Chronique d'un été du siècle dernier

Chronique d'un été du siècle dernier

(Episode 1)

A cette époque, je n’avais pas plus de 12 ans, on remontait de la plage déjeuner à midi quand ce n’était pas mon père qui rentrait à la maison préparer nos sandwichs et redescendait le sac de victuailles et d’eau fraîche sur le sable, sous le parasol.

A cette époque, ni ma sœur, mes cousins et moi-même étions tartinés de crème solaire. D’ailleurs qui en mettait ? La casquette ? Nous étions constamment dans l’eau… 

Nos parents s’étaient contentés de nous inculquer quelques règles de bon sens. Te baigne pas de suite après avoir mangé. Mouille toi la nuque avant de plonger dans l’eau. Quand le soleil cogne, reste sous le parasol.

Mon grand-père, 40 ans de bronzage sur le sable à son actif, nous avait même avertis : si on voyait la mer se retirer anormalement, alors il fallait déguerpir. Sinon une lame de fond allait nous emporter. C’est bien plus tard, en 2004, à Noël, devant les images du tsunami indonésien que j’ai compris pourquoi.

A cette époque, mon grand-père, encore lui, ne se satisfaisait pas toujours d’un sandwich au saucisson sur sa serviette et sous son parasol. Alors on remontait à la maison. Ma grand-mère nous servait du melon à déjeuner. C’était sucré. Du poisson. C’était goûteux. Des abricots. C’était fondant. 

La télé trônait déjà en bout de table mais le vieil homme avait de l’éducation ; personne ne se préoccupait vraiment des images qui défilaient sans son. Et puis le risque d’avaler une arête par inadvertance était trop élevé. Là aussi on faisait gaffe…

Un jour est arrivée la télécommande. On retrouvait dès 13h30 Jean-Pierre Gaillard à la bourse de Paris le volume à fond et dans un grand silence. Le CAC 40 n’existait pas encore. Le patriarche affichait un sourire satisfait quand les valeurs boursières « ététenhoss ». Y’allait avoir de la glace de chez Dodin le dimanche suivant ! Jours heureux...

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