Comment devenir maman a boosté mon efficacité au travail

Comment devenir maman a boosté mon efficacité au travail

Avant, j'étais psychologue, entrepreneure, recruteuse, femme et jeune. Maintenant, en plus de tout ça je suis maman. Et ça a changé ma vie. Jusque là, rien de neuf en effet. Si vous avez des enfants, vous êtes passés par là donc vous savez. Si vous n'en avez pas, c'est quelque chose que vous entendez régulièrement chez ceux qui en ont. Des fois certains vous font même un peu peur : "Profite bien de ta vie avant hein, parce qu'après tout va changer ! Tu n'auras plus le temps de rien, tu ne pourras plus rien faire, finies les grasses matinées, bla bla bla"... Un coup à ne pas vous donner envie d'avoir des enfants. Alors oui, en effet l'arrivée d'un enfant ça bouscule votre vie, on ne va pas se mentir. Mais tout n'est pas noir, bien au contraire ! Et un des (nombreux) aspects positifs que je peux en tirer, c'est que je suis devenue ultra efficace au travail.

“A chaque enfant qui naît, le monde recommence.” Gilbert Bécaud

Une de mes amies m'avait vaguement parlé de ça lorsque j'étais enceinte, et je me suis trouvée à l'admirer, vraiment. Car toute ma vie, les stéréotypes sur les femmes, la maternité et le travail m'ont bercée. Je ne dis pas que c'est comme ça que j'ai été éduquée, mais la société nous plonge dedans. Je parlais dans cet article des questions interdites en entretien de recrutement, car jugées discriminantes, et de l'éternelle question "Vous avez des enfants ?". Car en effet, la crainte d'un employeur c'est qu'une maman soit absente car son enfant est malade, qu'elle doive partir plus tôt pour aller le récupérer à l'école / chez la nourrice / à la crèche, qu'elle ne s'investisse plus car elle fait passer sa vie de famille en premier, et qu'elle soit inefficace car elle pense toute la journée à ses enfants. En plus de ça, elle sera absente plusieurs mois à cause du congé maternité, voire plusieurs années si elle prend un congé parental d'éducation. Autant dire que le tableau décrit est très négatif. Même si je lutte activement contre la discrimination au travail et que je sais que ces scénarios ne sont pas véridiques, quand on a inconsciemment grandi là-dedans, il est facile de tomber dedans. J'avais donc du mal à croire que l'on puisse être plus efficace après avoir eu un enfant qu'avant, quand vous pouvez faire passer votre travail avant tout le reste (c'est toujours valable après, mais plus difficile je trouve !). Et puis je l'ai vécu.

Devenir maman en ayant son entreprise

J'ai accouché le 31 décembre (bonne année !), en période de forte activité. Ayant ma propre structure, même si j'avais une personne pour me remplacer et que j'avais pris un congé maternité, le jour précédent la naissance de bébé j'envoyais toujours quelques mails pour finaliser des dossiers. J'avais anticipé pour pouvoir profiter vraiment du congé maternité, mais quand on a sa boîte ce n'est pas toujours si simple. Les clients vous appellent vous, parce que c'est avec vous qu'ils aiment travailler, même s'ils savent que votre remplaçant fera aussi bien le job. Je me suis donc parfois trouvée à devoir vite ouvrir mon PC dès que bébé démarrait sa sieste pour pouvoir avancer sur certains dossiers urgents. Car au début, quand les rythmes ne sont pas établis, on sait quand ils s'endorment mais pas quand ils se réveillent ! J'ai donc vite optimisé le temps que j'avais.

A mon retour de congé maternité, je me suis retrouvée mélangée entre deux sentiments :

  • La culpabilité de laisser mon petit à d'autres personnes pour la journée (ce sentiment n'a pas duré quand j'ai vu à quel point il était bien avec les autres enfants !)
  • La liberté d'avoir ce temps pour moi sans crainte d'être dérangée par bébé qui se réveillerait et aurait besoin de moi alors que j'étais en plein milieu de la rédaction d'un compte-rendu pour un client.

J'ai choisi de me focaliser sur le deuxième sentiment, et de tirer le maximum de mes journées pour profiter au mieux de mes soirées avec mon petit bout !

L'état d'esprit

Dès le début de mon aventure d'entrepreneure, je me suis donné une règle : ne pas ramener de travail à la maison le soir et le week-end. Je peux finir plus tard le soir au travail, mais je ne ramène pas mon PC pour continuer à bosser en même temps que le film de 21h défile à la télé, et ma soirée avec. Exceptionnellement, cela m'est déjà arrivé évidemment. Un client demande un document à 18h pour le lendemain 8h... On n'a pas le choix ! Mais sinon, c'était hors de question pour moi. Quand je suis chez moi, je suis chez moi et pas encore à moitié au bureau. C'est ce qui m'a notamment poussée au tout début à prendre un téléphone portable professionnel, afin de pouvoir le couper le soir quand je rentre et déconnecter complètement du travail.

Depuis que je suis maman, cette règle est encore plus valable. Comme j'exerce un job qui prend beaucoup de temps et que par définition je n'ai pas d'horaires, quand je ne suis pas au travail, j'ai envie de vraiment profiter de ma famille. Je mets donc tout en oeuvre pour limiter l'impact de mon travail sur ma vie personnelle. Je n'imagine même pas être en train de bosser sur mon PC le soir à côté de mon bout de chou qui est en train de jouer sur son tapis avec ses jouets, et qui après une journée passée avec ses copains à la crèche, me regarde d'un air qui veut dire : "maman, j'ai envie de passer du temps avec toi !". C'est donc ce qui m'anime et me pousse à être efficace.

La gestion du temps

La première clef est donc d'organiser son temps. J'avoue que je n'arrive pas forcément plus tôt le matin au travail, parce que je gère l'intendance pour que bébé soit prêt pour partir avec papa à la crèche. On s'organise plutôt bien, mais j'arrive rarement au bureau avant 9h. En revanche, je sais que je devrai partir du bureau à 18h pour aller chercher bébé à la crèche. Là où avant, je pouvais tranquillement partir du bureau à 19h30 - 20h, ce n'est plus possible.

Evidemment, quand on fait du recrutement il n'est pas toujours possible de partir à 18h. Les candidats en poste sont disponibles pour échanger le soir ou entre midi et deux heures, et c'est là où il est important d'avoir quelqu'un (le papa, la soeur, la mamie) qui peut prendre le relais si besoin pour s'occuper de bébé le temps que l'on arrive. C'est un vrai travail d'équipe !

Ma journée est donc réduite par rapport à ce que je pouvais faire avant. J'organise donc mes rendez-vous différemment, je prends une pause plus courte le midi (mais je prends une pause quand même !), je planifie des moments sans rendez-vous pour avancer sur mes dossiers et ne pas me trouver prise de court. J'évalue plus précisément le temps que telle ou telle tâche va me prendre. Et je m'y tiens. Ne pensez pas que je sois devenue rabat-joie et que je ne fasse plus aucune pause dans mon travail (le thé et le carré de chocolat sont sacrés chez moi !) : c'est juste qu'elles sont moins longues. Du coup, je me suis rendue compte que j'en profitais plus : comme j'en fais moins, je savoure vraiment le moment où je peux me poser tranquillement pour recharger mes batteries et repartir.


Prioriser les priorités

Concrètement, on pourrait faire un article, un livre complet sur la priorisation des tâches (il en existe de très bons d'ailleurs !). C'est tout un art je l'avoue, mais je pense surtout qu'il n'y a pas de méthode miraculeuse. Il y a juste celle qui convient mieux à telle ou telle personne. En ce qui me concerne, j'ai au tout début commencé par optimiser ma façon de travailler : j'ai automatisé le plus possible de choses (les e-mails de refus de candidature par exemple, afin d'apporter une réponse à chaque candidat même si elle ne peut pas toujours être personnalisée), j'ai fait en sorte de sélectionner des outils de travail performants et qui me faisaient gagner du temps. J'ai réfléchi sur mes processus, et mené une vraie démarche qualité : où est-ce que je perds du temps ? Où est-ce que je peux en gagner ? Comment gagner du temps sans perdre en qualité ? Car en effet la qualité c'est ce que je mets en avant dans toutes mes missions, le fait de faire du recrutement de qualité et pas en quantité en n'étant qu'une "vendeuse de CV". Il me fallait donc gagner du temps sans perdre en qualité, un vrai challenge !

Le gros du travail est là, et c'est quelque chose qui s'est mis en place avec le temps, à mon retour de congé maternité. Ça découle directement du point précédent : comme j'ai moins de temps en journée pour accomplir ce que j'ai à accomplir, je ne peux pas tout faire. Je vais donc devoir prioriser. Il y a un premier temps où il faut accepter ça, parce que c'est quand même un renoncement : on ne va plus pouvoir faire tout ce qu'on faisait. On va devoir dire non, et tout le monde n'est pas prêt pour ça.

Car "choisir, c'est renoncer" - André Gide.

Il faut accepter de lâcher prise et que l'on ne pourra pas tout faire. Vous vous dites sûrement que c'est plus facile à dire qu'à faire, et je suis d'accord ! Mais il est essentiel de lâcher si on ne veut pas foncer droit vers le burn-out maternel (même si je suis convaincue que le burn-out paternel existe aussi). C'est une question de charge mentale après tout, vous savez, le fameux sujet dont tout le monde a parlé il y a quelques mois !

Après, chacun sa façon de prioriser. En ce qui me concerne, j'ai un tableau à côté de mon bureau avec 3 parties sur lesquelles je colle des post-it. Chaque post-it correspond à une tâche, et je l'enlève une fois la tâche effectuée. Les trois parties du tableau sont :

  • To Do : les post-it oranges, c'est ce qui correspond à l'urgent, à ce qu'il faut que je fasse rapidement. Si c'est ultra urgent, j'écris en rouge dessus afin de bien les repérer.
  • Ongoing : les post-it verts, ce sont les choses en cours qu'il faut que je fasse, pas tout de suite mais qui ne doivent pas attendre 6 mois. Je mets généralement des dates butoirs dessus.
  • Side Projects : les post-it jaunes, ce sont les projets à long terme sur lesquels je prends le temps de travailler quand l'agenda se dégage un peu. Comme l'écriture de cet article par exemple.

J'adore la dématérialisation et j'utilise de moins en moins de papier. J'ai donc essayé d'organiser ma gestion de tâches avec un logiciel mais je ne m'y suis pas vraiment faite. J'aime bien avoir les infos sous les yeux, et les post-it me conviennent particulièrement pour ça... Mais chacun a sa façon de fonctionner ! Pour moi c'est celle qui me correspond.

Et sur le fond aussi, j'ai réorganisé ma façon de faire : je n'accepte plus de projets où je sais que je vais passer du temps, que ça va me prendre beaucoup d'énergie pour peu de retombées (qu'elles soient économiques ou relatives à mon épanouissement personnel). Je fais des choses qui ont du sens, je m'affirme davantage... Parfois j'ai l'impression d'avoir gagné en sagesse. Devenir parent, ce serait donc devenir sage ?

Un vrai coup de boost

Ma vision des choses a aussi évolué sur un aspect auquel je ne m'attendais pas vraiment. Je n'ai pas naturellement l'esprit de compétition : ce qui me gêne dans la compétition, c'est le côté "égoïste" que cela induit : je pense à moi et à être le meilleur, et pas aux autres et au fait qu'ils seront considérés comme moins bons (et donc, que leur estime d'eux-mêmes peut être affectée si je gagne). Je ne suis pas du tout un requin. Peut-être à tort parfois, car je peux paraître trop gentille, mais je pense vraiment être profondément bienveillante. Quand je rencontre quelqu'un, j'essaie de voir comment je peut l'aider à être meilleur et à chercher le meilleur en lui, pas à l'écraser en étant meilleure que lui.

Mais cette vision des choses a un peu évolué quand je suis devenue maman : désormais, j'ai davantage envie d'être la meilleure, de faire toujours mieux ! J'avais déjà cette envie-là avant mais je n'osais pas forcément aller au bout. Comme si j'avais eu un gros gain de confiance en moi suite à l'arrivée de bébé, et que désormais je pouvais tout affronter. Au travail, cela s'est traduit ainsi : j'essaie volontiers des façons de faire différentes en sourcing, je me démène davantage en rendez-vous client pour convaincre mon client que mon approche est pertinente et que je peux faire la différence par rapport aux autres. Surtout quand le client m'annonce qu'il a déjà travaillé avec des cabinets de recrutement et qu'il a été extrêmement déçu ! Cela me donne encore plus envie de bien faire mon travail pour le satisfaire. Alors qu'avant, j'aurais peut-être davantage perçu la pression que ça induisait. Bref, j'ai encore augmenté mon positivisme.

Une raison de vivre

Au final, devenir maman m'a aussi donné une p****n de raison de vivre. Désolée de l'exprimer ainsi, mais c'est vrai ! Je ne dis pas qu'avant ma vie n'avait aucun sens, c'est faux. J'adore mon travail dans lequel je m'épanouis complètement, j'aime passer du temps avec ma famille, mes amis. Mais en devenant maman, j'ai eu cette impression que cette expression anglaise décrit exactement :

"When you find something you didn't even know you were looking for"

Quand on trouve quelque chose que l'on ne savait même pas que l'on cherchait, et qui nous manquait. Cette impression d'avoir trouvé cette partie de nous, dans notre vie qui est aujourd'hui tout simplement essentielle à nous, mais dont on ignorait l'importance. Très philosophique tout ça !

Au final, je ne veux surtout pas avoir cette réaction dans quelques années où je me dis (comme beaucoup !) que les années sont passées trop vite et que je n'ai pas vu grandir mon enfant. Alors je profite pleinement de chaque moment avec lui. En revanche, quand je suis au travail, j'y suis complètement. Je ne m'arrête pas toutes les 5 minutes pour penser à mon petit bout : j'arrive vraiment à me concentrer sur l'essentiel, à avancer vite et bien dans mes dossiers. Mais quand même, de temps en temps je regarde une petite photo de lui sur mon téléphone, et ça me donne un coup de boost pour repartir dans ma journée :)

Et vous, maman ou papa au travail, comment est-ce que ça a affecté votre vie ?

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Cathy DARRIEUX

Formatrice, Conseillère en Insertion Évolution Transitions Professionnelles, Chargée de recrutement et des relations partenaires

5 ans

Ni Entrepreneuse ni Maman...  Je tiens à vous remercier pour cette histoire, le récit de votre réalité, de cette belle aventure qu'est celle de créer sa petite famille, la plus incroyable pour une femme certainement.  Je me permets de partager...

Alison Caillé

Psychologue du travail - Consultante 💡 Docteure en Psychologie du travail et des organisations 🎓

6 ans

Merci Joaquina pour cet article ! Toujours une aussi belle plume et des mots inspirants.. 😊

Stephanie ARNOUX-PERROTIN

Directrice - Manager @ RUPTUR | Ingénieur généraliste, Gestion de projets innovants, New Business Development, Nouveau modèle économique, Environnement

6 ans

Merci joaquina pour ce post, nous avons vécu cette belle et bouleversante expérience de la vie à peu près en même temps .... Et ton retour d'expérience m'a fait écho même si je ne suis pas entrepreneuse ! 😉

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