Blockchain, une révolution numérique
"Comme toute nouvelle technologie, avant de permettre de faire des choses nouvelles, la technologie permet de faire mieux que ce que l'on faisait avant"
La blockchain est une technologie. Elle correspond à un cahier sécurisé numérique décentralisé. La notion de décentralisé est des plus importantes, c'est celle-ci qui donne le la à tout l'écosystème qui gravite autour, et est plus communément appeler DeFi.
Lorsqu’un nœud du réseau concerné veut enrichir ce registre d’un nouvel élément, tous les autres nœuds de la blockchain sont mis à contribution pour acter cet ajout de façon indélébile. Chaque bloc contient l’empreinte du bloc précédent, formant ainsi une chaîne de blocs de données. Une nouvelle entrée ne peut donc être ni falsifiée ni antidatée, car la blockchain est copiée sur l’ensemble des nœuds du réseau. Avec la puissance de calcul actuel des superordinateurs, sans compter les ordinateurs quantiques, il faut sexdécimillion d'années à une seule machine pour réussir à casser la clé de cryptage en 256 bit d'un seul nœud.
En effet, il ne s’agit pas seulement d’un outil permettant de générer de la confiance en permettant de stocker des données sécurisées. Si les banques et l'industrie s’intéressent beaucoup à la blockchain, c’est aussi parce qu’il est possible d’y inscrire des transactions, ce qui ne coûtera alors que quelques centimes contre quelques euros actuellement selon le type de blockchain, de son nombre d'utilisateurs et de ses mineurs. La blockchain permet ainsi d’attester de manière irréfutable et datée le moment où a été effectuée une transaction : il s’agit d’une technologie d’horodatage généralisée. Un tel registre peut également servir à référencer des titres de propriété intellectuelle ou des données cadastrales. Certaines blockchains, comme la blockchain Ethereum, permettent d’exécuter un code sur les éléments de celle-ci. Ces codes appelés smart contracts ouvrent de nouvelles perspectives à l’Internet des objets. Récemment, Vitalik Buterin, fondateur d'Ethereum, à annoncer qu'un nouveau type de smart contracts allait être mis à disposition des utilisateurs, les "Solvable Smart Contracts" auront la particularité d'être révocable à l'utilisateur par leurs émetteurs. Chose qui n'est pas le cas actuellement, les smarts contracts peuvent être exécutés et échanger ou non entre les utilisateurs une fois qu'ils sont attribués.
Il existe principalement deux types de blockchain : les blockchains publiques et les blockchains privées. Elles diffèrent entre elles au travers des autorisations qui sont accordées aux nœuds du réseau. Dans le cas d’une blockchain publique, tous les nœuds sont autorisés à écrire dans celle-ci, et à y lire les données. À l’opposé, seul un petit nombre de nœuds sont autorisés à écrire dans une blockchain privée. Ainsi, les règles de validation pour ajouter un nouveau bloc diffèrent elles aussi. Par exemple, dans le cas de la blockchain publique Bitcoin, l’incitation à sécuriser les éléments de la blockchain est liée à l'obtention de bitcoins à travers deux mécanismes : un montant fixe par bloc miné et un montant variable lié aux frais de transaction du minage. Pour une blockchain privée, les incitations sont plutôt liées à sa gouvernance.
Quelles sont les autres raisons pour lesquelles les grandes entreprises devraient s’intéresser à la blockchain ?
Il en existe au moins trois.
Premièrement, les blockchains offrent une perspective intéressante pour l’économie de la sécurité. Elles créent un système décentralisé d’incitations à sécuriser un système informatique. Pour rappel, même si un superordinateur met environ sexdécimillion d'années à casser une clé de cryptage en 256 bit, ce n'est pas le cas d'un ordinateur quantique. Des études récentes montre la fragilité de notre système cryptographique face à ces mastodontes de la superposition quantique. Ces ordinateurs quantiques, malgres qu'ils soient toujours réservés à une élite scientifique, il ne faudrait que quelques décennies avant de les voir arriver sur le marché. Ce qui remet grandement en question la sécurité de notre économie toute entière.
Deuxièmement, les blockchains et les smart contracts permettent de mettre en relation des agents de manière décentralisée, redéfinissant ainsi la notion d’entreprise et la nature du travail. Ils ont également un impact sur l’organisation des industries, puisque des agents peuvent partager des ressources informatiques, ce qui permet de réduire les coûts fixes d’entrée dans des secteurs qui nécessitent d’importants investissements dans des serveurs et du matériel informatique. Les blockchains représentent aussi un contrepoids aux tendances centrifuges des plateformes à plusieurs versants concentrant le pouvoir de marché de certains acteurs du web.
Un des débats majeurs concernant la blockchain résulte du manque de connaissances de celle-ci et de l'association faite aux cryptomonnaies et plus précisément au Bitcoin. Étant la première blokchain jamais crée, le Bitcoin détient une gouvernance sur toutes les autres blockchains et par extension de celles-ci aux autres cryptomonnaies. En réalité, la blockchain est une innovation technologique qui peut se diffuser plus ou moins rapidement dans l’économie. Il s’agit de savoir si cette technologie est suffisamment disruptive pour connaître une diffusion très rapide ou si, au contraire, il s’agit d’une innovation transformative dont la diffusion complète dans le tissu économique pourrait nécessiter plusieurs décennies.
Troisièmement, si nous résumons la blockchain qu'à une seule utilisation primaire, le paiement en ligne, celle-ci est néanmoins des plus révolutionnaire. Elle permettrait de faire un bond vers une nouvelle économie d'échange de biens et de services. Un marché international ou chaque acteur pourrait s'affranchir des limites dues aux moyens de paiement qu'il dispose au sein de son pays ou au manque de confiance de son système bancaire par les autres acteurs internationaux. Cette technologie s'étendrait à chaque être humain disposant d'une connexion internet et d'un compte bancaire. Elle nous offre un moyen de paiement numérique universel, unique, international, utilisable par tous, fiable, vérifiable et infalsifiable. La blockchain n'est ni plus ni moins qu'un nouveau tiers de confiance que personne ne peut corrompre ni contrôler.
Quels sont les éléments disruptifs de la blockchain ?
La blockchain s’applique bien sûr aux produits numériques ou facilement numérisables. Mais celle-ci va bien au-delà de son utilisation comme simple registre numérique permettant un horodatage. Trois aspects méritent d’être soulignés : les tokens, les smart contracts et la liquéfaction du monde physique.
L’économie des tokens
La blockchain rémunère le travail de sécurisation au moyen de l’émission de jetons (tokens). Ceux-ci peuvent correspondre à de la crypto-monnaie, mais ils peuvent également être assimilés à des droits de vote. La valeur des tokens augmente avec le nombre de leurs utilisations possibles : ainsi, par exemple, il existe des externalités de réseaux positives directes et indirectes entre ceux qui possèdent des bitcoins et ceux qui les acceptent. Les jetons peuvent également servir pour garantir des droits de vote lors d’une assemblée générale ou lors d’élections politiques.
Jusqu'à aujourd'hui, les tokens servent principalement de moyen d'échange et de "monnaie" virtuel. C'est un moyen simple de récompensé les mineurs pour leurs présences sur le réseau. Car oui, les "mineurs" sont l'artefact principal d'une blockchain, car sans nœud, sans écriture et sans moyen de lecture, la blockchain n'a pas lieu d'être.
Recommandé par LinkedIn
Les smart contracts
Les smart contracts sont des bouts de code, qui, exécutés sur la blockchain, permettront de valider des tâches et les rémunérations liées.
Un premier exemple, celui de Black Mirror, une série qui raconte le monde notre société selon une exagération totale de la technologie. Un monde où l'on ne paye uniquement ce que l'on consomme. Au revoir les taxes locales pour l'entretien de la ville si vous ne sortez jamais de chez vous. Pas besoin de payer un abonnement tous les mois à votre fournisseur d'internet si vous n'utilisez votre Wifi que quelques heures par mois. Mais à l'inverse, dans ce monde dystopique, chaque fois que vous faites couler l'eau du robinet, vous êtes immédiatement débitée de la consommation exacte de ce simple mouvement. Si vous sortez de chez vous pour vous rendre à votre supermarché, vous êtes redevable de chaque mètre parcouru sur le bitume et de chaque seconde d'éclairage dont vous avez bénéficié lors de ce trajet.
Cette idée d'une société dystopique qui crédite aux microtransactions est une alternative réelle aux files d'attente. Ce système étant actuellement en place en Chine, où les citoyens n'ont plus besoin de s'arrêter pour acheter leurs titres de transports en communs, car l'IA et la reconnaissance faciale à valider au vu de leurs présences, si X personnes ont payer leurs abonnements ou leurs titres de transport. Système qui sera la référence de demain pour les supermarchés et tout autre magasin de proximité qui sera dépourvue de caisses et débitera automatiquement chaque client qui quittera le magasin avec un article en main sans que celui-ci n'ait besoin de perdre son temps au sein de files d'attente.
Une liquéfaction du monde physique
La blockchain permet également de tracer et d’authentifier des personnes et des produits physiques grâce à des techniques d’empreinte, de reconnaissance numérique et à des capteurs. Il peut s’agir, par exemple, de tracer un numéro de série ou le « passeport » d’un objet physique dans la chaîne de production. Ces technologies font converger le monde physique avec le monde numérique en améliorant la traçabilité des produits et des services pour rendre l’économie plus « liquide ».
Le groupe LVMH à ainsi décidé de s'associer à d'autres marques de luxe pour fonder Aura Blockchain. Une blockchain pas comme les autres, puisque celle-ci ne vas pas uniquement mettre fin aux contre façon, mais également apporté une certaine légitimité à leurs produits dans le marché de l'occasion. Je m'explique, Aura vas permettre à n'importe qui saisissant le numéro de série d'un sac, pouvoir retracer toute son existance. Il nous sera alors possible de voir via la blockchain, par qui il a été fabriquer, quand, ou, dans quel magasin il a été distribuer, vendu à qui, si des réparations ont eu lieu, pour quelles raisons et qu'est ce qui a été changer.
Everledger est une blockchain du diamant qui permet de tracer les transactions grâce à une puce NFC placée sur le certificat d'authenticité, mais aussi a l'aide de gravure attribué à chaque diamant. Les métadonnées de chaque diamant qui sont sur des attributs similaires que celles d'Aura sont disponibles.
Vechain est également représentatives du marché B2C et sont sur la voie de devenir l'acteur blockchain du commerce mondial de demain, avec des clients actuel tels que BMW, Walmart et bien d'autres.
Conclusion
La blockchain n'en est qu'à ses débuts et est prête à devenir la nouvelle révolution technologique de demain. De plus en plus de gouvernements, d'entreprises, sont sur le point de débuter l'aventure technologique de la blockchain.
Nous pouvons nommer le Canada qui est en train de lancer un plan de centralisation des données administratives de ses citoyens pour facilité l'accès à cette donnée, mais également pour stopper la contrefaçon de visa, permis de conduire, etc. La Chine est en route pour diminuer progressivement la circulation son Yuan pour un Renminbi digital, une autre façon pour elle d'asseoir sa suprématie économique accélèrent les moyens de paiement.
Samsung, Apple, Meta (ex Facebook), Nike et bien d'autres se sont lancé dans l'aventure du metavers et du NFT, avec l'arrivé prochaine pour Apple, Meta et Samsung d'une blockchain qui leur sera propre, et ainsi permettre aux utilisateurs de voguer dans un nouvel univers ou l'art digital sera maître. Nike et d'autres industriels de la mode l'ont fait pour d'autres raisons, donner une seconde image à leurs produits, tel un sosie virtuelle, qui permet à son produit physique de vivre dans un futur virtuel très proche. Si nous devons évoluer demain dans un monde virtuel dicté par des avatars, il faut bien se dire une chose, cet avatar doit être représentatif de notre personne, personnalité, statut, et donc ne doit pas être habillé n'importe comment.
Dans les années 80, on voyait les premiers ordinateurs grands public arriver, en 2000, c'était l'expansion du web avec ses premiers sites e-commerce, en 2007 le premier smartphone, en 2014 l'explosion des réseaux sociaux. Cette chronologie a pour but de souligner la périodicité systémique en forte croissance, car chaque révolution technologique accélère l'arrivée de la suivante. Nous sommes aujourd'hui à l'aube de cette nouvelle révolution technologique qui est en marche depuis 2008 garce à la blockchain du Bitcoin.
Selon le type d'activité de l'entreprise ou de l'entité, la blockchain est à la fois disruptive et transformative. Selon l'utilisation que l'on en fait, elle peut être une amélioration de nous outils actuels ou à l'inverse les transformer en rendant leurs utilisations totalement obsolètes.