Comme des poisons dans l’eau… (suite)

Comme des poisons dans l’eau… (suite)

(Ce poste fait suite à celui que j’ai publié précédemment)

Face à l'accumulation de scandales liés à des décisions de direction de grands groupe ayant délibérément choisi en conscience de dissimuler, tricher et frauder, il est difficile de ne pas voir un effet systémique.

Dans quelle mesure notre monde tel qu’il fonctionne produit-il ces comportements criminels, asociaux en ce qu’ils nuisent au plus grand nombre pour favoriser les intérêts de certains.

Bien au-delà des cercles militants, des économistes ont pointé ces effets délétères.

Loin de moi l’idée de prétendre que toutes les entreprises trichent, mentent, dissimulent, et distribuent des produits dont elles savent sciemment qu’ils sont dangereux.

Mon activité professionnelle m’amène à être en contact quotidiennement avec des dizaines d’entreprises qui sont au contraire résolument engagées dans une démarche profondément éthique et responsable, dans une réflexion et des actions concrètes pour minimiser leurs impacts négatifs et contribuer à construire un monde meilleur. Force est de constater que ce sont en général des PME et des ETI, comme les quelque 230 entreprises de la Communauté CEDRE en région Sud-Paca.

Malgré toutes les dénonciations des pratiques trompeuses et criminelles des directions de nombreux grands groupes, les enseignements ne me semblent pas en être tirés.

Quand ils se font prendre, ces groupes s’en tirent avec des amendes dont le montant est souvent ridicule au regard de leur surface financière. Et même quand la somme semble importante, elle reste faible face aux bénéfices engrangés par les coupables.

En termes strictement financiers, dans ces conditions, tricher reste rentable.

Aussi, de manière très rationnelle, les mauvaises pratiques continuent : lobbying pour continuer à polluer et empoisonner, dissimulation toxique dénoncée par l’ONU, écoblanchiment, inaction climatique

Dans un contexte de concurrence exacerbée, la priorité donnée au profit financier à court-terme sous-tend ces pratiques, au détriment de valeurs qui, dites comme cela, semblent relever d’un autre monde : le respect (de l’humain, de la nature, des règles), l'équité (entre les différentes parties prenantes), la bienveillance, la dignité… Des valeurs qui sont pourtant la trame des organisations humaines, du contrat social qui nous permet de faire société.

Combien de scandales, de dizaines voire de centaines de milliers de morts, d’enfants nés malformés, d’atteintes gravissimes à la nature, à l’avenir de nos enfants, faudra-t-il encore pour que les pouvoirs politiques prennent des décisions à la hauteur des enjeux ? des malversations constatées et de leurs conséquences considérables ?

Que le contexte systémique, notamment par les lois, induise pour les acteurs fautifs un coût beaucoup plus important que le bénéfice qu’ils peuvent espérer retirer de leurs mensonges et de leurs dissimulations ?

On est encore loin du compte.

Les coûts à payer sont astronomiques pour traiter les problèmes résultant de ces comportements.

Il serait assez paradoxal que ce soit les États (donc l’impôt, donc les citoyens) qui en règlent la note : ce serait faire payer à la victime la conséquence de l’agression qu’elle a subie.

Étrange conception de la justice…

N’est-ce pas pourtant ce qui est en train de se passer ?

 

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