Climat et Entreprise : défis, contradictions et actions !
"Il faut tous agir pour une transition durable efficace et responsable."
Normalement, il n'y a pas de contradicteurs quand je dis ça.
Les climato-sceptiques sont marginaux, et tout le monde s'accorde à dire qu'il faut agir et vite pour un monde durable.
Et pourtant, si nous sommes tous (ou presque) au moins conscients de l'urgence à agir, nous sommes encore trop timides dans nos actions. Et même lorsqu'on agit, nos actions ne sont pas dénuées de contradictions.
👉 Retour sur le Sommet de la transformation durable du 10 mars dernier (organisée par Leaders League et Décideurs Magazine).
J'ai assisté à une conférence intitulée Climat & Entreprise, décarboner l'organisation et son écosystème animée par Mathieu Cribellier (Directeur de South Pole).
Voici une synthèse de ce que j'ai pu noter sur le sujet.
I/ Où en sommes-nous dans l'intégration des enjeux de transition durable dans les entreprises ?
👉 A la prise de conscience.
Selon Fabrice Bonnifet, (Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement du Groupe Bouygues), depuis l'accord de Paris, les entreprises commencent à mesurer leur empreinte carbone. On est encore dans l'analyse et dans les promesses.
Arnaud Clément (Directeurs RSE, chez Adista), indique qu'effectivement nous sommes à l'étape où on éveille les consciences. Une entreprise sur deux a mesuré son empreinte carbone. La première étape est de mesurer. Cette étape est essentielle pour pouvoir passer à la seconde étape, à savoir agir.
II/ Les contradictions : comment concilier croissance et transition écologique
Certaines promesses de réduction d'émission de carbone seront dures à tenir.
➡️Fabrice Bonnifet souligne qu'aujourd'hui moins de carbone, c'est moins d'énergie, et donc moins de business pour beaucoup de secteurs.
Donc les entreprises devront : soit pivoter vers des activités compatibles, soit continuer dans le déni.
Il prédit que pour beaucoup d'entreprises qui ont fait des promesses pour 2030 - 2040 - 2050, dès 2025, on pourra mesurer les premiers impacts. Et pour beaucoup d'entre elles malheureusement, après le monde des promesses, nous seront dans "l'époque des excuses". On indiquera qu'on n'a pas pu atteindre les objectifs fixés, car ça n'était pas tenable, par exemple pour préserver des emplois.
➡️Autre contradiction, pour les entreprises qui sont pourtant dans l'action.
Fabrice Bonnifet, tout comme Arnaud Clément, mettent en lumière qu'une meilleure efficience énergétique, n'est pas synonyme de baisse d'émissions de carbone en valeur absolue, si la croissance organique continue. Il faut donc intégrer la croissance, dans le calcul de la baisse des émissions de CO2.
C'est le cas par exemple dans le numérique, où le défi est immense. Améliorer par exemple de 50% son efficience énergétique sur les data center, si on multiplie par 3 les besoins numériques entraînera mécaniquement une augmentation des émissions de carbone.
➡️Parfois on peut faire aussi face à des pressions de partenaires, ou encore à des réalités économiques. Alexandre Gallo (porte Parole Alliance 4F pour le fret ferroviaire) soulignait qu'avant la crise Ukrainienne, la facture d'électricité avait doublé. Il devenait moins cher de produire un train au gasoil qu'un train électrique.
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III/ Des opportunités et des solutions pour la réconciliation climat - entreprise
➡️Pour Matthieu Auzanneau, Directeur de The Shift Project, il faut un plan national cohérent.
Réduire de 5% ses émissions de carbone, ça n'est arrivé qu'en tant de guerre.
L'ampleur du défi qui nous attend est donc comparable à un effort de guerre sur une génération !
C'est pourquoi pour Matthieu Auzanneau, le problème est fondamentalement politique.
Il faudra trouver des solutions techniques, mais aussi une réorganisation sociétale complète.
➡️Alexandre Gallo, souligne d'ailleurs qu'alors que le fret ferroviaire permettrait de réduire efficacement les émissions de CO2 concernant le transport pour les industriels et les particuliers (6 fois moins de CO2 que par un transport routier, même si 55% des locomotives sont encore au diesel, et 45% sur un réseau électrifié). Et pourtant le réseau a souffert d'un sous-investissement chronique.
Pour autant, il pense que c'est aussi le consommateur qui peut agir pour accélérer les choses. Lorsqu'il demandera par exemple un taux de décarbonation d'un produit.
➡️Pour Fabrice Bonnifet, on peut aussi s'attaquer au modèle économique à l'échelle d'une entreprise. Dans le secteur de la construction (émetteur de 8% des émissions carbone dans le monde), le modèle est aujourd'hui très linéaire. On utilise majoritairement le béton dans les constructions. Quand on doit détruire d'anciens bâtiments, on génère des tonnes de déchets (43 milliards de déchets /an sur ce secteur).
Aujourd'hui dans ce secteur, on pense à allonger la durée de vie des éléments. A innover dans les matériaux utilisés. Mais aussi à exploiter la rénovation, qui est une nouvelle façon d'envisager l'avenir de ce secteur.
Aujourd'hui, nous avons aussi une réglementation pour les bâtiments neufs pionnière dans le monde. Ainsi, ce défi de transition durable est selon Fabrice Bonnifet une opportunité historique à saisir pour réinventer nos modèles. Mais il manque aussi un savoir-faire concret et pratique. La formation sera aussi essentielle dans ce défi.
➡️Comment agir à son échelle dans son entreprise ?
Arnaud Clément met en avant l'action de la Fresque pour le climat, pour éveiller les consciences, et mettre en avant concrètement le sujet en entreprise, grâce à leurs ateliers pour comprendre l'essentiel des enjeux climatiques et pour passer à l'action.
Il est intéressant de voir également comment les sujets RSE sont devenus non plus des sujets marginaux, mais des sujets stratégiques au sein des entreprises.
Ma Conclusion
Le défi est immense, et nous pouvons facilement être submergés par l'ampleur de la tâche, et du coup se conforter dans l'inaction face aux contradictions des enjeux climatiques et économiques.
Mais nous pouvons aussi nous retrousser les manches et y voir une opportunité historique unique et immense, pour repenser l'organisation de nos sociétés, de nos entreprises, ou encore de notre rapport à la consommation.
Le défi est éminemment politique, comme le souligne Matthieu Auzanneau. Mais notre action en tant que consommateur, en tant que citoyen, notre action en tant que chef d'entreprise, ou salarié est aussi essentielle. Pour appliquer les réglementations, les dépasser, mais aussi pour les inspirer.
Alors on peut faire partie aussi de ce mouvement, sans attendre la prise de décision publique, mais en l'influençant pour accélérer le mouvement.
Self Publisher Le Cachet des M.E.G.G.
2 ansVraiment bravo pour ta belle implication Marie-Claire Straub 🐿️🌱 Si j'avais la solution pour sortir du cercle vicieux pour sûr je me présenterai à l'election présentielle assurée de faire mieux que tout président depuis cinquante ans ! Mais arrêtons le mytho et essayons de relever le défi, partant du principe qu'en France le plus gros secteur émetteur de CO2 sont les tranports, logiquement pour réduire vite il faut trouvver une alternative aux transports routiers, aux véhicules individuels et aux avions. A part les réguler ou les interdire je ne vois pas trop ce qu'on peux faire d'autre mais et ça ne fera pas par libre-arbitrage comme pour le 2ème secteur la combustion d'énergie, même si déjà les plus investis font ce qu'il faut ce n'est pas suffisant.Il faudrait donc que l'on ait depuis hier un gouvernement soutenu par la majorité des français en place pour le faire. J'ai bien peur que pour le "rapidement" on soit dans une impasse, et qu'il nous faille plutôt envisager de nous investir dans le moyen et long terme, comme l'expression dit "sauver les meubles". Pour ça j'ai Time for the Planet ! Maintenant avec des miliions d'associés demain générerant des milliards ça accélérerait certaiment les choses ! 💪🏾🌍
Actionnaire Bénévole au sein de Time for the Planet (Evaluateur, Care Center et Gluon)
2 ansUn sujet qui nous touche chez #TimeForThePlanet et un bien bel article
Expert Décarbonation et Efficacité Énergétique
2 ansHello, Ce que je retiens et commente : "Une entreprise sur deux a mesuré son empreinte carbone" Heuu oui peut être mais surtout seulement moins de 2% ont réalisées leurs véritables bilan carbone scope 1-2 ET 3. "une réorganisation sociétale complète" => Obligatoire...#ARTHURKELLER 😎 Décarbonation...pas décarbonisation 😅 😉 Enfin ABSOLUMENT d'accord avec ta conclusion Marie-Claire ! Bel article, Keep Going ! Tous ensemble <1,5°C
Je démonte les idées reçues sur le print responsable I Éco-conception print et édition
2 ansMerci Marie-Claire pour la mention ! Bon sans surprise hein, pour moi la réponse est que c’est indispensable, même si ça parait utopique quelque part 😉. Comme l’action de tout le monde en fait, c’est illusoire de croire que l’action de seulement une partie de la société suffira. Le temps de la croissance sans limite des entreprises est une vision totalement passéiste qui n’est plus adaptée à notre monde actuel. Je suis complètement alignée avec la vision de Julia FAURE sur ce que doit (ou devrait) être une entreprise (je vais passer pour une vraie groupie à force de la citer, mais elle a tellement raison 😂)