langage, atteint le niveau débutant, mais je sentais bien que pour continuer à avancer, il me faudrait aller au delà des manuels, lire des programmes écrits par d'autres personnes, les tester, les modifier, etc. Après tout, ce n'est probablement pas pour rien si les profs de langues étrangères organisent pour leurs élèves des séjours linguistiques à l'étranger.

Alors, je vois venir les nouvelles générations : c'est beaucoup mieux maintenant ! Avec internet et les logiciels libres et open source, on a accès à des quantités astronomiques de programmes écrits par des personnes venant du monde entier, à des tutos vidéos, à des notebooks, etc. !

C'est juste.

Oui, mais nous, on avait Hebdogiciel. Un hebdo imprimé sur du vrai papier journal qui salit les doigts, bourré de listings en petits caractères avec parfois des erreurs d'impression. On recopiait les programmes au clavier et évidemment, ça ne marchait jamais du premier coup.

On avait alors le choix entre faire une fastidieuse correction de la copie ou essayer de "tracer le bug" et le corriger. La deuxième approche était évidemment beaucoup plus ludique et pédagogique. Il y a avait les erreurs très simples : une faute de frappe sur un nom de variable ou sur un mot clé (souvent sur des i, I, 1 ou sur des o, O, et 0).

Mais l'enquête pouvait nous amener plus loin : erreurs sur les sauts, effets de bords, etc. Voire, encore plus loin. Car, pour s'affranchir de la lenteur de l'interpréteur Basic et de ses limitations d'accès aux ressources matérielles, l'auteur du programme pouvait injecter via l'instruction "Poke" suivi d'un nombre en base 10, des données ou des instructions en langage machine. Ce qui a inévitablement développé mon intérêt pour la programmation bas niveau : langage machine et assembleur.

La nécessité nous avait donc offert une très douce pente sur les débuts de la courbe d'apprentissage des langages de programmation et il me semble dommage que la perte de cette nécessité ait entraîné la perte de cette approche initiative.

Tout ça pour dire...

Si vous débutez en programmation, mais si vous trouvez que la pente est trop raide, essayez ça : au lieu de simplement lire ou éditer du code, essayez de le recopier au clavier, caractère après caractère et apprenez des petites erreurs que vous allez faire. Elle vous ferons progresser lentement, certes, mais elles ne vous décourageront pas et elles vous permettront peut être d'atteindre ce stade à partir du quel plus rien de peut vous arrêter.

Samuel Tronçon

Philosophe. Chercheur en informatique appliquée aux sciences sociales.

3 ans

ah ah, pour sûr je m'en souviens... j'ai appris à coder grâce à çà... et surtout, à débugger le code qui comportait presque toujours des erreurs. Tout çà juste pour tester un jeu qui parfois était effacé quelques minutes après le premier lancement en pestant d'avoir perdu autant de temps pour si peu...

J'adorerais le personnage bd qui accompagnait les articles , merci pour cette Madeleine 😉

Fabienne Schaeffer

Chargée de projets formation

3 ans

Pierre, c'est toujours avec bonheur que je lis tes posts, l'informatique n'est pas ma langue, mais avec toi cela semble déjà plus accessible...

Frédy POKOU, PhD

PhD Quant, INRIA postdoc

3 ans

Ah bon ? 🤣

Philippe Delerm

Consultant Polyvalent

3 ans

Trs-80 modèle III pour moi en 1985

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