Ce qu’il faut savoir sur la sécurité des données - Blog Sopra Steria
Droits réservés – Die Welt/Worldcrunch- Anna-Sophie Sieben
Nombre de documents importants n’existent qu’en version numérique. Pourtant, même les supports de stockage virtuels ont une durée de vie limitée. Voici quelques règles simples à suivre pour préserver vos données personnelles.Frank Meincke est le spécialiste des causes désespérées. On vient de partout le consulter pour remettre la main sur photos, vidéos, e-mails, souvenirs inestimables et autres documents de travail : Meincke s’est taillé une solide réputation dans le domaine de la récupération et de la restauration de données perdues.
L’entreprise de cet Américain, située à Schwäbisch Hall en Allemagne, rencontre un grand succès. « Beaucoup de gens savent qu’ils devraient protéger leurs données, dit-il, mais ils n’y pensent pas… jusqu’au jour où celles-ci sont perdues ».
Au fil des années, Meincke a entendu bien des anecdotes. Celle, par exemple, d’une secrétaire qui s’est pris les pieds dans le câble du disque dur, ou ces clés USB déconnectées trop tôt, de fichiers effacés par inadvertance ou encore de cet homme qui, lors d’un accès de colère, s’en est pris à son ordinateur.
Dans tous les cas de figure, le résultat est le même : les données s’envolent. Mais l’erreur humaine n’est pas toujours la cause de ces malheurs informatiques. Les CD, DVD, disques Blu-Ray, cartes mémoires et disques durs —tous ont une durée de vie limitée.
Utilisation prolongée, défaut de production, malchance
Pour Meincke, « La question n’est pas de savoir si, oui ou non un support de stockage risque de tomber en panne, mais plutôt dans combien de temps ».
Lutz Labs, rédacteur en chef du magazine allemand d’informatique c’t, se penche depuis longtemps sur le problème de longévité des supports de stockage. Il partage l’avis de Frank Meincke et prévient : il ne faut pas croire tout ce que promettent les fabricants.
Les DVD et Blu-Ray en sont un parfait exemple. Théoriquement, ces supports sont censés durer plusieurs décennies… à condition qu’on les conserve dans des conditions optimales. « Ils sont sensibles à la lumière et doivent être gardés dans un environnement ni trop humide ni trop chaud », comme l’explique Lutz Labs. Et bien évidemment, ces disques ont horreur des rayures. Quiconque enfreint ces règles d’utilisation s’expose alors à la perte potentielle de ses données.
Il en va de même pour les autres supports de stockage. Personne ne peut déterminer avec précision la durée de vie des clés USB, disques durs SSD et autres disques durs externes. « En règle générale, selon Labs, moins on utilise un disque dur, plus il aura de chances de durer longtemps ». Toujours est-il que même s’il est utilisé avec parcimonie, un disque dur est toujours susceptible de rendre l’âme. La faute à une utilisation prolongée, à un défaut de production, ou tout simplement, la faute à pas de chance.
Et quand bien même ces supports tiendraient bon durant les décennies —voire les siècles !— que certains fabricants font miroiter aux utilisateurs, cela ne signifie pas pour autant que les données qu’ils contiennent sont totalement à l’abri. C’est ce qu’explique Werner Baur du centre d’informatique Leibniz Rechenzentrum à Munich, spécialisé dans l’archivage sur le long terme que requièrent, entre autres, les bibliothèques et les universités.
Un des problèmes majeurs tient au fait qu’un support de stockage, même s’il est en parfait état de fonctionnement, peut tout simplement devenir obsolète, dépassé par les progrès technologiques. « J’avais sauvegardé ma thèse doctorale sur une vieille disquette, une de ces énormes disquettes de 30 cm de côté, raconte-t-il. Le constructeur garantissait une durée de vie de 30 ans, au bas mot. Mais à peine quelques années plus tard, on ne trouvait déjà plus de lecteur de disquettes adapté ».
C’en était fini du fichier. C’est pour cette raison que Werner Baur recommande de faire des copies régulières sur des supports de dernière technologie. Autre paramètre à prendre en compte : les formats de fichiers. Ces derniers peuvent rapidement devenir obsolètes, rendant ainsi la lecture de vos sauvegardes plus difficile.
Quels sont les supports les plus sûrs ?
Les DVD et Blu-Ray s’avèrent plutôt inadaptés en terme de stockage permanent, à la fois à cause de leur fragilité et de leur capacité relativement limitée. Lutz Labs conseille également de redoubler de prudence en ce qui concerne les clés USB. « Il y a toujours un risque qu’une clé USB cesse de fonctionner sans prévenir », dans la plupart des cas à cause de la qualité, parfois douteuse, des supports à mémoire flash.
Ce type de support, qui inclut les disques durs SSD à la popularité grandissante, présente un autre inconvénient —et pas des moindres. « Les données stockées sur un support flash peuvent disparaître à tout jamais, sans possibilité d’être récupérées, » avertit Frank Meincke. Et dans ce cas, même un sauveur de données de la trempe de Meincke n’y pourra rien. Il lui est beaucoup plus simple de récupérer des données à partir d’un disque dur classique, qu’il continue de considérer comme la meilleure option de stockage. Lutz Labs acquiesce : « Pour un usage à titre personnel, les disques durs externes sont ce qu’il y a de plus fiable ».
Les experts s’accordent également sur le fait que les solutions de stockage en ligne, sur le cloud, ne devraient jamais s’utiliser comme espaces de sauvegarde exclusifs. Quid de nos données, le jour où le fournisseur fait faillite ou devient la cible de pirates informatiques ?
Le meilleur moyen de conserver ses données
Pour Lutz Labs, « La règle de base, c’est de toujours faire deux copies de ses fichiers, si possible sur deux disques durs externes différents que l’on conserve séparément ». Et Franck Meincke d’ajouter : « L’idéal, c’est de changer de support de stockage tous les cinq ans. Et pour plus de sécurité, remplacer au moins un de ses disques durs tous les deux ans et demi ».
Par ailleurs, il convient de conserver en permanence une copie de ses données hors-ligne. « Cela vous permet d’avoir toujours une sauvegarde à disposition, au cas où les fichiers que vous gardez sur votre ordinateur, sur un réseau ou sur le cloud seraient victimes d’un hacker ou d’un cheval de Troie », indique-t-il.
Meincke préconise en outre de créer régulièrement des sauvegardes sécurisées, par le biais d’options proposées par Windows ou via le logiciel Time Machine d’Apple. En plus de sauvegarder vos données particulières, cela générera une sauvegarde complète de votre système et pourra servir par la même occasion à corriger d’éventuels bugs.
En dernier lieu, conclut Meincke, n’oubliez pas de « vérifier que vos données ont bel et bien été sauvegardées ».