Cherche ingénieur suisse ... ou pas

Cherche ingénieur suisse ... ou pas

Née à Bagdad en 1950, elle étudie les mathématiques à Beyrouth puis l’architecture à Londres et ouvre son propre bureau en 1980. Visionnaire et géniale, Zaha Hadid est aussi une boulimique de travail. La liste des ses réalisations est impressionnante, tout comme celle des concours auxquels elle a participé et des universités dans lesquelles elle a enseigné. Elle s’est éteinte à 65 ans le 31 mars dernier, à Miami – alors qu’elle suivait la construction d’une tour – atteinte d’une bronchite puis terrassée par une crise cardiaque.

A l’heure où l’on parcoure sa vie et son œuvre, un détail significatif est systématiquement mentionné. Au début da sa carrière, l’architecture puissante et délicate imaginée par Zaha Hadid est considérée comme étant trop compliquée et difficile à construire. C’est le soutient d’un ingénieur de renom, Peter Rice, qui lui permet d’imposer ses projets. Décédé en 2002, le spécialiste des structures en acier ne vivra pas le sacre de sa benjamine, alors qu’elle reçoit le Prix Pritzker en 2004, enfin reconnue par le monde entier. Elle est, à ce jour encore, la seule femme à s’être vu décerner le Nobel de l’architecture.

Pour elle tout comme pour beaucoup d’autres architectes, l’étroite collaboration avec les ingénieurs est déterminante. Sans eux, aucune construction n’est possible d’autant moins celles exceptionnelles proposées par les archistars. Leur travail est indispensable à tous les niveaux et devient fondamental dans les régions et les moments de fort développement tel que nous le connaissons actuellement en Suisse romande.

Il manque une génération d'ingénieurs

Alors que cantons, communes et Confédération investissent des millions de francs dans l’entretien et le développement d’infrastructures de transport ou dans la construction de nouveaux quartiers, les ingénieurs se font rares. Les spécialistes en génie civil ou ferroviaire et les ingénieurs en système de transports sont aujourd’hui des profils très recherchés par les opérateurs ferroviaires régionaux, les bureaux privés ou encore les entreprises de transports publics qui tous rivalisent pour embaucher ce personnel qualifié.

Le porte-parole des Transports publics fribourgeois (TPF) Martial Messeiller confirme d’ailleurs cette tendance dans une récente interview concédée à nos confrères de la RTS: «Avant même d’avoir terminé leurs études, les différents ingénieurs ont déjà quasiment tous deux ou trois postes de travail possibles. Il y a une grande compétition entre les entreprises, les bureaux privés. Nous sommes au début d’un manque d’une génération d’ingénieurs. Donc le risque est qu’on ne puisse pas réaliser dans les temps impartis les projets prévus». Certains pointent du doigt l’EPFL, l’accusant de s’être distanciée des besoins du marché romand. C’est sans doute un peu vrai, mais ce n’est que l’un des paramètres. Un travail d’image est encore nécessaire ainsi qu’une meilleure défense de la profession induisant une plus grande reconnaissance auprès des maîtres d’ouvrages et du grand public.

Bien sûr, il n’y a pas que des bâtiments à l’architecture aussi exaltante que celle de Zaha Hadid. Pourtant, éminemment moderne, fortement axé sur le développement durable, gratifiant par son côté concret et produisant un résultat souvent très bénéfique pour la communauté, le métier d’ingénieur, comme celui d’architecte autant que tous ceux du monde de la construction, dispose de nombreux atouts pour attirer la relève. Souvent loin du monde des stars, les femmes et les hommes de la construction relèvent d’énormes défis et réalisent, en équipe, des œuvres uniques; ils sont tous normalement exceptionnels.

Cet éditorial est paru dans le n°3.2016/540 du magazine "Chantiers & rénovation" www.chantiers.ch

Yohann Jacquier

Biophile - Ingénieur Structure

8 ans

Merci pour cet article qui met en avant la relation essentielle entre ingénieurs et architectes ! Il n'est pas étonnant que le métier manque de ressources lorsque l'on voit la responsabilité de l'ingénieur civil eu égard aux salaires concédés. A choisir un jeune diplômé ira plus favorablement sur des domaines mécaniques (connaissance de base similaire) où la reconnaissance pécuniaire est autrement plus significative après quelques années de travail, sans contraintes horaires... Il faut travailler la dessus pour pouvoir attirer des vocations...et aussi créez des ouvrages qui fassent rêver...seuls gages de fidélité pour le métier !

Pierre PRIGENT

Human Resources Consultant and Contractor

8 ans

J'aime. En même temps, boulimique du travail et morte à 65 ans n'est plus un critère aujourd'hui. Quel que soit le talent. Sauf seulement les artistes. Ou l'on peut mettre sa vie en jeu pour une œuvre. Maudite. Il me semble que l'on doit se respecter, pour ceux qui vous aiment, vos proches. La métaphysique contre la physique. ´´A la fin tu es las de ce monde ancien'´. André Breton Bises

Très bon résumé de la situation. Merci d'en parler !

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