Ce vide qui accompagne les diplômés universitaires
Tu viens de terminer ton parcours estudiantin, depuis la maternelle jusqu’à la journée magique au cours de laquelle on te remet un beau diplôme de troisième cycle.
Les célébrations terminées, tu commences probablement à te poser certaines questions au sujet d’une carrière, le fameux emploi de rêve ou le “Dream Job” dont on te parle un peu partout.
Tu as des projets, de grands rêves, tu t’imagines aux commandes d’une entreprise ou au pire gestionnaire dans ton domaine. Tu t’attends au salaire qui ira avec aussi.
Pourtant tu trouves le temps bien long puisque tout ce que l’on t’offre ne sont que des emplois d’un niveau de débutant.
Ah ! Je sais ce n’est pas ce qu’on t’a promis ou dit sur les bancs des facultés. Oui je sais les choses sont différentes dans la vraie vie.
Tu es choqué (déçu peut-être) parce que chaque fois que tu postules on te parle de ces choses que tu n’as pas vues en salle de classe…
La voici la réalité dont tu fus protégé toutes ces années !
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Ce texte est une fiction, mais une fiction des plus réelle, puisque c’est en grande partie le cas de plusieurs finissants des hautes études qui se dispersent sur les avenues du marché de l’emploi.
Ne dramatisons pas, il existe quand même une infime partie de ces beaux diplômes qui vont ouvrir certaines portes, probablement au bas de l’échelle, cela est un début.
Je lisais ce matin une réflexion de l’académicien Michel Serres sur le devenir de l’éducation d’aujourd’hui. (vous trouverez le lien sur ce dernier en fin d’article)
J’ai rarement lu un texte empreint d’humanisme sincère et profond sur la question dont tout le monde parle mais que si peu d’experts, de spécialistes et de pédagogues prennent le temps de s’y pencher et de plancher.
Cette lecture me fit penser aux années d’enseignement passées surtout dans la formation aux adultes. Combien nous leur donnions des théories, des connaissances, du savoir, parfois une certaine expertise technologique ou académique. Mais combien nous oublions le lien qui pourrait relier tout ce savoir avec les réalités de la vraie vie !
Nous leur parlons si peu des compétences en “savoir-être” ces compétences plus connues comme “soft-skills”, certaines sources parlent de “Savoirs-comportementaux”.
Qu’importe le niveau de savoir que l’on acquiert, on oublie de leur parler de ces compétences qui traitent de leurs interactions avec leurs semblables (subordonnés et supérieurs). On s’attend des diplômés “des performances” des “objectifs atteints” mais on ne leur donne que le contenu des ingrédients de la recette et non le mode d’emploi !
Bien entendu on passe un peu de temps pour leur parler d’un curriculum vitae, bien entendu on les noie dans des consignes de comment se comporter en entrevue, mais il reste que le seul but n’est qu’obtenir un emploi et non comment le conserver et non plus comment se rendre humainement indispensable, voilà là où le bât blesse.
Si les apprenants ne verront que rarement une poule ou des animaux en liberté, comme le dit si bien Michel Serres, et s’ils se contenteront des dits bienfaits de la digitalisation moderne, cela ne change en rien face à leurs inaptitudes, nombreuses avouons-le, face au comportement dans leur environnement de travail.
J’espère que la pensée de Michel Serres puisse survivre ces aléas que le système actuel tend à oublier et mettre de côté pour uniquement l’atteinte des performances et des objectifs quantifiables sur les cases d’un chiffrier électronique.
Souhaitons moins de gaspillages budgétaires, moins de chercheurs d’emplois introuvables ou moins de futurs chômeurs hautement diplômés.
Michel ©
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Éduquer au XXIème siècle par Michel Serres de l’Académie Française
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/05/eduquer-au-xxie-siecle_1488298_3232.html