Ces 5 startups qui luttent contre l’obsolescence programmée

En 2012, lorsque j’ai commencé à travailler sur les problématiques d’économie circulaire et d’obsolescence programmée, ces concepts étaient peu connus des citoyens et encore moins des entreprises. En six ans, j’ai pu constater une prise de conscience des consommateurs et un attrait grandissant pour les objets de seconde main, la réparation et les produits durables. Les entreprises s'y sont donc intéressées. Des startups aussi ont vu le jour pour apporter des réponses à ces nouveaux besoins aux côtés des structures de l’économie sociale et solidaire qui œuvraient depuis longtemps pour le réemploi et la réparation. Elles sont de plus en plus nombreuses.

Pour remercier ceux qui s’engagent, j’aimerais mettre ici la lumière sur cinq startups pionnières dans la lutte contre l’obsolescence programmée.

 GEEV, le pouvoir de donner

Des tasses à café, à la table, en passant par un jeu de société ou des fournitures scolaires, grille pains ou télévisions… On trouve toutes sortes d'objets sur GEEV. Et à la différence d’Amazon ou du Bon Coin, c’est gratuit. Pour beaucoup, moi le premier, un tel modèle n’était pas viable. Pour celui qui cherche à s’équiper, on comprend l’intérêt, mais pour celui qui se sépare du bien, pourquoi donner un objet quand on peut le vendre sur le Bon Coin. C’était sous-estimer la part altruiste des gens. Donner, surtout un bien qu’on aime, procure souvent plus de plaisir que les quelques dizaines d’euros d’une vente. Vous en doutez ? Une étude a démontré que le seul fait de donner augmente la satisfaction de la vie autant… qu’un doublement de son salaire ! Outre l’aspect émotionnel du don, il y a aussi l’idée de renforcer le lien social, de faire partie d'une communauté.

«Quand on vend ou que l'on achète un objet, on peut craindre de se faire arnaquer ou d'avoir à négocier, répond Hakim Baka. Le côté vertueux du don rend l'"acheteur" plus respectueux. Ça facilite l'interaction entre les deux personnes.»

N’oublions pas l’écologie. Chaque année, 9 milliards de tonnes d'objets sont jetées alors qu’ils pourraient être réutilisés (source ADEME). A l’origine simple page Facebook « adopte un objet » créée en 2015, les co-fondateurs ont décidé d’en faire une application pour améliorer l’expérience utilisateur. Ils viennent de lever 3 millions d’euros. A vos marques, prêts, donnez !

Recommerce, pionnier des smartphones reconditionnés

Vous voulez acheter un smartphone dernier cri mais sans y mettre une fortune ? Recommerce vous propose des smartphone reconditionnés pour 20 à 50% moins cher qu'un appareil neuf, avec une garantie pouvant aller jusqu’à 12 mois (6 mois de plus que l’obligation légale). Recommerce collecte les smartphones auprès des particuliers et des entreprises. Les téléphones sont testés, nettoyés et le cas échéant, des pièces peuvent être changées afin d'offrir une qualité optimale. Ces téléphones sont commercialisés sur son site Internet et par ses partenaires : Bouygues Telecoms, Orange et SFR Boulanger, But, Conforama. 

En 2009, date de création de Recommerce, le pari du smartphone d’occasion était osé. Rappelons que le premier iPhone est sorti en 2007. Pourtant les quatre fondateurs se sont jetés à l’eau avec la volonté de combiner un modèle économique rentable et une consommation responsable. Pari gagnant : Recommerce vient de lever 50 millions pour se développer à l’international. L’un de ses co-fondateurs, Benoît Varin, écologiste convaincu a récemment repris la présidence de la fédération RCube qui promeut le réemploi et la réparation. Fédération française oui, mais avec de belles ambitions européennes. Là où l’effet de levier est le plus important pour transformer notre mode de consommation.

M2 redonne vie à votre ordinateur

Votre ordinateur rame ou vient de tomber en panne ? Sachez que le remettre à neuf coûte moins cher qu’on le pense... si l’on s’adresse aux bonnes personnes. M2 se charge de redonner toute sa jeunesse à votre ordinateur en agissant sur les 3 couches qui le composent. Un, le matériel est revu et réparé pour s’assurer que toute l’architecture physique de l’ordinateur ne soit plus obsolescente. Deux, la couche électronique est optimisée pour la rendre compatible avec l’ensemble de l’environnement informatique. Enfin, la couche logicielle, celle qui est la plus sujette aux pannes et aux problématiques quotidiennes, peut-être aussi prise en charge par M2. Quelle différence avec un réparateur d’ordinateur classique ? Le prix, la rapidité et la plupart des améliorations peuvent être faites à distance après un diagnostic gratuit de 15 minutes. Je le sais, j’ai essayé. Pour ne rien gâcher, son co-fondateur Alexandre Morin a la cause écologique chevillée au corps. Double diplômé de philosophie et d’informatique, il a choisi de se lancer tout de suite à son compte pour faire vivre ses idées au quotidien plutôt que rejoindre une grande entreprise.

Commentreparer.com, comme son nom l’indique

Avez-vous déjà réparé vous-même votre micro-ondes, votre grille-pain ou même une chasse d’eau ? Si non vous devriez. C’est souvent très facile et, surtout, la sensation de satisfaction après l’avoir fait est immense. Pour vous convaincre de sortir le tournevis à la prochaine panne, faites un tour sur commentreparer.com. Ce site participatif met en ligne des tutoriels, des modes d’emploi et surtout un forum d’entraide entre bricolos. Des milliers d’objets sont référencés avec des conseils de particuliers ou de professionnels pour les réparer en fonction du type de panne, photos à l’appui. Un lien pour commander des pièces détachées est disponible. Et si vraiment vous n’y arrivez pas, le site répertorie les réparateurs proches de chez vous. Son fondateur Damien Ravé collabore régulièrement avec l’association HOP // Halte à l’Obsolescence Programmée pour faire avancer la cause.

Faut-il le rappeler ? La réparation c’est écolo. Les trois quarts des français jettent leur produit électroménager à cause d’un seul composant en panne. Il suffirait de changer ce composant pour éviter des millions de tonnes de déchets tous les ans. On se réjouit donc du succès croissant du Do It Yourself, des Fab Lab et autres Repair Cafés. Il manque maintenant un petit coup de pouce du gouvernement à la réparation, par exemple en appliquant un taux réduit sur les activités de réparation.

Happy3D, l’impression 3D de pièces détachées

Un des freins à la réparation, c’est le prix ou l’absence des pièces détachées. Une poignée cassée et parfois c’est tout le four qu’on doit remplacer ! Fort de ce constat, Boulanger a développé un service innovant : la mise à disposition des plans d’impression 3D des pièces détachées des marques Boulanger sur la plateforme Happy3D. On peut imprimer soi-même la pièce ou la faire faire par un imprimeur via le site. Mieux Happy3D modélise à titre gracieux des pièces détachées de certaines marques qui ne sont pas encore dans le catalogue. La plateforme se veut également participative et communautaire avec de nombreux échanges sur l’impression 3D. Cette initiative grossit et des pièces autres que les marques Boulanger sont désormais disponibles. Certes, il s'agit là davantage d'un service que d’une startup. Mais Happy3D se pense vraiment comme telle ! Le chef de projet François Longin est un passionné de la première heure de l'impression 3D et veille à ce qu’Happy3D conserve l’état d’esprit des makers et de l’open source.