CAC 40 : Bilan complet 2016

Tout d’abord un constat général : Le CAC40 n’aura pas réitéré sa bonne performance 2015 et ses plus de 9.5% de progression. Comme l’atteste le graphique comparatif ci-dessous, l’indice parisien devrait achever cette année avec un peu plus de 4% de gain (soit environ 200 points de grappillés). Un temps envisagé, le seuil psychologique des 5000 points ne sera finalement pas testé cette année malgré un magnifique rallye de près de 11% (à compter du point bas du 8 novembre) durant ces deux derniers mois calendaires. Au sein de la cote, c’est 23 sociétés sur 40 qui finissent l’année en territoire positif (ce ratio tient compte de l’ensemble des sociétés ayant fait partie du CAC40 au cours de l’année) pour un volume total d’échanges annuels cependant inférieur à 2015 à 28.800 milliards d’euros.

Dans le détail, en données mensuelles, comme l’atteste le graphique saisonnier ci-dessous, il convient de noter tout d’abord les performances diamétralement opposées du CAC40 « saison 2015 » et du CAC40 « saison 2016 » sur des périodes similaires. L’année 2015 avait en effet commencé particulièrement forte avec plus de 15% de gain sur les deux premiers mois (7.76% en janvier et 7.54% en février). A contrario, en 2016, le CAC40 aura abandonné 6.19% entre début janvier et fin février (-4.75% en janvier et -1.44% en février). Cette dichotomie s’est d’ailleurs renouvelée sur les fins d’exercices avec un mois de décembre 2015 en retrait de 6.47% alors que décembre 2016, avec près de 6% de gain s’affiche d’ores et déjà comme le meilleur mois de décembre depuis 2009.

Les performances mensuelles auront été finalement plus « lissées » que l’année passée. Si l’année en cours affiche une variation des extrêmes de -5.95% (juin) à +5.5% (décembre), l’indice français avait connu, en 2015, une chute de -8.45% (août) avant un gain de plus de 9.9% (octobre). 

Huit mois sur les douze de l'année 2016 affichent une évolution positive avec une séquence de quatre mois consécutifs de hausse depuis la rentrée de septembre soit une progression continue de près de 9%. Le nombre de mois positifs est d’ailleurs supérieur à la moyenne de ces dix dernières années boursières (six mois positifs en général).

Une fois n’est pas coutume, le mois de juin aura été particulièrement monopolisé par les vendeurs pour le quatrième exercice de suite et même pour la neuvième fois sur ces dix dernières années. Très favorisé par le Brexit surprise, juin 2016 se distingue comme le pire mois de juin depuis la crise des subprimes de 2008.


1°) D’un point de vue de la nervosité sur l’indice parisien :

L’indice de référence VCAC relatif à la volatilité observée durant les séances boursières sur le CAC40 permet de distinguer très nettement trois périodes au cours de l’année 2016.

Un premier pic de volatilité apparaît le 11 février dernier. Un véritable jeudi noir avec plus de 4% abandonné par l’indice parisien (marqué par une incursion sous les 3900 points). Presque dix mois plus tard, c’est près de 1000 points, soit 20%, qui sont repris par l’indice parisien ! Le VCAC a effectivement tutoyé les 40% avec des marchés englués dans une dynamique négative causée notamment par les craintes sur le secteur bancaire, la faiblesse des cours du pétrole et plus globalement la santé de l’économie mondiale. Cette séance d’extrême tension s'est également trouvé accentué par l’audition, devant une commission du Sénat, de la présidente de la Fed Janet Yellen qui laissait entendre un statu quo lors de la prochaine décision sur les taux directeurs américains après avoir reconnu s’attendre à une croissance américaine modérée pour les trimestres à venir.

Le souhait des Britanniques de s’émanciper de l’Union Européenne a été acté le 24 juin dernier et marque le second point chaud de l’année. La surprise fut de mise et la réaction de défiance des marchés européens ne se fit pas attendre. Le CAC40, comme les principales places européennes, a dévissé de près de 8% ouvrant ainsi un gap baissier conséquent et laissant filer plus de 360 points en une séance. Cette chute libre sera pourtant in fine effacée en seulement quelques journées, marquant par ailleurs un rallye estival de bonne figure avec plus de 600 points engrangés en sept semaines.

Enfin, la dernière séquence de contrariété des marchés s’est produite début novembre. En effet, les élections américaines du 8 novembre dernier étaient jouées d’avance pour bon nombre d’instituts de sondage avec une large victoire du camp démocrate et sa candidate Hillary Clinton. Le spectre d’une victoire du fantasque Donald Trump laissait présager des lendemains très difficiles pour les marchés financiers notamment. Si au fur et à mesure de la nuit américaine, l’avance du candidat Trump faisait instantanément chuter les indices américains et les indices mondiaux, et s'envoler le cours de l’or à plus de 1340 dollars, un retournement de tendance intraday des marchés s’est opéré avant un début de « Trump Rallye » qui ne cesse depuis lors, permettant aux indices US de flirter avec leurs records historiques en cette fin d’année. L’or dans la foulée a perdu près de 200 dollars l’once en un peu plus d’un mois. De cet épisode rocambolesque, le CAC40 a suivi le mouvement de rattrapage post élection avec un gain de près de 12% en à peine sept semaines, participant nettement à la performance annuelle positive de l’indice parisien.


2°) D’un point de vue des introductions en bourse:

Même si hors CAC40 évidemment, il convient de noter que de nombreuses société ont encore fait appel au marché cette année afin d'ouvrir leur capital aux investisseurs. Quinze sociétés sont entrées en 2016 sur Alternext ou Euronext au MR Compartiment C (capitalisation inférieure à 150 millions d'euros) ou B (capitalisation entre 150 millions d'euros et un milliard d'euros). C'est néanmoins près de deux fois moins qu'en 2015. Peuvent être citées notamment, les IPO de Maisons du monde en mai dernier (qui enregistre déjà plus de 42% de performance), Cerinnov Group (+14%), Kerlink (avec +48%) encore Groupe Parot et Gensight.


3°) D’un point de vue des entrées et sorties du CAC durant l'année, deux nouveaux entrants:

Tout d'abord Nokia a remplacé dès les premières séances de l'année (7 janvier) Alcatel-Lucent. Nokia intègre la cote parisienne suite au règlement de son offre publique d'échange sur Alcatel-Lucent et sa prise de participation majoritaire. Le nouveau groupe fusionné est devenu opérationnel dès le 14 janvier. La société originaire de Finlande joue la transformation fondamentale en se tournant totalement vers les technologies 5G et le cloud notamment. Cette entrée n'aura pour autant pas profité à la valeur nordique qui ferme la marche du CAC40 avec un cours de bourse en diminution de 30% sur l'année. L'équipementier télécoms a été finalement victime de la baisse de ses marchés, mais s'en tire mieux que son concurrent direct Ericsson (chute de près de 40%). La mauvaise gestion de ses brevets peut également expliquer cette contre-performance. Les investisseurs avaient en effet été dès février dernier déçus par les modalités financières du règlement d'un différend avec Samsung. Enfin la non conclusion d'un accord de partenariat tant attendu avec Apple pour fin 2016 est venu définitivement ternir la performance de Nokia.

Plus récemment en mars Sodexo a remplacé le groupe spécialisé dans les transports Alstom. Le leader mondial des services aux entreprises signe un retour en réalité au sein du CAC40, onze ans après en être sorti (sous l'ancien nom de Sodexho). Cette décision du conseil scientifique des indices de NYSE Euronext s'explique par la capitalisation boursière du groupe (plus de 16 milliards d'euros désormais) et le volume d'échanges moyen enregistré. A noté que cette entrée féminise quelque peu la classe dirigeante au sein de l'indice parisien puisque Sophie Bellon, présidente du conseil de surveillance, devient l'une des seules femmes à la tête d'un des quarante groupes présents dans l'indice. Contrairement à son co-entrant Nokia, Sodexo enregistre l'une des plus belles progressions de l'année sur le CAC40 avec plus de 20% de gain et s'offre même le luxe d'inscrire un nouveau plus haut historique lors de cette dernière séance boursière 2016 à 109.4 euros.


4°) D’un point de vue des performances sectorielles :

Sur dix secteurs majeurs pouvant être identifiés, six d’entre eux finissent l’année dans le vert. Avec le retour en grâce des secteurs des matériaux de base (+45.3%) et de l’énergie (+20%) principalement. 

En matière de consommation cycliques (+14.2%), le milieu de l’habillement (+24.8%) et des grands magasins (+35%) tirent leurs épingles du jeu emmené notamment par Kering (ancien propriétaire des magasins Printemps, la Redoute…) ou encore LVMH dont le secteur du luxe ne semble pas connaître la crise grâce au marché asiatique.

A l’opposé, cette année les services aux collectivités sont à la peine avec -26% (plombé très majoritairement par Véolia et Engie) tout comme le domaine des télécommunications (Orange en tête avec -7.4%) et celui des technologies.


5°) D’un point de vue des performances des sociétés composant le CAC40 

Le constat apparaît particulièrement parlant et l’adage biblique « les premiers seront les derniers » n’est pas loin de pouvoir s’appliquer sur l’indice parisien pour cet exercice 2016. Une valeur résume le contexte : ArcelorMittal. Pire performance 2015 avec plus de 53% de valeur abandonné, cette dernière a opéré un revirement de tendance des plus spectaculaire en achevant l’année 2016 à +132%. Le cancre 2015 fini major de promo 2016 grâce à la nette reprise du secteur des matériaux de base (+45.3%).

Pêle-mêle, pourra être noté également le classement d’Engie qui n’évolue pas. Antépénultième pour la seconde année consécutive. La société française qui veut relever les grands enjeux de la transition énergétique ne parvient toujours pas à décoller. La situation s’est d’ailleurs détériorée : -15% en 2015 et -26% en 2016. Cet exercice aura été difficile pour l’énergéticien français avec la chute des prix de l’énergie. Son chiffre d’affaires a baissé de plus de 10% à taux de change et périmètre constants pour atteindre 47.5 milliards d’euros. Le cours de l’action a d’ailleurs atteint en novembre dernier son plus bas niveau historique à 11.22 euros.

De même le secteur automobile est délaissé en 2016 après une année 2015 de très bonne facture. Dans le détail, le chamboulement est net. Comme nous l’envisagions en fin d’année dernière, les grands gagnants 2015 avec Peugeot et Renault au sommet de la hiérarchie (+60% pour le premier, +57% pour le second), ces valeurs ont sans surprise quitté le TOP10 des meilleurs performances 2016. Renault fini d’ailleurs l’année parmi les moins bons élèves avec une perte d’un peu plus de 7%. Pourtant les constructeurs automobiles européens ont battu ces derniers mois des records de ventes de véhicules neufs (source Association des constructeurs européens). Renault est même devenu le second constructeur automobile européen derrière l’allemand Volkswagen en termes d’immatriculations de voitures. En réalité selon les analystes suivant ce secteur, c’est le Brexit de juin dernier qui pourrait causer à terme du tort à nos deux marques nationales que ce soit pour leur compétitivité et leurs investissements. Peugeot figure comme le 4ème constructeur en Grande-Bretagne et la chute de la livre sterling, faute de production locale pourrait lui coûter cher. Renault serait impactée par sa filiale japonaise Nissan, l’un des constructeurs asiatiques les plus exposés au marché britannique dont l’usine géante située à Sunderland alimente en véhicules toute l’Europe.


6°) D’un point de vue des dividendes des sociétés composant le CAC40 :

Le « rendement boursier brut » moyen au sein du CAC40 est de 3.48% pour 2016 soit le meilleur résultat depuis l’exercice 2012. En estimé 2017 celui-ci est attendu à 3.61%. D’autre part, près de 30 sociétés du CAC40 prévoyaient d’augmenter cette année leurs dividendes. La politique de distribution était clairement en faveur d’un maintien voire de l’augmentation des coupons pour 2016.

Sur le CAC « élargi », sans surprise ce sont les foncières cotées (SIIC) qui trustent les premières places en termes de rendements et dividendes en 2016. La pierre paye encore et toujours ! Du coup pour le CAC40, le leader européen de l’immobilier commercial Unibail-Rodamco se démarque en offrant un dividende de plus de 10 euros pour un rendement de 4.77% avec un taux de distribution de plus de 90%. Klepierre, acteur majeur de l’immobilier, propose près de 5% de rendement également.

Dans une moindre mesure, les valeurs du luxe se démarquent également. Kering et LVMH produisent un rendement supérieur à 2% avec un taux de distribution de 33% pour la première et 49% pour la seconde. Certains acteurs du secteur de l’énergie parmi les bons élèves 2016 ont gardé une politique de versement de dividendes avec Total (0.61 euros par trimestre soit 2.44 euros) ou encore Technip avec un coupon annuel à 2 euros par action.

Pour les exceptions, parmi les sociétés avares en dividendes figurent notamment le premier du classement : Arcelor Mittal. Le groupe luxembourgeois de Lakshmi Mittal justifiait ce choix de ne pas en distribuer en début d’année par sa situation financière difficile. Le numéro un mondial de la sidérurgie a d’ailleurs entrepris avec succès une augmentation de capital au cours de l’année afin de réduire sa dette. 

Dans la même lignée, la société Peugeot pour le second exercice de suite n’a pas versé de dividendes mais s’est engagée à reprendre la distribution courant 2017 (23 février en prévision).

Enfin, au regard du CAC40 GR (gross return) ci-dessous, c’est-à-dire avec l’ajout du montant des dividendes versés et réinvestis en actions de ces mêmes sociétés, il apparaît que le pic historique s'établit à 12.200 points lors de l'année passée. En 2016 cet indice aura progressé de plus de 8% finissant même l’année sur ces plus hauts niveaux tutoyant à nouveau les 12.000 points. Soit a peine à 2% de son record historique de 2015.


En fin de compte, pour conclure ce bilan, le graphique suivant résume particulièrement bien l’année écoulée. Trois évènements majeurs ont entrainé des mouvements puissants et soutenus sur la durée :

-          Un 1er évènement asiatique avec les craintes sur l’économie chinoise et le ralentissement de l’économie mondiale, entrainant les banques dans leur chute. S’en suivra près de 18% de performance du CAC40 sur 10 semaines entre février et avril.

-    Un 2nd évènement européen avec le Brexit inattendu faisant craindre une instabilité européenne mais finalement vite absorbée et digérée avec une poussée haussière de 11 semaines et plus de 15% de gain pour le CAC40 entre fin juin et début septembre.

-        Un 3ème évènement nord-américain avec l’élection surprise du candidat Trump entrainant un rallye vigoureux (+11%) de plus de 8 semaines et qui ne semble s’essouffler voire temporiser qu’à l’approche de ces fêtes de fin d’année. Cette tendance à tutoyer les records sur les indices nord-americain perdurera-t-elle en ce premier trimestre 2017 ? Rien n’est moins sûr.


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