Avez-vous peur de publier sur LinkedIn ?

Je vous pose cette question parce que moi j'ai peur ! Et le comble c'est que plus je publie plus j’ai peur ! Cela va dans le sens contraire du bon sens : dans tous les domaines, c’est au début que l’on a peur et ensuite que l’on devient plus sûr de soi mais pas sur LinkedIn…

La peur du premier article est fréquente. Lorsque je conseille aux chercheurs d’emploi de « publier leurs propres articles dans LinkedIn pour mettre en avant leur expertise afin de se rendre visibles auprès des recruteurs dans cette véritable vitrine professionnelle qu’est LinkedIn » (je sais c’est un peu long mais à l’oral ça passe bien...), j’obtiens ce genre de réponses : « je n’oserai jamais, je n’ai pas d’idée, je n’ai rien d’intéressant à écrire, je ne sais pas écrire, je fais des fautes d’orthographe, tout a déjà été écrit, je ne suis expert dans rien, j'ai peur… ». Afin de les aider à vaincre leur peur, je leur conseille au début, de lire les articles des autres, de les liker, de les commenter, de les partager afin de se faire une idée... dans l’idée de se faire repérer puis de se lancer dans de courts posts pour se faire la main avant de mettre les deux pieds dans le" Pulse".

Le problème est que rien que le mot « Pulse » fait peur. C’est fort comme mot non ? L’enjeu est important : en appuyant sur le bouton " Pulse", on va donner une "impulsion"…mais à quoi ? Notre profil ? Notre visibilité ? Notre carrière ? Notre business ?

Si on lit tout ce qui s’écrit sur les meilleures publications dans "Pulse", on retire vite ses deux pieds et on part en courant. En résumé, il vaudrait mieux publier en milieu de semaine et plutôt le matin (sauf que si tout le monde publie au même moment notre article risque d'être noyé dans la masse...). Le titre de l’article est essentiel et la tendance est au titre dérangeant, qui bouscule et interpelle mais qui nécessite d'être inspiré puis d'assumer. Plus l’article est long plus il est bon (c’est étrange quand on sait que rares sont ceux qui les lisent jusqu’à la fin). Il faut couper le texte par des visuels (pas toujours facile d’en trouver des sympas et libres de droits) et des citations (moi j'aime bien celle de Mark Twain : "ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait" mais je ne peux pas la servir à toutes les sauces). Personnellement, je suis dérangée par ces ruptures de texte qui sont des ruptures de mon rythme de lecture mais il parait que c'est bien pour le référencement.

Le "référencement", ce grand mot qui en est presqu'un gros et qui traduit ce qui doit nous guider aujourd'hui quand on écrit et publie : un texte n'a pas besoin d'être bon, il doit être référencé sur les réseaux ! Le référencement fait peur. Et si mon article au final n’était référencé nulle part et se baladait dans un vide intersidéral ? S'il n’était ni lu, ni liké, ni partagé ? Comment vivrais-je cet échec ? Et si au contraire, il était trop lu, liké et partagé ? Comment ferais-je pour remercier tout le monde et surtout aurais-je le temps de le faire ? Et s’il était beaucoup commenté ? Et s’il était très critiqué ? Et si je me faisais malmener ? Insulter ? Mais tout le monde n'a pas peur de publier sur LinkedIn.

Il y a les vrais « pulseurs », ceux qui publient sans peur, des articles sérieux et longs, enrichis de visuels, agrémentés de citations, avec des titres accrocheurs, des références et des sources à l'appui qui maitrisent les codes du référencement. Ils n’ont pas peur car ils exposent sans s’exposer.

On trouve aussi les «curateurs », ceux qui font de l’agrégation de contenus, en un mot publient des articles non écrits par eux. Je trouve bizarre d'utiliser la fonction "Pulse" destinée initialement aux publications personnelles alors qu'il suffirait simplement de partager l'article mais bon...il doit bien y avoir une raison car beaucoup le font, certains avec élégance en mettant en avant les vrais auteurs.

D'autres jouent les « usurpateurs » en ne citant pas les auteurs ou en ne le faisant qu'à la fin (quand on sait que personne ne lit la dernière phrase d’un article…). On les voit ensuite répondre comme si de rien n’était aux commentaires de leurs « fans » qui ne se sont rendus compte de rien…Cela reste un mystère et je ne sais pas si les vrais auteurs dénoncent ce genre de pratiques.

On rencontre aussi les "vendeurs" qui profitent de "Pulse" pour poster une pub sur leur activité. Pourquoi pas... mais le titre accrocheur souvent utilisé nous vend du rêve et l'atterrissage en découvrant le contenu ne nous donne pas envie d'être "acheteurs".

On croise aussi les « posteurs », adeptes des courts posts qui ont souvent plus de succès que les articles et demandent beaucoup moins de travail.

Enfin, sévissent les « commentateurs " qui comme leur nom l'indique commentent les articles. Ils se répartissent en différentes catégories : les "gentils commentateurs" qui nous likent, nous partagent et commentent gentiment, posément, en argumentant et relançant le débat. Ceux-là, je les aime et je profite de cet article pour les remercier si je les ai oubliés à l'occasion de certaines publications.

Et puis, il y a les autres, les "méchants commentateurs" qui commentent de façon virulente parfois insultante et pas toujours constructive. A ceux-là, j'ai envie de dire dans le désordre :

"Avant de commenter, lisez l'article jusqu'à la fin"

"Ne vous arrêtez pas à son seul titre"

"Ne pensez pas que nous défendons ce que nous condamnons"

"Prenez-le temps de lire les commentaires des autres ainsi que nos réponses car vous y trouverez les vôtres"

"Ecrivez vos propres articles, cela vous rendra plus indulgents"

"Ne profitez pas des commentaires pour faire la pub de votre business surtout s'il n'est pas lié au sujet"

"Relisez vos commentaires et demandez-vous ce que ceux qui vous liront penseront de vous"

et surtout :

"N'effacez pas vos commentaires par respect pour l'auteur de l'article qui a pris le temps de vous répondre et se retrouve ridicule avec son commentaire sorti de son contexte".

Pensez à tous ceux qui publient sur LinkedIn et qui ne font partie d'aucune des catégories citées précedemment...

Voilà, je publie cet article un jeudi (pas le meilleur jour) mais à 9h (plutôt une bonne heure) avec un titre accrocheur mais en ne respectant aucun autre code et on verra bien... J'espère que je n'aurais pas dégouté de publier sur LinkedIn ceux qui auront lu l'article jusqu'au bout et que les "commentateurs" l'auront lu jusqu'à la fin.

J'ai PEUUUUUURRRRRRR ! Je ferme les yeux et j'appuie sur "Publier" !

Un grand merci à Benoit Pouydesseau pour son dessin qui parle plus que mes mots !

Christel de Foucault, auteure de "Déjouez les pièges des recruteurs"