Bienveillance vs Exigence = Impossible paradoxe ou nouvelle équation?
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Bienveillance vs Exigence = Impossible paradoxe ou nouvelle équation?

L'exigence et la Bienveillance s'opposent-elles? Nourrit-on l'une au détriment de l'autre? Y-a-t'il un équilibre fragile à trouver et à maintenir entre les 2? En fait, l'anecdote que je vais vous raconter démontre qu'il existe un lien indissociable entre les 2 et que l'une nourrit l'autre avec un effet démultiplicateur exponentiel.

Tout part d'une longue discussion que j'ai eue un jour avec un entraîneur sportif sur la création de l'intelligence collective au sein d'une équipe. Manager, entraîneur nous cherchons tous à créer cette petite flamme, cette étincelle magique qui transforme un groupe d'individus en véritable équipe capable de déplacer des montagnes ou de réaliser des exploits dans l'adversité la plus totale (le fameux "French flair" mais c'est une autre histoire). A un moment donné, il m'a dit avec son bel accent du Sud Ouest: "Oh, tu sais Céline, c'est toujours la même chose: il faut trouver le bon équilibre entre l'humain et l'exigence:

  • Si tu n'es que sur l'exigence, tu n'es vu que comme un monstre froid, calculateur, sans cœur ni âme qui ne pense qu'au résultat. Le collectif ne se construit pas. Chacun se replie sur soi-même. Il n'y a pas d'étincelle, d'envie mais uniquement de la défiance voire même de la colère et de la haine.
  • Si tu n'es que dans l'humain, in fine tu ne seras vu que comme quelqu'un de gentil, de trop compréhensif et c'est trop souvent associé à de la faiblesse. Du coup tu perds ta légitimité pour les sortir de leurs zones de confort. Ils ne se dépassent pas. Ils s'acceptent tels qu'ils sont. Ils ne repoussent pas leurs limites et le collectif ne se construit pas non plus.

C'est d'un juste équilibre entre les 2 que naît la performance. Et d'ailleurs pour réussir ce savant dosage, nous convenons aisément qu'il est plus simple de placer d'emblée une exigence élevée et de l'animer en incorporant progressivement la bonne dose de bienveillance au sein du groupe pour la transformer en équipe. Il est plus facile d'opérer dans ce sens là que dans l'autre qui a un côté plus irréversible.

J'ai longtemps pensé comme cela. Jusqu'au jour où j'ai croisé il y a quelques années, l'un de mes dirigeants dans un ascenseur. Et en quelques secondes (en 4 étages exactement) il m'a complètement ouvert les yeux sur une 3ème voie: celle où l'exigence et la bienveillance ne s'opposent pas mais où au contraire, l'une nourrit l'autre, celle où l'on peut conjuguer plaisir et performance sans modération...

Tout d'abord, il a fait peser sur moi son regard si profond qui me reconnaissait progressivement. Il avait probablement des milliers de choses en tête mais à ce moment là, dans cet ascenseur, il me regardait avec ce regard qui vous donne en cet instant l'impression d'être la personne la plus importante au monde pour lui. "Bonjour Céline" (Ah, oui il me reconnait vraiment (!) et il se souvient même de mon prénom (!) parmi la masse énorme de ses N-3) "Comment allez-vous?" (C'est la première question qu'il me pose : il se soucie de comment je vais!) "Vous travaillez sur le projet X, je crois?" (Il sait ce que je fais, s'il le sait c'est que ce doit être un projet très important, bien plus important que ce que j'imaginais...) "Je suis très content de savoir que vous êtes sur ce projet. Je n'ai pas besoin d'en savoir plus, je vous fais confiance. Je suis sûr que cela se passera très bien avec vous. Vous saurez comment vous y prendre." (Il me fait confiance et reconnait mes compétences!) C'est génial, je ressors boostée de cet ascenseur mais quelle pression! Par sa bienveillance, rien d'autre que de la bienveillance, mon niveau d'exigence vient de crever les plafonds. Je ne peux pas le décevoir. Personne ne le voudrait. Du coup je renforce moi-même mon niveau d'exigence et ma motivation. Voilà la réflexion que je me faisais en sortant de l'ascenseur telle une guerrière alors que je sentais toujours peser sur moi son regard chargé de bienveillance et déjà d'une pointe d'admiration. Rien de tel pour doper votre exigence.

Alors, la prochaine fois que vous monterez dans un ascenseur avec un collaborateur, pensez-y. Ne plongez pas dans votre smartphone, regardez-le. Regardez-le vraiment: reconnaissez-le, demandez-vous comment il va vraiment, dites lui que ce qu'il fait est important et montrez lui que vous lui faites confiance parce qu'il est compétent. On ne gagne pas à tous les coups certes, mais on multiplie sérieusement les chances de créer cette fameuse petite étincelle magique qui change tout...

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Vincent Couhe

Expert de la paix en reconversion.

4 ans

Et ce projet X a été une réussite finalement ?

Un bon manager doit faire preuve d’  « exigence sans cruauté et bienveillance sans complaisance » m’a-t-on dit un jour :) ça m a marqué, j’ai trouvé ça très juste. Merci pour ton article qui me l’a rappelé et par ailleurs très juste :)

Pierre, Rawiak

Meilleur Ouvrier de France de la 26e édition du concours MOF-Teinture /RESPONSABLE PRODUCTION ET RESPONSABLE TECHNIQUE

4 ans

Très belle leçon de la vie.!!!!

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