"Changer le monde, ça s'apprend" et tout le monde peut y contribuer!

Il y a quelques jours, j'ai eu la chance de donner une conférence à Clairefontaine.

Siège emblématique de l'équipe de France, ce "temple du Football Français" met les plus grands joueurs de France dans les meilleures conditions pour performer au plus haut niveau.

Pas étonnant donc que les fondateurs du Collège Citoyen de France aient donné rendez-vous à leurs étudiants dans ce cadre exceptionnel pour poursuivre leur enseignement d'excellence.

J'y ai rencontré des femmes et des hommes de tout âge, des chefs d'entreprise, des responsables associatifs et des individus engagés et désireux d'apporter leur pierre à l'édifice pour transformer le monde en développant des projets citoyens "innovants, généreux et ambitieux".

Ces étudiants n'ont fait ni sciences Po, ni l'ENA. Certains ignoraient même que ces écoles existent. D'autres n'en n'avaient pas les moyens et d'autres encore ont décidé de se reconvertir pour participer à la vie publique nationale.

La France est fière de son élite et elle a raison. Mais les enjeux actuels, qu'ils soient sociaux, environnementaux, politiques ou économiques sont d'une telle ampleur et les mutations si accélérées, qu'il nous faut regarder le monde autrement. Il est urgent, dans l'intérêt de tous, de nous appuyer sur des talents diversifiés pour apporter des solutions différentes et surmonter les défis auxquels nous sommes collectivement confrontés.

Miser sur l'intelligence collective

Parier sur la diversité des profils et miser sur des expériences complémentaires pour trouver des solutions pragmatiques aux défis quotidiens des français permettra de redonner confiance à des millions de personnes qui ne croient plus en la politique, qui s'abstiennent de voter tant ils sont désabusés ou qui votent pour les extrêmes. espérant renverser la table à court terme, quitte à en payer le prix sur le long terme.

Il y a quelques années, j'aurais pu faire partie de ces étudiants car la "Res Publica" m'a toujours intéressée et l'intérêt général m'a animée très jeune. Que je sois cheffe d'entreprise ou responsable associatif, œuvrer pour faire avancer un collectif et atteindre un objectif commun a donné du sens à ma vie.

C'est sûrement la raison pour laquelle en Juillet 2020 le Président de la République et le Premier Ministre m'ont donné l'opportunité de porter mon engagement à l'échelle nationale. Je ne m'y attendais pas. Je n'étais pas issue du sérail. Je suis ce que l'on appelle pudiquement "un modèle de réussite républicaine" issu de la société civile. Sans code, sans réseau, sans outils et sans langage du monde politique.

Mais j'avais d'autres acquis, d'autres compétences et d'autres expériences. En plus d'un enseignement plutôt classique, j'ai surtout été formée par l'école de la vie. Cette école qui ne nous épargne rien et nous rend résilient par la force des choses. Celle qui nous apprend la débrouillardise, la créativité et le pragmatisme.

C'est en m'appuyant sur cette expérience et sur ces apprentissages que j'ai porté les nobles causes de mon ministère avec enthousiasme et détermination.

Accrochée à mes idéaux et à ma conviction qu'un pays comme la France dispose de tous les moyens nécessaires pour remettre l'Humain au centre de tous ses projets, en acceptant la diversité de genre, culturelle ou sociale de cette humanité. Qu'un pays comme la France, fière de sa devise républicaine inspirée de la Déclaration des Droits de l'Homme, est en mesure de donner du sens à ces valeurs fondamentales que sont la Liberté, l'Egalité et la Fraternité. Qu'un pays comme la France est capable d'équilibrer sa croissance économique et son impact sociétal et environnemental.

"Les temps sont durs pour les rêveurs"

Ces deux dernières années, j'ai réalisé combien notre France humaniste est en crise. Combien notre vulnérabilité, exacerbée par la pandémie, les incertitudes et les complexités du monde, attisés par les conflits, ont exacerbé nos angoisses, nous ont divisés et nous ont amenés à nous replier sur nous mêmes.

Mais il n'y a pas de fatalité et c'est dans l'épreuve que nous trouvons parfois nos plus grandes ressources. J'ai ainsi rencontré des personnes extraordinaires, issues du monde associatif, du monde de l'entreprises ou de la politique, qui agissent chaque jour, avec courage et ambition pour lutter contre l'enlisement et le défaitisme ambiants.

Des citoyens engagés, responsables, compétents, éthiques et humanistes, qui ne se résignent pas et veulent prendre part aux changements qu'ils appellent de leurs vœux. Les projets positifs et solidaires que j'ai pu découvrir m'ont donné beaucoup d'espoir. Qu'ils soient agroécologiques, culturels, sanitaires, éducatifs, scientifiques, technologiques ou environnementaux...ces projets ont tous un point commun: ils ont pour objectif de répondre aux enjeux sociaux, climatiques, économiques ou politiques de notre pays.

Cette matinée m'a enthousiasmée et elle a renforcé ma conviction : la combinaison des pouvoirs publiques, des mouvements citoyens et de l'engagement des entreprises porte en elle des solutions de changement positifs du monde.

La réussite nait toujours de la coopération de nombreux individus

On m'a souvent demandé quelle différence fondamentale j'avais trouvée entre la politique et le monde de l'entreprise. Je répondrais qu'aucune entreprise n'est en mesure de traiter toutes les questions relatives à l'éducation, à la santé, au travail, aux droits fondamentaux... et à tous ces sujets touchant au fondement et au collectif dans la Cité.

Pour améliorer nos modes de vie, pour produire et consommer différemment, pour réinventer nos modèles de gouvernance et trouver notre place sur un échiquier mondial de plus en plus complexe, nous devons nous appuyer sur la Res publica. C'est un bien commun précieux qu'il faut transformer et ouvrir à toutes les bonnes volontés, à toutes les intelligences et toutes les expertises, car il y a mille et une manières de servir l'intérêt général et mille et un leviers d'action possibles.

Je quitte le monde politique traditionnel avec une immense gratitude pour ceux qui m'ont permis de vivre cette aventure extraordinaire que celle de servir mon pays et une reconnaissance infinie pour celles et ceux qui m'ont aidée et accompagnée dans les méandres de ce monde si particulier.

Je reste plus que jamais attachée à l'intérêt général et au bien commun. Et en ces temps tourmentés, où tant de choses sont à construire, je veux croire à l'émergence d'un environnement où chacun trouve sa juste place et où chacune apporte sa pierre à l'édifice pour construire un monde plus inclusif et donc plus durable.

Et comme dans la légende du Colibri, je continuerai de prendre ma part.

En attendant la suite, je vous souhaite à toutes et à tous, un très bel été. Ressourcez-vous et revenez plein de projets pour vous et pour notre bien commun!

Elisabeth Moreno