Bon anniversaire, UBER
Sans aucun sarcasme, il y a des chiffres qui font sourire parfois. Prenons UBER…
L’entreprise fête ses 10 ans.
Rappel du principe pour ceux qui n’auraient pas écouté les news depuis 2009 : la plateforme utilise des entrepreneurs pour faire le taxi. Une activité qui forcément a le don d’énerver les chauffeurs de taxi. On estime que ces entrepreneurs gagnent en moyenne environ 9,15 € / heure (selon le magazine Capital), net après impôts.
Mais, le plus incroyable, c’est que cette entreprise, entrée en bourse depuis le mois de mai 2019, a levé un fond de 8,1 milliards de dollars, qu’elle fait un chiffre d’affaires de 11 milliards en 2018, sans cesse en progression, qu’elle dispose de près de 100 millions d’utilisateurs dans le monde, qu’elle achète d’autres entreprises… mais qu’elle perd de l’argent. Beaucoup d’argent.
Au second trimestre 2019, UBER a perdu 5,20 milliards
Ce puits sans fond est alimenté par les banques d’investissement ou les PP (petits porteurs). Tous semblent croire encore en l’avenir de UBER. Et cela ne date pas d’hier. Le trimestre d’avant, UBER perdait 1 milliard… Celui d’avant, 770 millions… Celui d’avant, 950 millions… Celui d’avant, 680 millions… Celui d’avant, 560 millions. Et ainsi de suite, ainsi de suite. Plus on recule dans le temps, moins UBER perdait d’argent. Un procédé qui rappelle le système Ponzi qui veut que les derniers entrants financent les premiers sortants. Sauf que dans le système Ponzi, les premiers entrants sont censés gagner de l’argent. Ici, tout le monde y perd.
Reste la bourse, pragmatique, toujours cruelle . Tout récemment, lorsque UBER a annoncé qu’ils allaient réagir et investir encore plus de manière agressive dans leur développement, là, le titre a plongé de 8 % ! Tout de même ! Boursorama titrait : « UBER : des pertes accrues fraîchement accueillies en bourse ». Tu m’étonnes !
Alors, quelles solutions pour UBER ? En général, dans de telles situations, les entreprises adoptent la solution la plus simple : elle licencie. Là, c’est plus compliqué puisque, théoriquement, les chauffeurs ne sont pas des salariés. Le problème pourrait même se corser un peu plus quand on sait que depuis des mois, des chauffeurs UBER sont en conflit ouvert avec la société pour requalifier leur contrat d’autoentrepreneur et devenir des salariés, avec bien sûr tout ce que cela comporte comme avantages (congés payés, protection sociale, tickets restaurants, etc.).
UBER n'est pas Twitter ou Amazon
D’autres sociétés ont connu le même chemin qu’UBER, à commencer par Twitter ou Amazon, des géants qui aujourd’hui gagnent de l’argent avant d’en perdre dans le passé. Malgré tout, UBER pourrait ne pas suivre le même chemin de par sa nature même. Ici, pas de publicité qui viendrait la sauver comme avec Twitter, ou un cloud service, véritable messie pour Amazon. Non, UBER est bien dans l’embarras (à vous de choisir le bon mot). Une solution comme une autre serait de réduire l’activité des chauffeurs pour se tourner vers d’autres sources de revenu (trottinettes électriques par exemple).
Au fond, tant que le CA grimpe, les investisseurs investissent, les banques banquent. Mais, à la moindre alerte, tout s’écroulera.
Comme ils disent sur leur site web : Drive and make money. Sauf pour eux.