Chercher à durer n’est pas une ambition

Chercher à durer n’est pas une ambition

Michel Barnier a récemment expliqué qu’il ne s’était pas « roulé par terre pour devenir Premier ministre ». Dont acte. En revanche, il est prêt à toutes les acrobaties, y compris à se coucher par terre, pour rester à Matignon.

Jeudi dernier, il a tout cédé au Rassemblement national concernant la suppression de certaines taxes sur l’électricité et le rabotage de l’Aide médicale d’État, réservée aux étrangers en situation irrégulière sur notre territoire. Mais le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, qui est parvenu à imposer son tempo, entend pousser son avantage encore plus loin en demandant au gouvernement de renoncer au déremboursement de certains médicaments et de mieux revaloriser les retraites.

Les renoncements de Michel Barnier se sont déjà traduits par 6 milliards d’euros d’économies en moins. Étonnant de la part d’un chef de gouvernement qui parlait, il y a encore quelques semaines, d’une situation financière très grave s’agissant de notre pays.

On saura peut-être ce soir si le Rassemblement national est satisfait de tous les gages qu’il a demandés à Michel Barnier ou bien s’il se décide à appuyer sur le bouton nucléaire de la censure. On saura surtout si le locataire de Matignon est prêt à passer sous toutes les fourches caudines du RN pour durer, simplement durer. Piètre ambition dans le climat actuel de fin de règne qui plane aussi sur l’Élysée.

Léon Blum expliquait que « toute classe dirigeante qui ne peut durer qu’à la condition de ne pas changer est condamnée à disparaître ». Nous y sommes.


Yves de Kerdrel

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