Comment le consultants réchauffent la planète
Les mises en garde du GIEC se font de plus en plus précises et insistantes. Le réchauffement climatique sera très certainement supérieur aux 2° considérés comme un maximum acceptable pour le maintien de l’équilibre des écosystèmes ; les effets s’en feront sentir de plus en plus, et de plus en plus rapidement. Elévation du niveau des océans, désertification, pénurie d’eau douce, baisse de fertilité des terres cultivables, appauvrissement drastique de la biodiversité. Une discipline nouvelle, la collapsologie, tente d’en prévoir les conséquences pour l’humanité. Le scénario tenu pour le plus probable est sa disparition, ou une quasi disparition, dans un délai de quelques décennies.
Cette évolution catastrophique pour le devenir de l’espèce humaine constitue une résultante de ses activités industrielles au cours des deux derniers siècles. Des activités portées par deux principes célébrés par la Philosophie des Lumières : la liberté du commerce et le droit de propriété. La sacralisation de ces deux principes a en effet débouché sur l’invention de l’économie politique en tant que discipline autonome, sur la présentation de la recherche de l’intérêt individuel comme moteur des comportements humains, et sur la poursuite de la croissance économique en tant que fondement de la prospérité matérielle, condition du bonheur humain. Tout ceci étant dit en résumé.
De là un modèle d’une extrême robustesse : à l’échelle mondiale, les entreprises s’efforcent de trouver des occasions de rentabilité, donc à ouvrir ou développer des marchés, donc à persuader les consommateurs qu’il leur faut acheter, et ceci en travaillant afin de se procurer les ressources qui leur permettront d’acheter si possible encore plus. Les habitudes de consommation se trouvent ainsi aiguillées dans le sens souhaité par les entreprises, lesquelles privilégient clairement leur avantage à court terme sur les conditions de la survie de l’humanité.
Cette logique se pare souvent de nobles intentions. Le souci de « développement durable » et la « responsabilité sociale de l’entreprise », souvent mis en avant, n’interviennent pourtant que dans la mesure où elles y voient un avantage en terme de rentabilité ou d’image (ce qui revient au même). Il en va de même du souci d’amélioration de la « qualité de vie au travail ». Il s’agit là d’une logique qui s’appuie sur un dispositif juridique qui donne la priorité au droit de propriété, fût-ce au détriment des communs, et ceci indépendamment de la bonne volonté souvent manifestée par les acteurs. Quant aux pouvoirs politiques, ils sont à peu près impuissants, que ce soit au niveau national ou au niveau international, face aux puissances ploutocratiques fondées sur l’impératif chrématistique.
Dans ces conditions, les consultants en management, en assistant les entreprises afin qu’elles soient plus « performantes » sans considération pour leur finalité et pour ses conséquences globalement dommageables pour la planète et en fin de compte mortifères pour l’humanité, se font les complices du proche anéantissement de celle-ci.
Ceci à moins que…
Hubert Landier
Directeur Marketing et Senior Manager
5 ansParfaitement en phase. Merci Hubert Landier