Carbone, mon Amour... je t'aime et je te quitte
Carbone, mon Amour,
Nous avons vécu de si belles choses ensemble, je t'aime mais je t'écris cette lettre pour te dire que je vais te quitter.
Je veux célébrer le passé et d'abord te remercier.
Depuis que tu es entré dans ma vie, tu as fait de mes années un conte moderne et de moi une princesse: tu m'as logé dans des palais surdimensionnés par rapport à mes besoins, tu m'as chauffée... des fois trop (j'en suis devenue frileuse), tu m'as rafraichie aussi quand je voulais aller là où il fait trop chaud. Tu m'as apporté sur un plateau d'argent des mets délicieux, exotiques ayant traversé des océans pour me régaler en toute saison. Tu as sacrifié des terres vivrières pour cultiver encore plus de ce que j'aimais, épandre encore plus d'engrais chimiques, déstructurer à coup de mécaniques toujours plus puissantes le sol autrefois fertile pour faire naître, nourrir et abattre des animaux déclarés "pièces de choix" dans ma culture européenne. Et surtout tu m'as transportée sans que je fasse d'effort physique, à la vitesse de centaines de chevaux, où mes caprices me dictaient d'aller sur la route comme dans les airs. Tu as exaucé tellement de voeux sans que je me rende compte du prix à payer... Tu m'as même fourni un emploi dans l'optimisation des chaînes logistiques puis dans l'aéronautique, tu étais si généreux, si abordable, plus personne ne pouvait se passer de toi !
Mes amis aussi te plébiscitaient, te plébiscitent. La plupart ne comprendront d'ailleurs pas ma décision et continueront à te fréquenter, c'est comme ça.
Et aussi c'est vrai, tu m'as dotée de tous les objets nouveaux que j'ai désirés, en plastique ou dérivés, venant de très loin des fois, il est vrai que ton empire est tentaculaire.
Oui je te remercie pour tout cela, je serais ingrate sinon. C'était beau tant que j'étais aveugle à l'autre pan de ta personnalité.
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Je me suis petit à petit rendu compte que ma relation avec toi avait créé des désirs que je n'avais pas avant, distillé le poison de l'insatisfaction chronique, de la comparaison avec les autres, un ego qui aime se pavoise dans de belles voitures qui vont vite. Et ça a nourri ma croyance que " le temps c'est de l'argent" puisque je pouvais aller vite, encore plus vite et loin très vite grâce à la puissance de tes carburants, au prix de maltraiter mon propre rythme biologique dans des transports qui défractent, qui jetlaggent, dans un mode de vie accéléré. Ce n'est pas moi, ce n'est plus moi. Désormais, "le temps, c'est de la vie".
Oui je te quitte, et d'ailleurs je te suis déjà infidèle ! J'aime aller moins vite, moins loin, j'aime approfondir, savourer l'intensité du moment présent, marcher, traîner, ne rien faire, méditer, siester...
Je vais te quitter mais progressivement car c'est vrai que cette presque désintoxication est compliquée, tu es partout présent encore dans ma vie; tu as tellement su te rendre incontournable. Pourtant je le dois, c'est décidé ! Je te connais, tu vas essayer de m'enjôler encore, me susurrer à l'oreille de nouvelles propositions indécentes, qu on peut encore, une dernière fois...
Je ne suis pas une princesse, je suis juste une femme comme mes soeurs de tous les autres continents. Je ne peux plus me permettre ton train de vie qui m'endette sur mon avenir, celui des autres et de tous les enfants puisque toi et ta bande vous étouffez petit à petit tous les êtres vivants.
Tu sais quoi, j'ai recommencé à goûter à la simplicité et c'est bon ! Je serai libre, sereine, je saurai subvenir à mes besoins, je ne suis pas - nous ne sommes pas- sans ressources.
Je me réconforte à la chaleur humaine de mes semblables, mes alliés avec qui nous partageons des discussions vraies. Je me chauffe au soleil, je me rafraichis à l'ombre des arbres. Je savoure les produits de chez nous, je partage ces plaisirs. Les animaux me parlent, je découvre les voyages intérieurs, et je renoue avec le bonheur sincère de danser, chanter et festoyer entre amis. Simplement.
Je te quitte mon Amour, j'ai laissé les clés dans ton palais vide et je ferme la porte derrière moi.
Psychologue du travail, praticienne narrative, accréditée Élément Humain, consultant formateur et coach chez ARH
1 ansTres chouette Karen j’aime ton texte et l’espoir qu’il porte… je te suis… de loin ! 😉☺️
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1 ansQuand j'ai la sensation d'avoir "besoin" de découvrir de nouveaux endroits, alors que ce n'est qu'une envie, je pense à mon 3ème grand père, qui a vécu toute sa vie dans un espace de 20 km2 environ, 2 ou 3 voyages en France, 1 voyage en avion Rennes Toulouse, et chaque fois qu'il m'emmenait avec lui à la pêche ou à la chasse (je le soupçonne d'avoir raté tous ses tirs à la chasse quand j'y étais pour me faire plaisir !) je rentrais dans son royaume dont il était le guide, toujours lui même émerveillé de la nature qui l'entourait, depuis sa plus tendre enfance, bien que malmenée à coup de bulldozer, mon grand père trouvait toujours le moyen d'ouvrir un œil neuf, sans rancune, sur "sa" campagne, sur "sa" rivière qui aujourd'hui recueille ses cendres. J'ai vu de splendides paysages dans ma vie mais j'aspire, avec mon pépère dans mon cœur, à ouvrir les yeux plus grands juste à côté de moi, à écouter l'herbe pousser. Je te souhaite une belle rupture, et que ton futur ex Amour ne te retienne pas trop.