Barbie, une amie qui nous veut du bien ?
Lorsque j'étais petite j'adorais jouer avec ma poupée Barbie.
Je n'en avais pas énormément mais j'en prenais le plus grand soin. J'étais heureuse comme tout de coiffer la chevelure blonde, longue et lisse de ma Barbie. Je rêvais secrètement d'avoir des cheveux aussi beaux et aussi longs qu'elle ! Seulement Dans ma réalité de tous les jours, je devais composer avec des cheveux crépus, ce qui - à l'époque - était un véritable problème pour moi.
En réalité j'adorais les coiffures que me faisaient ma mère et mes tantes mais le problème c'est que Barbie n'avait pas les mêmes ! J'avais beau essayer de m'identifier à elle, mon amie Barbie et moi ne nous ressemblions pas. Malgré les jolies tressses que je lui faisais, il existait ce fossé entre elle et moi. Pourtant notre amitié n'avait aucune frontière, aucune limite. Nous nous amusions comme des folles. Et la différence physique liée à la couleur de nos peaux ou de nos yeux ainsi qu'à la texture de nos cheveux importait peu. Non le problème ne résidait pas là. Le soucis c'est qu'à l'époque, il n'existait aucune Barbie incarnant les beautés plurielles. Ainsi nous autres petites filles françaises issues de la diversité n'avions aucun moyen de nous identifier aux beautés dont nous étions héritières. Nous n'avions pas d'autre solution que de nous conformer à la beauté de Barbie.
Petite je pensais qu'être belle signifiait ressembler à Barbie :
J'admirais Barbie. Je la trouvais belle comme un coeur avec ses grands yeux bleus son sourire radieux et son élégance naturelle. Je voulais absolument lui ressembler, être aussi belle qu'elle. Mais le fait est que ce n'était pas possible. Tout simplement parce qu'il n'existait aucune possibilité d'identification entre elle et moi.
J'ai donc grandit, comme de nombreuses petites filles, avec la conviction que la beauté ne me concernait pas et que je n'y aurai jamais droit. Tout simplement parce que je ne ressemblais pas à Barbie. Cette fille me faisait carrément rêver, mais je savais pertinemment que ce n'était qu'un rêve inaccessible ! Que jamais je ne lui ressemblerai.
Au-delà de la blondeur et des grands yeux bleus, Barbie était incroyablement fine, et très élancée. La taille très marquée, une paire de seins bien rebondis et en forme de pommes (oui les seins peuvent avoir la forme de pommes !), des fesses et un bassin presque inexistant, mais ferme malgré tout. La plastique de cette poupée m'intriguait. En grandissant j'allais donc ressembler à ça ? Du haut de mes 8 an, je constatais cependant un décalage entre le corps de Barbie, celui des femmes que je côtoyais, et mon propre corps d'enfant. Plus je regardais Barbie, plus j'étais angoissée; "et si jamais je ne lui ressemble pas en grandissant, qui me trouvera jolie ?"
A cela s'ajoutait le fait que Barbie était constamment en robe et en talon. Il n'y avait donc d'un point de vue vestimentaire autre variété. J'avais un style garçon manqué, cela signifiait-il que je devrais renoncer à un look confortable une fois devenue adulte ? Devais-je comprendre qu'être une femme s'est porter des talons hauts et des robes uniquement ?
Nouvelle allure pour la poupée Barbie
En rédigeant cet article et en faisant des petites recherches, j'ai découvert que Mattel a annoncé fin Janvier une déclinaison de la poupée Barbie ; sept couleurs de peaux au lieu d'une, différentes morphologies "petites", "rondes" ou "grandes", et une garde robe constituée d'autre chose que de robes !
Cela peut sembler tout à fait insignifiant mais je crois au contraire qu'il s'agit là d'une véritable avancée. Il était temps que la poupée Barbie commence à devenir représentative des beautés plurielles en s'affranchissant peu à peu des stéréotypes ancrés à propos de la représentation du féminin et de ses beautés. Il fallait que Barbie s'affranchisse de tout un idéal absurde qui lui collait à la peau et qui d'une manière ou d'une autre a impacté des milliers de petites filles (devenues femmes aujourd'hui) dans leur rapport à elle-même, à leurs corps ainsi qu' à la construction d'une féminité souvent difficile à vivre.