Capsule STAT #1: Le scan brisé
🟪 Experte en évaluation et en développement du leadership, je m’inspire de la série télévisée STAT pour approfondir des concepts de leadership présentés à l’écran. Je n’ai aucun lien avec la série, et l’analyse que j’en fais est la mienne uniquement. Attention aux divulgâcheurs!
Temps de lecture: 5 min.
Dans l’épisode du 15 mars 2023, l’urgence de l'hôpital Saint-Vincent déborde. Gabriel Lemaire, directeur des services professionnels, fait semblant que le scan de l'hôpital est brisé pour rediriger les ambulances ailleurs dans la région, sur les conseils de son prédécesseur. Mais celui-ci avait donné de faux conseils à Gabriel pour nuire à sa réputation. Oups!
Comme téléspectatrice, cette saga me fait bien rire. Mais quand j’analyse la situation d’un point de vue du leadership, je fais des constats intéressants.
1. « Si les autres le font, je peux le faire aussi. »
Dans l‘épisode précédent, le prédécesseur de Gabriel laissait entendre qu’il a déjà utilisé l’excuse du scan brisé pour gérer le volume de patients dans les urgences. Pourquoi Gabriel devrait-il s’en priver?
Ce n’est pas parce que d’autres utilisent une méthode discutable qu’elle est justifiable. Au lieu d’imiter aveuglément son prédécesseur, Gabriel aurait dû réfléchir au problème et à ses sources, aux différentes solutions possibles et à leurs impacts sur différents plans.
Le manque d’éthique est contagieux. Une étude sur la contagion de la fraude a démontré qu’un conseiller financier a 37% plus de chances de commettre une inconduite s’il est en contact avec un collègue ayant un historique de fraude. Plus il y a de leaders qui adoptent des comportements problématiques, plus ceux-ci semblent acceptables aux yeux de leurs collègues et employés. Ainsi, ces mauvais comportements se répètent, et la culture organisationnelle s’empoisonne sur le long terme.
2. « La fin justifie les moyens. »
On le sait, le personnage de Gabriel est très orienté vers les résultats. Chaque fois qu’il peut transférer ou donner son congé à un patient, il le fait promptement! Après tout, chaque patient qui sort de l'hôpital permet à un autre d’être accueilli et de recevoir des soins.
Dans le cas du scan, Gabriel n’arrive pas à convaincre ses homologues d’autres hôpitaux de prendre en charge des patients afin de désengorger sa propre urgence. Selon lui, ça justifie l’idée de mentir à ses partenaires et d’inventer une fausse histoire pour se sortir la tête de l’eau.
L’objectif final de Gabriel est de mieux servir les patients de son hôpital et d’enlever un peu de pression à son équipe. Il pense bien faire, mais cela ne justifie pas d’utiliser des moyens inappropriés pour y parvenir. Étant un leader, Gabriel sert de modèle pour les autres, et il se doit de montrer l'exemple. Son approche est tout aussi importante que les résultats qu’il obtient.
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3. La responsabilité est partagée
Face à une situation d'urgence, Gabriel a la responsabilité de gérer la crise de manière efficace. Il a peu d’expérience dans son rôle. Visiblement, c’est la première fois qu’il est confronté à un aussi grand volume de patients à l’urgence, et il ne sait absolument pas quoi faire.
Une bonne gestion de crise implique d'identifier les priorités, de communiquer efficacement avec les différentes parties impliquées et de prendre des décisions adaptées à la situation. Tout ça très rapidement! Ça demande aussi de réfléchir aux causes profondes de la crise. Gabriel a peut-être réussi à désengorger l'urgence temporairement, mais il rate l'occasion d’améliorer la situation de manière durable, en mettant en place des solutions pérennes.
À mon avis, la responsabilité est partagée. Gabriel occupe le poste par interim, depuis peu. Il n'a peut-être pas eu le temps ou les moyens de recevoir une formation suffisante avant de prendre en charge l'urgence de l'hôpital. C'est normal qu'il se sente dépassé par la situation.
C’est évident que l’organisation de Gabriel ne lui a pas offert la formation nécessaire pour bien gérer ces situations critiques. De son côté, Gabriel aurait pu demander le soutien de sa patronne afin de gérer la situation de manière conforme aux procédures.
Pour exercer un véritable leadership, la confiance est cruciale
Au final, Gabriel a appris une bonne leçon: mentir brise la confiance, et ça a des conséquences. Sur le coup, ça lui permet d’obtenir ce qu’il veut; mais à long terme, son équipe perd du respect pour lui en tant que leader, et n’a plus autant confiance en son jugement. À l’avenir, il risque d’avoir de la difficulté à créer de l’adhésion autour de ses décisions, et ça, ça va le ralentir. Pauvre Gabriel, lui qui aime tellement être efficace!
C’est sans compter que cette histoire peut éclater au grand jour à tout moment et créer un risque pour la réputation de son hôpital, ainsi que freiner la collaboration avec les autres établissements, qui ne croiront plus un moindre mot de ce que Gabriel affirme. En prenant un tel risque, Gabriel a ouvert la porte à une potentielle escalade de la situation. Si sa patronne l'apprend, je ne donne pas cher de sa peau! Il risque d’être renvoyé ou à tout le moins, de subir une enquête sur son éthique.
Embarrassé, Gabriel semble regretter son geste. Espérons qu’il ait l’humilité et l’introspection pour apprendre de son erreur et faire les choses autrement la prochaine fois!
🟪 Qu’as-tu pensé de ma première capsule STAT? Laisse-moi un commentaire ou partage l'article à ton réseau. Si ma capsule suscite de l’intérêt, j’en écrirai une autre!
Quelques références
Gestionnaire vaccination mobile
1 ansVraiment intéressant Myriam 👩🏼 Plamondon ! Super belle idée. Il n'y a rien de mieux que des exemples concrets
Directrice du développement des personnes et de l’organisation - Ministère de la Sécurité publique du Québec (MSP)
1 ansJ'adore! Je trouve que ce concept est très original et parlant. Je prendrais assurément une suite. D'autant plus que STAT regorge d'exemples de situation de communication, de relations et de leadership disons pour le moins inefficace! 😁
Dans son souci de bien traiter les patients présents à son hôpital et de protéger son équipe, il est prêt à mettre en danger les patients pris en charge par les services ambulanciers et à surcharger les équipes des hôpitaux environnants... Si la fin justifie les moyens, ça implique qu'on juge quelqu'un aux résultats de ses actions... Et c'est pas parce que les résultats ne sont pas directement en face de lui qu'ils sont moins critiques.
Mettre vos talents en lumière : Orientation | Psychologie du travail | Gouvernance et éthique
1 ansL'éthique, une compétence de gestion essentielle mais sous estimée! Tellement d'impact sur la réputation de l'organisation!