Comment faire bouger le lecteur
Conseil à la dame qui a un joli nœud dans les cheveux : on ne sort pas du tableau avec un revolver pour dire au lecteur qu’il doit lire ce que vous avez écrit. Cela pourrait être mal interprété.
Conseil à tous les auteurs dont la prose est un filet d’eau tiède, une tambouille flasque et sans saveur ou un patchwork de bonnes excuses du type : Il se peut, On pourrait penser, Certains y voient, Sauf erreur, D’une certaine façon, Jusqu’à un certain point, Il n’est pas exagéré de, En même temps… Vous vous trompez de registre.
Avancer à reculons, s’excuser de demander pardon d’avoir quelque chose à dire, cela démontre que vous ne souhaitez pas vraiment que le lecteur croit à vos idées, loue vos services ou achète votre produit. Si vous avez quelque chose à dire, dites-le. Vite et fort. Prenez vos responsabilités et assumez vos choix
Les textes que nous écrivons dans un contexte professionnel sont toujours partisans. Laissez la neutralité aux documentaires de la BBC qui décrivent le sommeil des poissons rouges dans leurs aquariums.
Chacun de nos textes est une plaidoirie; nous sommes les avocats d’une cause que nous devons absolument gagner. Ne commencez même pas à écrire si vous n’êtes pas décidé à écrire le meilleur texte qui soit.
Vous risquez de rencontrer une opposition, un refus ? Tant mieux. Vous ferez mieux la prochaine fois.
Dans tous les cas, respectez l’intelligence du lecteur. N’oubliez pas que tous les jours de l’année, plusieurs fois par jour, quelqu’un essaie de lui vendre quelque chose. Depuis le temps, il est en partie immunisé. Ayez un bon dossier, des arguments qui tiennent la route, et ne tapez pas du poing sur la table.
Bien écrire, ce n’est pas seulement avoir une plume agréable, mais aussi bâtir une démonstration, la développer sans heurt et sans lourdeur pour que votre lecteur bouge dans le sens que vous souhaitez.
Comme aucune proposition n’est parfaite, vous allez en atténuer les défauts sans prétendre qu’ils n’existent pas, insister sur les qualités, mettre en valeur les conséquences positives. Nous parlerons une autre fois du plan à suivre pour rendre votre argumentation efficace, et de la différence entre convaincre et persuader.
Si votre texte est habilement ficelé, le lecteur vous accordera le bénéfice du doute et poursuivra sa lecture. Vous aurez gagné la première manche s’il achève la lecture de votre texte avec un sourire, en pensant : « Si no e vero e bene trovato ». Si ce n’est pas vrai, c’est bien trouvé.
Voilà votre lecteur sorti de sa torpeur, intéressé même. À partir de là et jusqu’à la fin du texte n’oubliez pas ce point capital : l’auteur est un transmetteur d’intensité.
Quand il aborde votre texte, le lecteur est amorphe, indifférent, voire hostile. Votre texte doit éveiller son attention, susciter son intérêt. Vos phrases, votre style, sont donc bien des transmetteurs d’énergie : cette énergie doit passer dans le lecteur et mettre son cerveau en mouvement.
Votre responsabilité est de faire en sorte que cela continue. Il faut maintenir votre lecteur « dans le rythme » que vous avez donné au texte. Soutenez-le, entraînez-le, portez-le s’il le faut!
Car si le voltage baisse, la lumière que produit votre texte diminue, le lecteur baille et s’endort. Dans ce cas, tout sera à recommencer.
Réveillez votre lecteur.... et bonne chance pour la suite.
Voir mes autres articles sur www.ecrirecvendre.com
vous...
6 ansUn texte qui se vend bien, mais qui tue tout le monde. ça remet tout le monde à sa place. Sauf erreur, lol.
Medico.
6 ans"l’auteur est un transmetteur d’intensité.".. . En efecto Muy interesante observación . Saludos