Co-living : un révélateur des nouveaux usages immobiliers ?

Co-living : un révélateur des nouveaux usages immobiliers ?

Est-il vraiment pertinent de parler de révolution à propos du co-living ? Sans doute pas même si on est loin du bullshit que dénoncent certains. Bien plus qu’une « coloc’ réchauffée » ou une « coloc’ 2.0 » qui sonne bien, le co-living pèse déjà des milliards et préfigure des changements qui le dépassent largement. Une chose est sûre : il nous oblige à penser les usages immobiliers de demain.

Les chiffres sont là. En 2016, WeWork, le géant du co-working – valorisé 47 milliards de dollars – lance WeLive, son offre de co-living aujourd’hui implantée dans la plupart des grandes villes américaines. En France, le pionnier s’appelle Colonies. Il vient de lever 11 millions d’euros début 2019 auprès de fonds de premier plan.

Comme la coloc’ d’antan, le co-living permet une réponse aux loyers élevés des grandes métropoles. Surtout, il est adapté à une population de plus en plus mobile, en demande de prestations et de services « all inclusive ». Le co-living est en parfait accord avec les aspirations des jeunes professionnels – générations Y et Z – urbaines et technophiles. Priorité est donnée aux services (salle de sport, de co-working, « laundry », etc.), aux espaces partagés plutôt qu’aux espaces privés réduits à l’essentiel. Le co-living est donc un excellent révélateur des changements qui animent nos sociétés et dessinent les contours de l’immobilier de demain.

Mais le changement est beaucoup plus profond et général. Surtout, il révèle le besoin de voir émerger un immobilier qui répond, anticipe, est moteur de la transformation. Et les perspectives sont enthousiasmantes. Celles d’un immobilier inclusif, vecteur de socialisation et de mixité. Un immobilier qui tient compte de la transformation de l’entreprise et du mode de travail en intégrant, notamment, le recours de plus en plus fréquent au télétravail. Un immobilier qui offre des services vraiment utiles et utilisés, répond aux aspirations quotidiennes et citoyennes (accessibilité, crèches, etc.).

En parallèle, il convient de tenir compte de l’évolution du rapport des personnes avec le bien immobilier qu’elles occupent. Alors que plus de 10 % des Français déménagent chaque année, que la durée moyenne de détention d’un bien – 8 à 10 ans – tend à baisser, il convient d’accepter que le bien immobilier soit désormais un bien de consommation comme un autre. Une réalité qui est la traduction d’une mobilité choisie ou, plus souvent encore, une stratégie immobilière pour faire face aux prix élevés : acheter petit pour, progressivement, s’agrandir.

Dans ce contexte, les professionnels de l’immobilier ont une mission simple : imaginer – comme le fait, par exemple, la startup OWWI – un immobilier évolutif, capable de répondre et d’anticiper les changements de vie et de situation. Un immobilier capable d’imaginer, de se projeter mais aussi de s’inspirer de mouvements comme le Bauhaus qui, il y a un siècle, se posait des questions qui résonnent encore !


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