C'est l'intention qui compte ! Oui mais laquelle ?
Voilà un un dicton populaire bien connu...et qui peut sembler simpliste. "C'est l'intention qui compte !". Mais êtes vous certains de savoir quelles intentions vous animent vraiment?
Professionnels, managers, dirigeants...cette question conditionne pourtant le succès de tout ce que vous entreprendrez, dans vos relations autant que dans vos organisations et vos projets. Si vous n'avez pas le réflexe de questionner sincèrement les intentions profondes qui motivent vos paroles et vos actions...je vous invite à lire cet article.
Car tout découle effectivement de nos intentions, dans un flux qui chronologiquement part de l'inconscient jusqu'aux actes: Pensées->Paroles->Actions. Lorsqu'elles sont toutes alignées, nous nous sentons en harmonie et nos relations et nos projets semblent tous filer sous une bonne étoile! Mais la plupart du temps, ce n'est pas aussi simple.
En effet à la base de nos actes, se trouvent fréquemment au moins deux intentions distinctes, de nature très différentes et qui ne produiront absolument pas les mêmes résultats. L'une procédant de l'Envie et l'autre de la Peur. Malheureusement, la 2ème est souvent moins évidente à reconnaître, voir complètement inconsciente. Mieux vaut donc avoir un oeil averti et lucide dessus, au risque de voir survenir tout autre chose que ce que l'on aurait souhaité.
Nos pensées (conscientes) naissent de nos programmes mentaux, utilisés pour analyser les signaux et informations que nous percevons de notre environnement et y réagir. Inévitablement, nos pensées, nos paroles et nos actes découleront des schémas mentaux, y compris inconscients, qui nous habitent. Et ils sont multiples: ils résultent des nombreuses expériences, croyances, représentations, besoins et peurs que nous avons pu enregistré dans nos vies. Et comme personne n'a veillé à notre place, tout au long de notre vie, à ce que chaque programme mental soit répertorié, analysé, et mis en cohérence avec les autres...et bien c'est un peu le bazar là haut! Face à une même situation, plusieurs programmes mentaux peuvent s'activer et engendrer des intentions différentes. Toutes seront agissantes, et d'autant plus impactantes qu'elles agiront dans l'ombre. Nous avons donc fort intérêt à les voir, et choisir celles que nous utilisons ou non et éviter qu'elles n'interfèrent entre elles si nous n'y prenons garde. Alors comment faire?
Le Tao propose une formulation éclairante en posant qu'à la base de tous les sentiments, il n'y a que deux racines: l'Amour ou La Peur. On peut expliquer ce postulant en précisant que:
- L'Amour c'est : l'Envie, l'Elan, le "Aller vers", l'Acceptation, l'Ouverture, la Compréhension, la Responsabilisation, le Pouvoir d'Agir, Grandir...
- La Peur c'est: le Refus, l'Inquiétude, le Rejet, le Jugement, le Repli, l'Ignorance, la Déresponsabilisation et l'Impuissance la Régression.
Ces deux types de ressenti et d'intentions génèrent des dynamiques totalement opposées, dans notre posture, notre responsabilisation, notre connaissance de nous, notre rapport aux autres, notre pouvoir d'agir, nos relations.
Pour cela, je vous propose un schéma qui globalise les tendances associées aux Postures "d'Amour", ou "de Peur".
Le problème est que sur un même sujet cohabiteront très souvent en nous deux intentions: l'une procédant de l'Envie et l'autre de la Peur. La 2ème sera souvent masquée par l'Ego. L'objectif de l'Ego ("Je suis") est de définir et protéger une "Image de Soi" (construire et protéger le "Moi" est une étape nécessaire dans le développement psychologique de l'individu). L'Ego aura donc recours à de subtils camouflages dans lesquels des explications rationnelles, ou des représentations ("C'est comme çà qu'on fait!") lui permettront de masquer son objectif réel et le sentiment de Peur qui nous habite (Peur de ne pas être aimé, d'échouer, de manquer, d'être seul, d'être jugé, etc...). Nous risquons donc de ne pas voir la part de Peur en nous, surtout si elle relève de besoins inconscients. Et comme vous le constatez ci-dessus, cela ne manquera pas de créer et d'entretenir des cercles vicieux.
Dans mon travail de coach, j'accompagne notamment des dirigeants dans des situations où ils ont des difficultés à créer avec leur équipe ou dans leur organisation les fonctionnements souhaités, et ma valeur ajoutée est de leur permettre de se questionner au bon endroit pour découvrir les "intentions inconscientes" qui agissent dans ces situations et qui sont dysfonctionnelles. On ne peut pas changer les autres, mais on peut changer nos propres comportements et ainsi changer le système relationnel dans lequel nous évoluons. Or les paroles et les actions d'un manager ne proviennent pas toutes des mêmes intentions, et elles créent donc dans sa communication et son organisation, des incohérences et des injonctions paradoxales. Il en résulte des pertes de motivation, de confiance, de cohérence perçue, d'alliance dans le collectif, d'efficacité opérationnelle. L'alignement du manager, et plus encore du leader d'une Organisation, conditionne donc très fortement celui de toute la structure.
Nous devons donc apprendre à questionner nos intentions, et donc à explorer le niveau inférieur de nos pensées et de nos décisions, autrement dit "leurs fondations". Pour cela, il est utile d'apprendre à développer une méta-observation, et savoir par moment oublier le "Quoi" (le contenu pragmatique du sujet) pour observer le "Comment" (nos ressentis, leurs évolutions, la manière dont nous réagissons aux situations) pour nous aider à identifier le "Pourquoi" (nos intentions profondes).
En parvenant à questionner nos peurs (i.e "les situations que nous voulons éviter"), nous pouvons nous en détacher ou les limiter et choisir d'incarner une posture fonctionnelle qui nous apportera plus de satisfaction et de réussite. J'aborderai la méthode pour le faire dans un futur article.
Et oui l’acte est mue par les agendas inconscient de l’ego et les agendas conscient. A chaque instant notre mouvement marque la matière de nos ombres et de nos lumières. Comment devenir une meilleure personne qui ne fait plus le mal à l’insu de son plein gré?
Future of banking / Decentralized economy / Expert Bank&Digital @FilaoLabs / Cofounder @Logion
5 ansMerci Fabrice JANNOT pour cette modélisation très claire des dynamiques inconscientes à l'oeuvre, en chacun comme en toute organisation. Votre mise en perspective de la polarité Peur-Amour, qui guide fondamentalement et mécaniquement nos intentions et nos actions, est éclairante. C'est bio-logique. L'importance de savoir questionner nos intentions individuelles, avant même celles de l'entreprise ou du monde, saute en effet alors à la conscience. Merci à vous. Espérons que votre pensée se diffuse largement, pourquoi pas par résonance, surtout à l'heure où toutes nos structures sociales, économiques, politiques, culturelles, sont progressivement programmées par des algorithmes pleinement soumis aux intentions et biais inconscients de leurs programmateurs... Beau point aveugle de nos dirigeants, peu ou pas adressé. Perspective vertigineuse pourtant !