C'est un terrible luxe que l'incrédulité.

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Le niveau de CO2 dans l'atmosphère à son plus haut niveau depuis 3 millions d'années

Par LEXPRESS.fr avec AFP , publié le 06/04/2019 à 17:47 , mis à jour à 18:14

afp.com/EITAN ABRAMOVICH

Des recherches récentes démontrent que le taux de CO2 dans l'atmosphère est équivalent à celui du Pliocène, où les températures étaient 3 à 4°C plus élevées.

L'activité humaine a fait remonter le niveau de CO2 dans l'atmosphère trois millions d'années en arrière, à la période du Pliocène. En quelques années, la concentration en CO2 a atteint son taux le plus élevé depuis cette période, au cours de laquelle les températures étaient alors 3 à 4°C plus élevées. À cette époque, les arbres poussaient en Antarctique et le niveau des océans était 15 mètres plus haut. 

Les scientifiques estimaient jusqu'alors que le niveau actuel de dioxyde de carbone n'était pas plus important que celui d'il y a 800 000 ans, lors d'une période marquée par des cycles de réchauffement et de refroidissement de la Terre. Mais, cette semaine, des chercheurs réunis à Londres ont fait état de découvertes récentes, provenant de l'analyse de carottes de glace et de sédiments marins prélevés en Antarctique. Celles-ci révèlent que le taux actuel de plus de 400 parties par million (ppm) est un record depuis le Pliocène. Ces analyses sont corroborées par un nouveau modèle climatique développé par le Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK), situé en Allemagne. 

2017, année record des émissions de CO2

"La fin du Pliocène est relativement proche de nous en termes de niveaux de CO2", explique Matteo Willeit, chercheur au PIK et principal auteur d'une étude publiée cette semaine. "Nos modèles suggèrent qu'au Pliocène, il n'y avait ni cycle glaciaire ni grosses calottes glaciaires dans l'hémisphère nord. Le CO2 était trop élevé et le climat trop chaud pour le permettre", poursuit-il. 

Alors que l'accord de Paris conclu en 2015 vise à limiter le réchauffement de la planète à 2°C, voire 1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle, les émissions de gaz à effet de serre ont dépassé en 2017 tous les records dans l'histoire humaine. 

Aujourd'hui, avec 1°C de plus qu'à l'époque pré-industrielle, la Terre subit déjà les impacts du dérèglement climatique, des inondations aux sécheresses. En octobre, les scientifiques du Giec tiraient également la sonnette d'alarme : pour rester sous la barre des 1,5°C, il faudrait réduire les émissions de CO2 de près de 50 % d'ici 2030. Mais malgré les promesses des États, les émissions liées aux énergies fossiles et à l'agriculture augmentent inexorablement

Des impacts majeurs inévitables

Pour Martin Siegert, professeur de géoscience à l'Imperial College de Londres, avoir dépassé 400 ppm de CO2 n'implique pas une hausse du niveau des mers de l'ampleur de celle du Pliocène de façon imminente. Des impacts majeurs sont cependant inévitables, tôt ou tard, si l'Homme n'arrive à retirer le CO2 de l'atmosphère à grande échelle. En se basant sur les concentrations de CO2, les glaciologues prédisent ainsi une augmentation du niveau des océans entre 50 centimètres et un mètre d'ici la fin de ce siècle, indique le chercheur. 

Les scientifiques estiment par ailleurs que l'atmosphère a précédemment déjà connu des niveaux de CO2 bien supérieurs à 400 ppm, mais le gaz avait alors mis des millions d'années à s'accumuler. Pour leur part, les émissions liées à l'activité humaine ont fait grimper les niveaux de CO2 de plus de 40 % en un siècle et demi.

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