CELA SUFFIT !!!
Nous devons tous être unis pour exiger que soit installée une société plus juste et plus solidaire dans un autre monde. Tout semble pratiquement figé et chacun des gouvernements persévère et s’obstine par leur incompétence à mener une campagne et une politique de paupérisation de la population et de dégradation de notre société, en sachant pertinemment qu’elle ne mènera nulle part. Victor Hugo écrivait "quand le navire sombre tout passager devient matelot" Cette citation illustre parfaitement la situation actuelle. Avec le naufrage du « navire Tunisie » c'est la foule immense des fins de mois difficiles, des éternels oubliés, des efforts jamais récompensés, des colères rentrées qui sombre aussi et gronde. La Pandémie, la crise politique, la crise sociale, l’inflation, la crise monétaire, les retards chroniques des salaires, l’iniquité de la pression fiscale, la désertification médicale, les pénuries des produits de première nécessité, la corruption et le règne des mafias et bandits en tous genres, le manque de médicaments, l’arbitraire des coupures d’eau et d’électricité, les atteintes à l’ensemble des droits et des libertés, la campagne de dénigrement de la population, la dérive autoritaire du pouvoir, les abus de droits et de pouvoirs, une pression fiscale exorbitante et injuste, …, n’en jetez plus, la cour est pleine !!!
Il faut arrêter ce concours ridicule de circonstances désastreuses, cet amateurisme politique de nos gouvernants et cette gabegie sociale et sociétale. La préoccupation première des citoyens, salariés, retraités, étudiants, précaires et sans emploi n’est pas de savoir qui décide quoi, mais que ce soit sous le signe d’un retour à une normalité vivable et tolérable ... qui fera un peu mieux que les autres ? Cette stratégie qui envisage d’ores et déjà la défaite n'en est pas une et conduit inexorablement le pays dans le mur avec pour conséquence, sa disparition du paysage politique international et celle de tout espoir de bonheur et de bien-être collectifs pour le peuple. À cela il faut ajouter ce « mercato » politique qui tournent à l’enfantillage, avec des transferts de gauche et de droite selon les circonstances. On nomme et on limoge à tout va dans un bricolage institutionnel et organisationnel dépourvu d’objectifs. Et après, on s'étonne que les citoyens désertent le pays pour des cieux meilleurs. Depuis le mois de janvier, c’est une véritable hémorragie de compétences que notre pays a subie et qui continue toujours.
Que devient l'Homme dans tout cela ? Il semblerait qu’il n’ait plus aucune valeur, sinon celle d’un citron que l’on peut presser jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à puiser.
Cette société où l'on s'interroge pour savoir s'il faut soigner ou laisser mourir. Cette société où les discours de haine se banalisent et s'imposent dans les débats social et sociétal. Cette société où le profit est plus important que la dignité d'une personne. Une société où ne règne que l’individualisme, la division et l’égoïsme, au point où des fortunes se construisent sur la maladie et la souffrance ; des fortunes se font sur les pénuries alimentaires en toute impunité. Des fortunes se font sur la vente des médicaments dont les prix sont scandaleux. Des fortunes se font sur la misère d’une partie de la population. Des gens sans scrupule créent des pénuries alimentaires et affament volontairement et délibérément le peuple avec la complicité évidente du ministère du commerce.
Cette société où les gouvernants nous imposent de faire plus d’effort, alors que les tenants des grandes fortunes en Tunisie en sont exonérés et bénéficient d’avantages économiques et financiers honteux, tout en réduisant les quelques acquis sociaux obtenus de hautes luttes depuis des décennies.
Il est temps de crier haut et fort que « CELA SUFFIT ! » et que le vase a débordé. Nous devons réagir et reprendre les rênes de notre destinée en main pour exiger que soit installée une autre société, une société plus juste et plus solidaire. Et si les gouvernants veulent retrouver le chemin de la confiance perdue des citoyens, il n'y a qu'une solution. Il faut exiger que les politiques et leurs soutiens décident de dépasser leurs rivalités partisanes mesquines et mettent en place un programme politique qui aura reçu l’adhésion de la population.
Peut-on imaginer que les gouvernants et les mouvements socio-politiques qui les soutiennent soient à ce point déconnectés des aspirations des citoyens et s’obstinent à poursuivre aveuglément une vaine politique d’usure organisationnelle et institutionnelle ? Il reste à espérer qu’un éclair de lucidité vienne illuminer leurs esprits embrumés et les entraine, avant qu’il ne soit réellement trop tard, à se soucier et satisfaire l’intérêt général et non de médiocres et mesquins intérêts partisans et/ou individualistes ?
Nous ne pouvons pas rester passifs et devenir des citoyens inutiles et des moutons qui ne seraient bons qu’à être sacrifiés, parce que nous avons la conviction que la Tunisie court à sa perte et que l’attente des plus démunis est grande et à bout de patience. Peut-être et surtout parce que nous appartenons à une génération parfois décriée du « baby-boom » qui arrive au bout de son chemin, mais qui n'a pas épuisé ses réserves de colères et de révoltes. Une génération qui s'interroge sur l'avenir, sur le monde que nous allons laisser et sur l'état de notre société après des mois d'interdits politiques, économiques, sociaux et culturels. Que restera-t-il de tous ce que nous avons acquis au cours de notre histoire ? Voulons-nous souffrir encore pendant des années supplémentaires, travailler ou être au chômage, ne pas espérer d’évolution de notre pouvoir d’achat, vivre dans un Etat dépourvu d’un véritable projet de progrès social économique et écologique.
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Certes il est difficile d’être totalement d’accord sur un projet politique, mais en nous concentrant sur le projet politique, nous avons le pouvoir de tout changer ! Mobilisons-nous, agissons en citoyens et faisons connaître notre exigence pour faire gagner la justice sociale, l’égalité, l’écologie et la démocratie.
BEN RAIES Monji
Universitaire, juriste internationaliste et politiste
Enseignant et chercheur en droit public et en sciences politiques
Université de Tunis El Manar
Faculté de Droit et des Sciences politiques de Tunis