Bertrand Du Guesclin - Emmanuel FREMIET 1824-1910
Dinan, février 1357. Le duc de Lancaster assiège la cité. Bertrand Du Guesclin est piégé, mais il mène une résistance acharnée. Quand il apprend que son jeune frère a été enlevé, aux pieds des murailles, par Thomas de Canterbury, l’un des redoutables chevaliers de Jean de Lancaster. Qui en demande rançon.
Le sang du chevalier breton ne fait qu’un tour. Il se rend derechef au camp anglais négocier le retour de son frère. Mais de négociation, point. Un duel règlera l’affaire.
La lice est aménagée sur le champ clos où se tient d’ordinaire le marché. Tous les habitants de Dinan sont là, pour soutenir leur héros. Campé sur son destrier, en armure, portant ses propres couleurs, l’aigle noir à deux têtes sur fond blanc barré d’une diagonale rouge, Bertrand du Guesclin est prêt au combat. A l’autre bout de la lice, non moins farouchement campé sur son destrier, Thomas de Canterbury. La tension monte, les chevaux piaffent. Peu à peu la foule se tait. Le signal est donné. Les deux destriers se lancent. La terre tremble, gicle des sabots. Dans le fracas de la chevauchée, la foule retient son souffle. Les lances se fracassent. Les épées jaillissent des fourreaux, scintillent un instant dans le maigre soleil de février puis se heurtent dans un tintement sourd qui fait grincer les dents. Des étincelles fusent, encore et encore. Les naseaux des destriers fument sous l’effort. Les épées des chevaliers se heurtent de taille et d’estoc, si vite, si fort qu’il est presque impossible d’en suivre les mouvements. Quand soudain l’épée de Thomas Lancaster s’envole, tourbillonne avant de retomber à terre dans un bruit mat.
Tout se fige. Plus un seul bruit.
Qu’advint-il ensuite exactement ? Les choses sont floues. Les uns racontent que Bertrand du Guesclin chute. D’autres rapportent qu’il démonte volontairement.
Une chose est sure, c’est que Thomas de Canterbury n’a plus d’arme et que Bertrand du Guesclin est pied à terre ! Et en profite ! Il s’est saisi d’un geste bref de l’épée de son adversaire et l’expédie hors de la lice. Puis il retire ses genouillères et ses jambières qui lui rendent légèreté et agilité. C’est alors que Thomas Lancaster se reprend. A grand coups d’éperons, il lance son destrier qui part comme une flèche. Il veut en finir avec cette humiliation et l’homme qui la lui inflige. La foule pousse une clameur, quand elle comprend qu’il a l’intention de piétiner le Breton. Puis soudain retient son souffle. Au milieu de la lice, campé sur ses deux courtes jambes, le chevalier breton regarde venir son adversaire qu’il esquive souplement au dernier moment tout en plantant son épée jusqu’à la garde dans les flancs du cheval d’un mouvement technique imparable. Le destrier se cabre dans un hennissement de douleur qui fait frémir la foule. Le sang gicle à gros flots. Il s’écroule sur son cavalier. La foule murmure puis se tait.
Que va-t-il se passer ?
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