Avant/Après…
Je viens de tomber sur un ancien sondage d’OpinonWay d’avril 2009, qui indique que nous étions 8 sur 10 à vouloir changer de vie de manière « radicale ». Incroyable ! Nous sommes donc 80% à vouloir quitter notre boulot de dirigeant de la « world Company » pour faire totalement autre chose ou aménager un camping car et aller voir ailleurs si nous y sommes !
Me concernant, il y a bien une petite voix qui me dit depuis longtemps, que je ne suis pas tout à fait à ma place. Et oui, les hasards de la vie et certains de nos choix « logiques et plein de bon sens » nous ont amenés là ou nous sommes et nous en sommes surement heureux. Et pourtant !
Nous sommes tous des êtres faits de multiples facettes : chaleureux en société, taciturne à la maison, révérencieux devant notre conseil d’administration, souple avec nos collègues, vindicatif chez un commerçant, tyrannique avec notre conjoint… La plupart du temps, nous nous arrangeons de ces contradictions, au point parfois de ne plus percevoir nos différents masques.
Du coup, je pense au « je » contrefait de Freud. Il semble que pour être aimés, appréciés des autres, nous soyons prêts à endosser une « personnalité d’emprunt » qui répond à l’attente présumé de notre environnement. Le problème, c’est que nous sommes prisonniers de cette image.
Petite explication… Ca y est, j’ai RV avec cette femme qui me fait rêver depuis tant de temps, nous devons déjeuner dans un resto sympa. Vu son style élégant, je pense qu’elle doit aimer les hommes en costume et chemise (sauf que moi c’est plutôt jogging et tongs). Tant pis, je me force et je me sape… l’enjeu est de taille alors ne lésinons pas.
Et voila, c’est mort… ma projection de l’attente de cette superbe femme, surement fausse qui plus est, est en train de m’enfermer dans un costume (c’est le cas de le dire) qui n’est pas le mien. J’aurais beaucoup de mal à réapparaitre sous mon vrai jour, ou alors… beaucoup plus tard !
Jean Paul Sartre, dans l'Être et le Néant, disait : « L’homme n’est pas ce qu’il est, il est ce qu’il n’est pas. ». Surement, mais cela ne nous pousse pas souvent aux grandes ruptures. Je pense d’ailleurs que bien avant de s’incarner dans un projet précis qui fait basculer sa vie, l’envie de changement nous saisit de manière insidieuse. Un peu comme l’explique le psychothérapeute Vincent Deary : « Cela peut commencer par une rumeur lointaine, un bruit à l’extérieur de notre petit monde […], signalant l’existence d’un autre monde. Ce peut être la découverte d’une vocation, un appel ou une offre, un gain ou une perte, une catastrophe ou une révélation, ou une simple accumulation, un enchaînement d’événements minimes ».
L’inconvénient, c’est que cela peut être le début d’une errance qui deviendra l’odyssée d’une vie. Pour sur, le changement est pressenti comme coûteux et périlleux. Quitter son confort où l’on a plongé ses racines, même si c’est pour le paradis, comment imaginer que tout cela se fasse sans heurts ni regrets ?
Et pourtant… j’ai tellement envie d’enlever mon costard et de remettre mon jogging et mes tongs !